Tout se passe comme s’il était dans la nature d’Haiti de plonger dans la spirale des turbulences et du désordre. Les causes profondes du « chaos » ne sont pas mises en lumière, l’information reste à la surface des choses se contentant du constat. Ainsi, rien n’est dit sur la lutte que mène la population haïtienne pour justement accéder à la démocratie depuis maintenant trois ans contre le gouvernement illégitime, illégal et inconstitutionnel de Jovenel Moise. Rien n’est dit sur le caractère autoritaire du pouvoir en place en Haiti qui gouverne par décret, a rendu caduc le parlement et dysfonctionnel le pouvoir judiciaire en nommant contrairement aux prescrits de la constitution trois juges de son choix à la Cour de Cassation.
Il est également passé sous silence la complicité du gouvernement de Jovenel Moise avec les gangs armés qui terrorisent la population. Connivence, que les organisations des droits humains ont maintes fois dénoncée. Les conseillers de Jovenel Moise dont un Mathias Pierre, invité par les médias canadiens, fait passer pour un banditisme courant lié à la misère, au dénuement de la population celui que l’on rencontre actuellement en Haiti, alors qu’il s’agit d’un banditisme d’État.
Il est enfin tu le rôle que joue la communauté internationale, dont le Canada, dans le maintien de la crise puisqu’elle soutient le pouvoir autoritaire, illégal et inconstitutionnel de Jovenel Moise, exigeant de ce gouvernement une seule chose : l’organisation d’élections, pour respecter l’alternance politique, alors que l’électorat haïtien est captif des gangs dans les quartiers populaires et sur une bonne partie du territoire haïtien et que la population haïtienne manifeste son refus d’élections dans ces conditions.
Autre élément de ce narratif : C’est l’opposition haïtienne et le pouvoir de Jovenel Moise qui sont en conflit et qui n’arrivent pas à dialoguer. Il est occulté que l’opposition haïtienne ne fait que relayer les revendications de la population haïtienne et de la société civile et que le dialogue voulu par la communauté internationale depuis tantôt trois ans est rendu impossible. Plusieurs tentatives ayant d’ailleurs piteusement échoué à cause de Jovenel Moise qui appelle au dialogue tout en faisant toutes les mises en place pour l’édification d’une dictature et pour maintenir le PHTK, son propre parti, au pouvoir.
Autre élément de ce narratif enfin, consiste à orienter l’opinion canadienne en ne donnant la parole qu’aux acolytes du PHTK, le consul d’Haiti, Mathias Pierre et consorts sur la situation en Haiti. Ainsi, les Haïtiens et Haïtiennes, les peuples québécois et canadiens ne connaissent que la vision officielle de la situation en Haiti, celle de la société civile, de la population haïtienne et des organisations haïtiennes de la diaspora au Canada est passée sous silence.
Il faut enfin que les médias d’ici comprennent que ce qui a lieu en Haïti c’est une crise créée par un pouvoir illégitime qui n’entend pas répondre aux revendications de la majorité de la population en demande de sécurité, de justice, de transparence dans la gestion de la chose publique, de droits et de liberté et aussi ajoutons de pain.
Le pouvoir en place maintient la crise en l’état en instrumentalisant la police nationale qui travaille à la répression des aspirations légitimes du peuple haïtien. C’est une crise maintenue en l’état par une communauté internationale, jusqu’au-boutiste, dont : les Nation- Unies, l’OEA, les États -Unis, le Canada et l’ Union Européenne, qui n’envisagent aucun changement de stratégie pour permettre une sortie de crise dans l’intérêt du peuple haïtien et qui entend, bureaucratiquement, respecter son agenda.
Ce que les médias canadiens et québécois doivent finalement comprendre , c’est que la population haïtienne est prise en otage par le pouvoir de Jovenel Moise, les gangs qui lui sont affiliées et la communauté internationale, ce qui rend plus difficile pour elle de faire triompher ses aspirations légitimes en faveur de la démocratie et le changement et qu’il ne lui reste, aujourd’hui, aucune marge de manœuvre sinon la violence, qui finira par éclater si rien n’est fait pour l’éviter.
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