Pour comprendre cette hausse des prix, il faut remonter au mois de décembre dernier, lorsque le gouvernement annonçait un projet de décret visant à mettre fin à la subvention du diesel dont bénéficie actuellement l’ensemble de la population. Sous la pression de la rue, la mesure fut finalement retirée, mais le secteur agro-industriel en a quand même profité pour spéculer sur les prix des aliments.
Opposé dans un premier temps à toute compensation par les salaires, Morales a finalement concédé un « coup de pouce » de 10 % : insuffisant pour la Centrale ouvrière bolivienne (COB) qui, au-delà de cette revendication, remet également en cause la politique économique du gouvernement, et plus particulièrement la nationalisation des hydrocarbures entreprise en 2006.
Si la mesure-phare du premier mandat de Morales a permis de garnir significativement les caisses de l’État après 20 ans de néolibéralisme débridé, le secteur reste en effet largement sous le contrôle des multinationales pétrolières, qui ont constitué un frein à toute avancée sérieuse quant à l’industrialisation du gaz. En ce sens, la mobilisation actuelle n’est pas seulement juste : elle pourrait également devenir salutaire si elle parvenait à convaincre Morales d’un nécessaire « coup de barre » à gauche.