Car c’était très syndical en effet. Toutes les centrales et regroupements sectoriels se sont entendus pour mettre le paquet. Essayez de mettre 100 000 personnes dans la rue une fois ! Vous verrez ce que cela représente. Et bien on l’a fait.
Cela aurait été encore plus impressionnant si la citoyenneté, ou la multitude si vous voulez, était venue dans la rue, comme cela s’est passé dans les grands moments du printemps de 2012. Mais en fin de compte on n’était pas rendus là. Il faut quand même noter qu’il y avait de gros contingents de militant-es du mouvement étudiant et des groupes communautaires. Mais, faut-il le souligner, il y a une accumulation importante, surtout si on tient compte qu’il n’y a pas seulement les grosses manifs nationales, mais un tas d’actions locales et sectorielles (comme la semaine passée avec les gens du secteur municipal et les profs de cégep).
Une fois dit cela, il faut garder son souffle, car le mur des dominants reste épais et haut bien que, devant la force de la mobilisation, on voit des fissures. Le gouvernement a beau jouer le vieux duo good cop/bad cop, il y a de sérieuses contradictions entre le noyau dur de la réingénierie et la députation libérale préoccupée d’abord et avant par leurs petits minables intérêts. Dans les villes et les régions rurales, les clowns qui agissent en tant que députés » commencent à crier au secours. Cela permet à Couillard de reculer ou de faire semblant de le faire, en allégeant les côtés les plus massacreurs de sa stratégie, quitte à préserver sa substance.
En même temps, cela laisse un air de nonchalance, de non-professionnalisme, comme si le gouvernement improvisait sans avoir un plan de match. Mais qu’en est-il vraiment ? Par chance, le PLQ a devant lui un PQ totalement disloqué.
La bonne nouvelle : c’est une occasion pour le camp populaire d’utiliser ces fissures pour agrandir sa force et son projet contre-hégémonique.
Cependant, il faut savoir que des fissures, il y en a dans notre camp aussi. Les petites manigances du PQ et de Couillard peuvent en partie affaiblir la détermination de certains syndicats qui pourraient se démobiliser devant les pseudo compromis qui seront offerts, comme sur la question des retraites notamment. Les syndiqué-es vont rester très fâchés, mais on ne sait pas si leurs organisations qui ne sont pas trop habituées à une bataille de longue durée vont continuer.
Autre point à améliorer même s’il y a eu des progrès ces derniers temps : il faut renforcer le message à l’effet que cette lutte n’est pas la lutte de certains groupes pour protéger leurs droits acquis, mais une lutte globale contre un projet global qui attaque le 99%... On se répète, mais il ne faut pas oublier : c’est un marathon, pas un sprint.
Cette semaine, les mobilisations continuent au niveau local et sectoriel, dans les garderies et dans la santé notamment. Il est certain que les actions visibles vont décliner à l’approche des fêtes, mais ce qui est peut-être le plus important est ce qui se passe loin des yeux à travers le travail de « fourmi » qui est entrepris pour maintenir le mouvement populaire aux aguets. Au retour de 2015, il est probable de voir apparaître un calendrier des grandes mobilisations à venir, sans que ne soit relâché l’organisation et l’éducation au niveau local.