Ma participation au Colloque international de l’Alliance internationale Terre citoyenne qui se tenait à Nant, dans la région du Larzac, Aveyron, France, du 9 au 17 juillet 2011.
Sur l’invitation du directeur de l’Alliance Internationale Terre Citoyenne, une quarantaine de délégués (es) de quatre continents se sont réunis autour du thème de l’accaparement des terres agricoles et des zones de pêche par les multinationales.
Sous le slogan : « Gardarem la terre et la mer », signifiant de veiller à protéger celles-ci, ce colloque s’est tenu dans cette magnifique région du Larzac, en commémoration de la victoire qu’ont obtenu les paysans, il y a trente ans, contre un projet d’agrandissement d’une base militaire sur ce magnifique plateau de roche calcaire, reconnu pour être une des régions touristiques la plus appréciée de France.
J’y représentais le Québec, dans notre combat sur l’accaparement de notre Vallée du St-Laurent par les gazières. Comme vous le savez, la France est aussi aux prises avec des projets d’exploration de gaz de schiste. José Bové, militant écologique reconnu et natif de cette région, était présent, ainsi que quelques autres citoyens français impliqués dans ce dossier.
Parmi les délégués (es) présents, il y avait des représentants de paysans pêcheurs, de paysans aux prises avec des projets miniers, pétroliers et, aussi, des paysans qui voient leurs terres ancestrales passées aux mains d’entreprises de production à grande échelle de cultures OGM et de biocarburants.
Peu importe les témoignages entendus, partout sur la planète, l’accaparement des terres se fait de la même manière. Tout est déjà décidé d’avance entre le gouvernement et l’industrie et le paysan ainsi que les élus municipaux ne sont mis au courant que lorsque l’industrie débarque avec leurs équipements.
Un point commun a ressortit de ces discussions : L’implication citoyenne de masse
L’industrie vient à bout des paysans en les maintenant divisés et peu informés, ou pire, mal informés.
Partout, les gouvernements donnent, et je dis bien, donnent les droits d’exploitation à l’industrie, avec la promesse de créer de la richesse pour le pays, alors que partout, il s’en suit un appauvrissement global. Appauvrissement des richesses, des terres nourricières, des paysans et du peuple en général et, destruction souvent irréversible de l’environnement, ayant comme impact des coûts sociaux importants à long terme.
Toutes ces discussions entre les délégués(es) tournaient autour des constats de la situation mondiale, mais peu ou pas d’actions concrètes en ont ressorties. Quand j’ai vu l’autobus qui nous voyageait, le moteur en marche pendant une demi-heure, le temps que tous les délégués (es) montent et la même chose pour la voiture du directeur de l’Alliance et qu’aucun bac de récupération n’était présent sur le site, je vois mal comment nous arriverons à justifier un changement chez l’industrie, alors que nous maintenons une dépendance dans nos habitudes de sur-consommation.
Je ressors de ce colloque avec l’inspiration et la conviction qu’il faut continuer notre lutte et aller chercher la plus grande mobilisation générale possible. Mais avant tout, il faut prêcher par l’exemple dans nos habitudes de consommation personnelle.
De plus, plusieurs délégués (es) en venaient aussi à conclure qu’il faut remettre en cause les valeurs que véhicule le système capitaliste actuel. Le profit et le pouvoir sont des valeurs éphémères qui divisent l’humanité et créent des inégalités. Si on constate dans l’histoire, le système capitaliste n’a jamais permis de vaincre la soif, la faim et les guerres dans le monde, mais a plutôt contribué à les aggraver.
L’accaparement des terres par les corporations dans le monde contribue toujours à un appauvrissement grandissant de tous les peuples. Dans nos pays riches, on s’en rend moins compte, car nous sommes encore capable de manger et cela, même à crédit. Mais dans les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, l’accaparement des terres se traduit par la famine des petits paysans et des peuples indigènes.
D’ailleurs, plusieurs conséquences semblables sont créées par des compagnies canadiennes. Un film nous a été présenté et montrait une compagnie minière canadienne qui s’est implantée en Argentine, avec l’aval du gouvernement, chassant les paysans établis depuis des générations, en ne leur accordant aucun droit, pour y exploiter une mine d’argent à ciel ouvert. Un paysan Argentin, éleveur de lamas, était avec nous pour témoigner de son vécu. Il n’y a pas de quoi être fier d’être Canadien et j’y penserai deux fois avant d’acheter une bague en argent ou tout autre objet non nécessaire contenant de l’argent.
Continuons notre lutte !
Le mot légitimité est revenu souvent dans nos discussions.
Une victoire citoyenne sur ce plan est une victoire pour le monde entier, pour la démocratie et pour l’équité !
Soyons unis !
Nous vaincrons !
Serge Fortier, Porte-parole pour le comité interrégional gaz de schiste de la Vallée du St-Laurent
Le site web de Terre citoyenne : http://www.terre-citoyenne.org/