Y ont pris part entre autres, Jacques Létourneau, président de la CSN et Daniel Boyer, secrétaire-général de la FTQ, Régent Parent, ancien président de la CSQ, Guy Rocher, et Nicole Boudreau, ancienne porte-parole des Partenaires pour la souveraineté. François Saillant a fait un plaidoyer des plus intéressant expliquant que le moment où on s’est rapproché le plus de la souveraineté lors du référendum de 1995, correspondait à un projet de société plus progressiste sous l’angle du changement. « À l’époque des Partenaires pour la souveraineté on avançait la question du progrès social. »
Gabriel Nadeau-Dubois a quant à lui marqué la fin de semaine par un discours vibrant où il concluait que : « Tant que question nationale et justice sociale ne seront pas abordées de front, nous n’aurons ni justice ni indépendance », ajoutant qu’une « réelle » indépendance n’est possible que si l’on questionne notre « régime productiviste et énergivore ».
Guy Rocher a d’abord expliqué que les divers courants souverainistes ont pu cohabiter au sein d’un même parti, le PQ : « Mais le temps a fait son œuvre, un seul parti ne peut plus être le seul porteur de la cause indépendantiste. Aujourd’hui il y a trois options, c’est un signe de santé démocratique mais en même temps cela comporte le danger de retour du PLQ au pouvoir poursuffisamment longtemps pour miner le projet indépendantiste et ancrer le Québec dans le Canada dans le but d’en faire une province comme les autres. D’où la nécessité de développer des stratégies nouvelles avec on l’espère les trois partis. » Il a enfin conclu dans ces termes : « La mondialisation a changé la donne. Ce n’est que dans un Québec indépendant qu’on pourra adopter une véritable politique linguistique qui ne dépendra plus des tribunaux canadiens. On pourra se doter d’une politique d’immigration dans un contexte politique enfin clair et sans ambiguïté et mettre sur pied une francophonie laïque et respectueuse des cultures. La réalisation de ce projet a déjà trop tardé, il ne faut plus en reporter l’échéance. Nous avons connu trop d’échecs, le temps sera trop défavorable si nous n’agissons pas maintenant. »
Le caractère d’urgence est un thème récurrent. Depuis des décennies à chaque élection, les voix du raccourcis nous répètent qu’il y a urgence. Depuis plus de trente ans l’heure n’est jamais à la réflexion ni au bilan social, ce qui a pour effet d’entretenir la confusion plutôt que de dégager des voies mobilisatrices. En effet ne devrait-on pas poser la question de la gouvernance souverainiste et du caractère anti social des politiques du PQ comme un élément qui mine également le projet indépendantiste ?
Joseph Facal répond que l’élection d’un gouvernement péquiste minoritaire n’a aucun effet d’entrainement positif pour la cause souverainiste et que la division du vote entre trois formations souverainistes fait le jeu des libéraux. Cela conduit nombre de d’entre eux à envisager la question des pactes électoraux.
Selon lui cette option est peu viable d’une part à cause de la difficulté de réussir un minimum d’entente programmatique entre les partis, et d’autre part parce qu’il n’y a aucune garantie du report des intentions de vote d’un parti sur un autre. Il place donc peu d’espoir dans les calculs partisans à court terme.
« Il y a donc peu d’espoirs dans les calculs partisans, ajoute-t-il. Même s’il n’y a pas de retombées électorales à court terme il faut construire et développer une force citoyenne. Mais il ne faut pas confondre détermination et radicalisation. L’emphase mise sur l’écologisme, sur la redistribution de la richesse, a fait passer au second plan les vrais moteurs du combat national ; qui sont le patriotisme qui transcende les clivages sociaux économiques, la fierté collective, l’identité nationale, le désir de durer. »
De quel patriotisme veut-il parler ? De celui qui nous dit que nous devons mettre de côté les revendications sociales ? Qui veut abandonner nos richesses aux multinationales ? En défendant son projet, Joseph Facal aura toutefois réussi à exprimer l’impasse objective de l’idée des ententes électorales sans rapprochement programmatique.
Dans un autre registre les déclarations de Bernard Landry auront été étonnantes. Il a indiqué que le PQ n’a plus le monopole de la souveraineté. Une avancée par rapport à l’hégémonie que ce parti a toujours revendiquée. Les débats entourant l’accession à la souveraineté ont également démontré qu’une nouvelle porte vient définitivement de s’ouvrir. Pour la première fois depuis des lustres, un mouvement citoyen débat et adopte une politique qui rompt avec la stratégie traditionnelle référendaire et favorise un processus basée sur une assemblée constituante citoyenne.
Le congrès de Convergence a également adopté une politique qui vise à favoriser l’émergence d’un mouvement citoyen pour la souveraineté indépendant des partis politiques. En ce sens il a adopté une proposition visant à proposer au Conseil de la souveraineté de changer sa structure pour en faire un mouvement plus intégrateur des groupes citoyens et où les partis politiques n’auraient que le statut d’observateurs.
La question de la réforme du mode du scrutin a également été adoptée : « Que l’assemblée nationale adopte le plus rapidement possible un élément de proportionnalité à redistribution régionale du mode de scrutin électoral visant à mieux refléter l’appui populaire aux partis et à respecter le pluralisme politique. » D’autres propositions ont également été adoptées qui rendent malheureusement un peu confuse la façon de procéder, comme celle de soumettre la proportionnelle à un référendum.
Mais cela n’est pas le fruit du hasard. L’unité des souverainiste est une négation en soi du caractère de classe et des intérêts sociaux défendus par le Parti québécois opposés objectivement à ceux de la population. Les politiques appliquées par le PQ ne sont-elles pas similaires à celles du Parti Libéral ou de la CAQ ? Comme le disait récemment Gabriel Nadeau-Dubois, le PQ va plus lentement mais dans la même direction.
Le congrès a donc adopté une résolution demandant de procéder à une étude sur les scénarios possibles des primaires et de mettre sur pied un consortium non partisan souhaitant travailler à la convergence électorale des partis indépendantistes.
La discussion concernant la possibilité d’une plate-forme politique commune, a également indiqué à quel point la résistance des partisans de l’idéologie péquiste est forte. Une proposition visant à ajouter la question de la défense des services publics et du rôle central de l’État a été battue en atelier. Il ne faut pas nous diviser, on verra ça après l’indépendance. En fait on entendait, il ne faut pas nuire à l’élection du PQ.
Michel David, dans sa chronique du 28 mai est tombé dans le même piège en utilisant en plus des raccourcis. Selon lui l’enjeu est de battre les fédéralistes, il indique que la formule des primaires favoriserait surtout une dynamique axée sur la question nationale, alors que QS privilégie l’axe gauche-droite. Force est de constater que la question nationale n’apporte pas de dynamisme en ce moment. Au contraire toutes les lois antisociales adoptées par le PQ ont fini par identifier l’idée de la souveraineté aux projets d’austérité du PQ. Au surplus la question nationale, limitée aux questions linguistiques et identitaires ne ralliera jamais la majorité de la population du Québec. Reste donc la question de l’élection du PQ en soi face aux libéraux et la CAQ. À ce niveau, le moins qu’on puisse dire c’est que le gouvernement Marois gère de la même façon.
Malgré toute cette confusion, et c’est probablement là le tour de force, s’est amorcé une réflexion qui permet d’aller de l’avant et qui ouvre de nouvelles avenues. De toute évidence la direction péquiste y voit une menace à son hégémonie. Les déclarations du ministre Bérubé et son refus de concevoir une réforme du mode du scrutin de même que celles du président du PQ Raymond Archambaut sur les ondes de Radio-Canada à l’émission de Micjel C. Auger le lendemain du congrès, réaffirmant que le PQ est la seule option souverainiste démontent qu’ils en sont conscients. Pour eux le mouvement souverainiste se résume à être un instrument électoral.
Québec solidaire a pour sa part été présent tout au long des délibérations et a apporté sa contribution en expliquant que si la question des alliances électorales est impossible parce qu’elle fait l’économie du débat de fond sur les questions programmatiques et sociales. Par ailleurs l’unité dans l’action pour la construction d’un mouvement citoyen pour la souveraineté, et la réforme du mode du scrutin sont certainement des enjeux qui feront avancer la transformation sociale et la lutte pour la souveraineté.