À la fois théoricien marxiste, pionnier du mouvement panafricaniste, nationaliste noir, indépendantiste antillais, écrivain, critique littéraire et spécialiste de criquet, C. L. R. James est l’un des grands penseurs du xxe siècle, mais son oeuvre est injustement trop peu connue, surtout des francophones.
En 1935, James anime le mouvement contre l’invasion de l’Éthiopie par l’armée de Mussolini. Il est doublement concerné par cette guerre, en tant que Noir et en tant que socialiste internationaliste. Il dirige alors l’International African Friends of Ethiopia et mène une lutte passionnée dans la gauche britannique contre cette guerre. Deux ouvrages, publiés respectivement en 1937 et 1938, témoignent de sa recherche d’une orientation nouvelle entre marxisme et identité noire : World Revolution, une histoire de l’Internationale communiste (écrite d’un point de vue marxiste anti-stalinien) et, surtout, son chef-d’oeuvre, Les jacobins noirs, qui retrace l’histoire de la première révolution victorieuse des esclaves, dirigée par Toussaint Louverture, contre le pouvoir colonial à Saint-Domingue (Haïti et République dominicaine).
Inaccessibles en français, les textes réunis dans Émancipation, guerre et révolution s’adressent à la question noire aux États-Unis. C. L. R. James analyse des conditions de l’abolition de l’esclavage et le rôle des Noirs dans la radicalisation du mouvement abolitionniste. Il nous plonge dans une discussion politique sur le mouvement noir confronté à la Seconde Guerre mondiale. Il discute du projet de création d’un État noir dans le sud des États-Unis. Surtout, il explique pourquoi il est nécessaire que les opprimés s’auto-organisent, condition sine qua non à la jonction des luttes des Afro-Américains pour leurs droits avec celles du mouvement ouvrier.
Révolutionnaire, James dessine le contenu d’une politique d’émancipation qui articule les questions de race et de classe, de la libération nationale et du socialisme. C. L. R. James nous offre une réflexion sur des questions qui agitent encore nos sociétés : le rôle du racisme certes, mais aussi les voies et les moyens de l’auto-organisation des opprimés dans leur quête d’émancipation.
SOMMAIRE
– • Préface de Emmanuel Delgado Hoch, Patrick Le Trehondat, Richard Poulin et Patrick Silberstein
– • Faut-il intervenir en Abyssinie ?
– Le droit à l’autodétermination et le Nègre américain
– • Le Socialist Workers Party et le travail nègre
– • Les émeutes raciales de Chicago de 1919
– • La révolution et le Nègre
– • Pourquoi les Nègres doivent s’opposer à la guerre
– • L’économie politique du lynchage
– • Marcus Garvey
– • Le pogrome racial et les Nègres
– • Une histoire du Nègre aux États-Unis
– • Les Nègres dans la Guerre civile, leur rôle dans la seconde révolution américaine
– • La réponse révolutionnaire au problème nègre
– • « Le dixième talentueux » : les dirigeants nègres et les droits civique
– • Black Power
Annexe
– • Léon Trotsky et C. L. R. James, Discussions sur la question nègre
Postface de Maboula Soumahoro
Bibliographie
L’ouvrage a été réuni et traduit par Emmanuel Delgado Hoch, Patrick Le Trehondat et Patrick Silberstein