Édition du 17 décembre 2024

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Construire une Alliance contre Macron et son monde

Résolution adoptée par le Collectif national d’Ensemble le 22 septembre 2019

La question-clef qui détermine les alliances durables entre organisations politiques demeure l’acceptation ou le refus actif des politiques libérales ou social-libérales, et leurs déclinaisons écologiques.

tiré du site du groupe Ensemble

1- Le pouvoir Macron est conscient de sa fragilité

L’insistance de Macron sur un « acte 2 » du quinquennat révèle, au-delà de la communication, une certaine lucidité sur la fragilité du système de pouvoir. Celui-ci doit sa résilience à l’absence d’une alternative de gauche et écologiste. Et aussi dans les difficultés du mouvement syndical et social à s’unir nationalement et formuler des projets convergents.

Conscient des difficultés, Macron a décidé de bouleverser son calendrier en remettant au centre du débat public la question générale de « l’immigration », et d’installer un duel mortifère Macron-Le Pen en prévision de 2022, forçant cyniquement toutes les forces politiques, de gauche comme de droite, à se positionner. Ce choix qui veut faire à nouveau de la question de l’immigration et des migrants une question identitaire, peut avoir des effets délétères très graves si une riposte politique ne parvient pas à le combattre.

La situation appelle donc à un véritable « sursaut » pour riposter à cette stratégie globale, avec des cadres collectifs pour l’action, pour relever les défis à gauche et dans l’écologie politique, pour la formulation des projets, pour faire vivre l’aspiration démocratique très forte.

2- Construire une Alliance pour l’action

Depuis fin 2018, et au printemps 2019, les mobilisations des Gilets jaunes, doublées des mobilisations sur le climat, ont bouleversé la situation. S’y ajoute la portée universelle du mouvement féministe ravivé mondialement. Ces luttes bouleversent les méthodes du mouvement syndical ou des associations, les répertoires d’action jusqu’ici en vigueur.

a) Une perspective d’Alliance des forces de lutte est nécessaire, tout en respectant l’indépendance de chaque mouvement. Les Gilets jaunes, les syndicats, les collectifs écologistes, les mouvements féministes et antiracistes, peuvent se soutenir mutuellement, voire définir des moments communs avec des plates-formes discutées. Une sorte de Forum des luttes pourrait être envisagé.

b) Les Gilets jaunes : le mouvement peut se pérenniser autour d’un approfondissement de son enracinement local, de son organisation démocratique, avec un processus confirmé d’assemblées locales et nationales, et l’adoption d’exigences précises et partagées.

c) Le mouvement écologiste peut progresser dans deux directions :

 La mise en place d’un cadre démocratique et transparent pour les décisions d’action ;
 L’élaboration de mesures d’urgences précises, dans une sorte de « plan » d’action articulant le social et l’écologique.

La situation nécessite aussi de prendre position sur la mise en place, suite au « grand débat », d’une Assemblée par tirage au sort. Cette expérience, malgré ses ambiguïtés, mérite un débat sérieux sur la question démocratique.

d) Mouvement féministe :

 Dans la préparation des dates de lutte (l’échéance traditionnelle du 25 novembre aura lieu en France le samedi 23 novembre), notamment sur les violences et les féminicides, il convient de mettre en avant des exigences de services publics du logement et de centres d’hébergement de femmes en détresse et menacées ;

 Dès maintenant, la préparation du 8 mars 2020 a démarré (qui tombe un dimanche), regroupant toutes les associations et syndicats dans un cadre commun, et un appel à construire partout des collectifs locaux de préparation.

e) Le syndicalisme est à la croisée des chemins. Il y a une nécessité vitale de sortir des sentiers battus, de prendre des initiatives montrant une volonté d’unité, de lien avec tous les mouvements sociaux, et de rassemblement structurel permanent des syndicats défendant une approche convergente (CGT, Solidaires, FSU, FO…). Il en va de son avenir.

f) Mouvement pour l’accueil des migrants, mouvement antiraciste. La poursuite des mouvements de migrations (guerres, crises sociales) et la décision de Macron de faire de « l’immigration » une question centrale (avec des menaces immédiates sur l’AME) doit renforcer notre activité dans les collectifs de solidarité. D’autant plus qu’il existe dans la population une disponibilité confirmée à agir pour un accueil digne dans des cadres d’auto-organisation, alors que les exilés continuent à arriver. Deux procès des personnes solidaires sont en cours (2 et 24 octobre à Grenoble). A noter (et à commander) la brochure très complète sur les droits qui vient d’être éditée par Ensemble ! : « De l’air ! Ouvrez les frontières ! ».

Par ailleurs, un front commun des mouvements antiracistes est plus que jamais nécessaire (cf : le document d’orientation générale adopté par Ensemble !). L’amorce d’auto-organisation dans les quartiers populaires et les banlieues (cf : l’affirmation du comité Adama) sont également à prendre en compte et à soutenir.

g) Les thèmes d’actions, les propositions :

* Imposer le référendum contre la privatisation d’ADP : La campagne peut être victorieuse autour de l’idée : c’est à la population de décider souverainement. Il convient de rendre le plus visible possible le collectif unitaire national, et de démultiplier les initiatives militantes pour aller chercher les signatures en accompagnant toutes les luttes sociales et toutes les occasions de rassemblement populaires. Et ainsi de combiner sans tension les initiatives parlementaires incluant des forces de droite et des initiatives indépendantes situées dans le camp de la gauche et du syndicalisme.

* Les retraites : un défi stratégique

L’extension du délai de « concertation », et une certaine hésitation dans le dispositif gouvernemental (âge pivot…) pourraient ouvrir des brèches pour agir.

Pour être victorieuse ou faire reculer le pouvoir la riposte nécessite :

 de faire de cette question un enjeu de société, politique au plein sens du terme, contre la retraite par points, contre l’allongement de durée de cotisation : réseaux sociaux, débats publics, appels, propositions communes de forces de gauche et écologistes. Dans cette optique, Ensemble adressera une lettre de propositions aux forces politiques.

 de rendre visible un contre-projet basé sur la socialisation du salaire, la garantie d’un taux de remplacement élevé (prestation définie), l’égalité professionnelle et salariale femmes/homme, et des pas en avant vers un régime général unifié vers le haut, alternative à l’universalisation libérale de Macron.

 de s’appuyer sur les mobilisations professionnelles déjà en cours (RATP…).

 d’être en capacité de cibler quelques mesures autour desquelles la lutte globale peut s’unifier : par exemple un taux de remplacement élevé et garanti, l’égalité salariale femmes/hommes, etc.

* Les droits des chômeurs : Pour empêcher leur isolement interprofessionnel, il faut faire en sorte que la question des droits des chômeurs et celle des retraites convergent. A certains égards, les problématiques sont les mêmes : une sécurité sociale universelle. Il convient donc de rester actif dans les Collectifs Unédic, nationalement et localement. Et là aussi de rendre visibles des mesures alternatives autour du droit à l’indemnisation par le salaire de toutes les formes de chômage.

* Services publics : alors que des luttes se développent (urgences hospitalières et santé, ADP, EDF, finances publiques, trésoreries et zones rurales, poste), nous confirmons notre activité suivie au sein de la Convergence nationale de défense des services publics et de ses collectifs locaux, qui a lancé au printemps 2019 une campagne nationale prolongée.

* Répression, droits démocratiques : face à un Etat de plus en plus autoritaire, violent et répressif, ce qui est consubstantiel au néolibéralisme, il convient de favoriser la mise en place d’un cadre national social et politique pour le respect des libertés démocratiques et l’interdiction des armes létales de la police.

* Exigences démocratiques : élaborer une réponse à l’exigence démocratique puissante par un corps de propositions articulant la démocratie issue de l’auto-organisation sociale et la démocratie politique active.

3- Le rôle des forces politiques dans la construction d’une alternative :

La construction d’une alternative majoritaire pour l’émancipation devra combiner les propositions politiques venant des acteurs-trices sociaux et citoyens et celles venant des forces politiques organisées. La responsabilité propre des organisations politiques n’en est que plus grande.

Il est indispensable que les débats stratégiques nécessaires ne débouchent pas sur des concurrences exacerbées, des refus de fronts communs (y compris lors d’échéances électorales) dès lors que des convergences se constatent souvent dans les luttes.

La question-clef qui détermine les alliances durables entre organisations politiques demeure l’acceptation ou le refus actif des politiques libérales ou social-libérales, et leurs déclinaisons écologiques.

Il convient pour Ensemble ! d’œuvrer à la mise en place de cadres démocratiques communs d’élaboration et d’action, de propositions communes co-construites entre les courants politiques et des forces sociales et citoyennes (et non pas des cartels), à la suite des « appels » divers (Big Bang, Convergeons, Sursaut, appels de syndicalistes…). Cette politique comporte une dimension nationale, mais se décline partout sur les territoires.

4-Initiatives propres d’Ensemble :

 Réussir l’Université d’automne 2019.

 Progresser dans l’élaboration des commissions thématiques, dans la mise à disposition de moyens de communication : tracts ou autocollants.

 Organisation d’une journée d’étude sur retraites et assurance-chômage : proposition le 12 octobre. L’objectif est d’éditer un bulletin.

 Préciser un plan national de priorités et de mesures sur le climat et la biodiversité (à discuter avec la commission écologiste).

 Une journée d’étude sur la situation internationale (à discuter avec la commission internationale) et confirmation du voyage d’une délégation nationale d’Ensemble en Algérie dans les prochains jours.

 Suivi du travail européen de participation au PGE.

 Elaborer des propositions pour une rupture démocratique : renforcement de l’activité du groupe de travail, notamment en prévision de l’Assemblée générale d’Ensemble.

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