Édition du 17 décembre 2024

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Féminisme

Contre les violences vécues par les femmes dans le logement

Dans le cadre de la 35e Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes, un collectif d’organisations lance une campagne contre les violences sexuelle vécues par les femmes dans le logement. Le 16 septembre, elles ont laissé devant la Tour de la Bourse où Martin Coiteux, ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire responsable de l’habitation, a ses bureaux, des messages pour attirer l’attention du gouvernement sur cet enjeu.

« La violence sexuelle faite aux femmes est un drame encore trop présent aujourd’hui. Et malheureusement, le gouvernement ne prend pas suffisamment la situation au sérieux. Cela fait près de deux ans que nous attendons la mise en place d’un troisième Plan d’action gouvernemental en matière d’agression sexuelle alors que le dernier est échu depuis 2013 », s’insurge Dominique Raptis, intervenante sociale au CALACS de l’Ouest-de-l’île.

La réalité des femmes victimes de violence dans leur logement est particulièrement invisibilisée alors que ces actes se perpétuent dans des espaces privés. Plusieurs femmes rencontrées par les organisations qui mènent la campagne dénoncent des entrées par effraction, des tentatives d’extorsion ou du chantage pour obtenir des rapports sexuels, du harcèlement, des menaces et des agressions sexuelles. « Les propriétaires, concierges ou gestionnaires d’immeubles qui abusent de leur pouvoir profitent de la vulnérabilité des femmes, souvent parce qu’ils savent qu’elles n’ont pas les moyens de déménager. Tant la loi du silence que la pauvreté contraignent les victimes à se taire, par peur de perdre leur logement », dénonce Marie-Ève Desroches, militante au Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal.

L’objectif de la campagne est d’obtenir des avancées tangibles. « Parmi les solutions concrètes que nous proposons au gouvernement, il serait assez simple de modifier le formulaire de bail pour que les locataires connaissent mieux leurs droits. Le prochain Plan d’action gouvernemental en matière d’agression sexuelle devrait également reconnaître la gravité du problème et contenir une campagne publique de sensibilisation. Finalement, il est inacceptable que la liste des infractions donnant droit à l’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) n’inclut pas le harcèlement criminel et les menaces. Cette liste doit être revue et l’IVAC doit permettre d’assumer les frais de résiliation de bail et de déménagement lorsqu’une femme est victime de violence », explique Marie-Ève Lemire, coordonnatrice du Comité logement Montréal-Nord et administratrice du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

La campagne comptera une pétition en ligne sur le site de l’Assemblée nationale (il y a aussi une version à faire circuler en format papier), une déclaration à laquelle les organisations sont invitées à souscrire et diverses actions d’éclat et de sensibilisation. Elle culminera par la présentation officielle des appuis obtenus, le 6 décembre prochain, Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.

La démarche est appuyée par Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques et marraine de la pétition à l’Assemblée nationale. « Il est temps qu’on agisse pour ces femmes qui vivent dans la terreur au quotidien et qui n’ont pas d’espace sécuritaire de répit, pas même entre les quatre murs de leur logement. Elles peuvent être fières d’elles aujourd’hui, elles reprennent du pouvoir sur la situation en rappelant au gouvernement ses responsabilités en matière d’agressions sexuelles. Pendant qu’on attend le plan d’action, la souffrance de ces femmes, elle, ne prend pas de pause », lance la députée solidaire.

> Voir des photos du lancement de la campagne.

Signataires

Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l’Ouest-de-l’île

Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal (CÉAF)

Comité logement de Montréal-Nord (CLMN)

Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF)

Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)

Réseau Solidarité Itinérance du Québec (RSIQ)

Source : CÉAF, 16.09.2016

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