4 novembre 2021 | tiré de son blog sur mediapart.fr
Or, ces derniers ses vertus depuis des décennies à approfondir la globalisation économique et financière qui alimente le réchauffement climatique, et, depuis le début de la pandémie, à sauver leurs insoutenables économies quoi qu’il en coûte. Nous ne pouvons attendre d’eux qu’ils fassent de Glasgow le contraire de ce qu’ils font au quotidien à Londres, Washington, Pékin, Moscou, Bruxelles ou Paris. Les COP sont structurellement limitées dans leur champ d’action. La convention-cadre des Nations Unies sur le climat, qui organise ces négociations, prévoit en effet que les mesures prises dans ce cadre ne puissent aller à l’encontre du droit international du commerce et de l’investissement (article. 3. 5).
Ainsi, l’accord de Paris ne couvre pas les émissions de GES issues du transport maritime international, ni de l’aviation civile internationale : comment résoudre la crise climatique si l’on ne peut contenir, conditionner ou réguler la mondialisation économique ? Encore plus frappant : les énergies fossiles sont à l’origine de près de 90% des émissions mondiales de CO 2. Pour rester en deçà de 5 C de réchauffement climatique, leur production doit baisser de 3% par an pour le gaz et le pétrole et de 7% par an pour le charbon, jusqu’en 2050. Mais la production d’énergies fossiles ne fait pas partie des négociations. Le mot « énergies fossiles » est même absent des accords de Partis. Comme si les États s’étaient mis d’accord pour discuter des symptômes, les gaz à effet de serre relâchés dans l’atmosphère sans traiter les causes, ces quantités astronomiques de charbon, gaz et pétrole qui alimentent notre insoutenable économie mondiale.
Dès lors, est-ce nouveau une coupe pour rien ? Les discours des chefs d’État ce premier novembre ont donné le la : alors que les États nous conduisent vers un réchauffement climatique mondial supérieur à 2,7 °C aucun sursaut climatique n’est venu. La promesse de l’accord de Paris selon laquelle les États allaient donner toujours plus d’ambition à la politique climatique ne fonctionne pas. Le plus probable est que l’on continue à battre, chaque année, jusqu’en 2030, un nouveau record d’émissions de GES. Rien de nouveau là non plus : en 26 ans de négociations, les émissions mondiales ont augmenté de plus de 64%. Les quelques signaux faibles perçus ici et là (désinvestissement du charbon par les institutions publiques et privées, efforts menés par des collectivités territoriales, engagement citoyen) ne sont pour l’instant pas suffisant pour changer la donne.
Il nous faut donc persister : déployer nos expériences alternatives sur les territoires, engager les collectivités territoriales dans la bifurcation écologique et sociale, mettre à l’index les multinationales climaticides, renforcer le rapport de force envers les pouvoirs public français et européen. Sans se résigner. Parce qu’il le faut. Et parce que l’histoire peut s’accélérer. Soyons prêts à faire l’impossible pour éviter que l’impossible ne se réalise.
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