La société actuelle repose en grande partie sur deux piliers enchevêtrés : le mode de production capitaliste et le mode de production patriarcal (ou domestique). L’extorsion du travail – salarié ou non – en est un fondement. Si l’une profite aux capitalistes, l’autre opère au bénéfice des hommes. Le travail domestique est à la fois une manifestation flagrante de l’inégalité entre les sexes et un défi pour les stratégies d’égalité, car l’action militante y trouve souvent sa limite. En effet, le « partage inégal » des tâches domestiques – un oxymore qui signifie l’absence de partage – ne semble pas contraint, mais le résultat d’arrangements à l’amiable entre deux adultes libres. Or, dès que deux personnes de sexe différent forment un couple et vivent ensemble, la quantité de travail ménager fait par l’homme diminue tandis que celui de la femme augmente. Et le travail gratuit est l’exploitation économique la plus radicale.
En ne voyant d’exploitation que là où il y a plus-value, la théorie marxiste, qui se voulait de libération, a produit des concepts qui rendent non seulement mal compte de l’exploitation salariale, mais qui sous-estiment également les autres types d’exploitation (domestique, esclavage, servage). Le mode de production capitaliste, dans la mesure où il sert le mode de production patriarcal, n’est pas purement capitaliste, il est également en partie patriarcal. D’où la nécessité de revisiter la théorie marxiste au moyen d’une théorie générale de l’exploitation.
Table des matières
Préface Mélissa Blais et Isabelle Courcy
Première partie
Par où attaquer le « partage inégal » du « travail ménager »
Deuxième partie
Pour une théorie générale de l’exploitation
1. En finir avec la théorie de la plus-value
2. Repartir du bon pied Références
L’auteure
Une des féministes les plus importantes et influentes. Cofondatrice de la revue Nouvelles Questions féministes, la sociologue militante et auteure Christine Delphy a innové dans le domaine de l’épistémologie et de la sociologie de la connaissance en approfondissant le féminisme matérialiste.
Coédition avec Syllepse (France) m.editeur@editionsm.info
En librairie le 3 mars 2015
Personne ressource : Richard Poulin