Julia Rock, Jacobin, 3 octobre 2021
Traduction, Alexandra Cyr
Les progressistes de la Chambre se sont réunis mardi après-midi et se sont à nouveau engagés à bloquer tous les efforts pour séparer les deux projets puisque celui qui porte sur les infrastructures sociales représente le cœur du programme du Président Biden : « Build Back Better », (Reconstruire en mieux).
Cette position est une réponse à la proposition faite lundi par la Présidente de la Chambre, Mme Nancy Pelosi, de séparer les deux projets ce qui met le deuxième en danger. Selon un décompte public, 24 progressistes à la Chambre se son engagés.es à ne pas voter pour le projet sur les infrastructures physiques s’il est séparé de l’autre. Selon deux sources à qui j’ai parlé, durant cette rencontre au moins 10 membres du Congrès non inscrits.es ont parlé en faveur de la stratégie assurant qu’ils et elles ne voteraient pas en faveur du projet soutenu par les deux Partis s’il était mis aux voix.
Un autre petit nombre de progressistes, interpellés.es par American Prospect, the Intercept et Daily Poster, ont affirmé ne pas être fixés.es quant à leur vote sur le projet d’infrastructures physiques jusqu’à la mise aux voix mardi.
Durant la réunion, la représentante Ilhan Omar, whip du Caucus des progressistes, a informé les membres qu’elle avait été en lien téléphonique avec B. Sanders qui l’avait mise en garde contre un recul sur le lien entre les deux projets parce qu’au Sénat, les Républicains pourraient rejeter celui sur les infrastructures sociales. Deux autres Démocrates représentant des districts susceptibles de passer à l’adversaire lors d’une prochaine élection, ont plaidé dans le même sens, disant que n’importe qui qui pense que le Sénat adopterait ce projet sans y être forcé, se raconte des histoires. Il n’y aurait plus de succès réels pour solliciter le vote.
Plus d’une douzaine de Membres m’ont parlé au téléphone et aucun.e ne m’a dit qu’il voterait pour le projet soutenu par les deux Partis. La représentante Katie Porter de Californie qu’on désigne sous le nom de « tête de file » qui représente un district susceptible de passer à l’adversaire lors d’une prochaine élection, a fortement souligné à ses camarades qu’il leur fallait se rendre compte de l’ampleur du gain politique probable que représente l’adoption des deux projets (en même temps). Elle a insisté sur les bénéfices immédiats qu’apporterait l’adoption du projet d’infrastructures sociales : « Ce sont des résultats qui vont immédiatement commencer à améliorer la vie des Américains.es et notre économie ». Dans une entrevue au Wasington Post mardi, elle a repris cet argument : « Démocrates, quelle que soit la composition de votre district, c’est ce que les électeurs.trices veulent ».
Après cette rencontre, le Sénateur Sanders a publié sa position sur Twitter :
28 septembre 2021. Cela veut aussi dire que le Congrès continuerait à ignorer la menace existentielle faite par les changements climatiques à notre pays et à la planète.
15.09, 28 septembre 2021. J’engage fortement mes collègues de la Chambre à voter contre le projet de loi sur les infrastructures physiques soutenu par les deux Partis tant et aussi longtemps que l’autre n’est pas adopté.
Quand les journalistes de la Colline parlementaire ont demandé à la Sénatrice E. Warren ce qu’elle pensait de la position de son collègue Sanders elle s’est dite d’accord. Et elle a ajouté pertinemment : « Nous avions une entente », référant à la stratégie des deux voies qu’avait le Parti et à laquelle des centristes veulent mettre fin.
Mme Porter a déclaré au Post qu’elle s’opposerait au projet sur les infrastructures physiques mardi, « s’il n’y a pas un cadre et une entente sur la manière d’avancer ». D’autres progressistes, dont le représentant Ro Khanna de Californie, ont aussi parlé de « cadre ». Ce serait une manière de permettre à Mme Pelosi de ne mettre aux voix qu’un projet à la fois. Mais s’en remettre à un « cadre » et à une entente risque de se priver d’un moyen de pression et ne garantit en rien que les deux projets iraient de l’avant.
Le Sénateur Joe Manchin, Démocrate de la Virginie occidentale, (qui s’oppose au projet sur les infrastructures sociales, n,d,t,) refuse toujours de préciser à quel niveau de dépense il accepterait de le soutenir même après que le Président lui en est demandé un au cours d’une rencontre individuelle à la Maison blanche la semaine dernière. Sans entente sur ce qu’il serait prêt à accepter, il n’y a aucune chance qu’un « cadre » quelconque soit possible.
Lorsque Mme Pelosi a été interrogée sur la position de B. Sanders, elle a laissé entendre qu’elle ne faisait pas pression sur les membres pour un vote favorable : « Chacun.e doit s’exécuter et je respecte cela. Nous faisons notre travail ». Il n’y a aucun indice qu’elle fasse pression sur le caucus à ce sujet.
En juin dernier, le Président Biden a divisé les deux projets pour gagner l’appui des deux Partis. Mme Pelosi a promis que les deux seraient effectivement mis aux voix en même temps. Lundi, elle a brisé cette promesse. Elle a expliqué, lors d’une rencontre du caucus, que le premier serait présenté pour adoption mardi en invoquant une obscure et flexible date butoir.
Mais, avec 24 membres engagés.es publiquement à voter contre ce projet et au moins 10 de plus qui ont déclaré la même chose privément, les 218 voix nécessaires pour l’adoption ne seront pas réunies. La direction du Parti républicain à la Chambre fouette ses membres pour un vote d’opposition. Mais même si les 8 répresentants.es de ce Parti votaient possiblement en faveur, la majorité n’y sera toujours pas.
La présidente du caucus progressiste, Mme Pramila Jayapal après la rencontre du caucus mardi, a déclaré : « Nous demeurons totalement confiants.es que la totalité du programme du Président Biden, « Build Back Better » sera adopté. C’est la transformation que tout le monde veut de toute urgence partout dans le pays. Nous en avons besoin et nous le méritons. Sans ce programme, ce sont les investissements qui auraient dû être là depuis longtemps qui seront mis en péril. Cela concerne, les garderies, les congés payés, les soins de santé, les logements abordables, les maternelles, les collèges communautaires, la lutte aux changements climatiques, un plan vers la citoyenneté pour les personnes arrivées ici enfants avec leurs parents sans papiers, la protection des personnes sous protection temporaire de statut et (les conditions) des travailleurs.euses essentiels.les ».
Mme Pelosi avait informé un groupe de Démocrates liés.es aux entreprises sous le leadership du représentant Josh Gottheimer, qu’elle mettrait aux voix le projet sur les infrastructures physiques lundi le 27 septembre. Elle a décidé de sursoir jusqu’au lendemain parce qu’elle ne pouvait atteindre la majorité.
C’est le représentant Peter DeFazio de l’Orégon, président du Comité des transports et des infrastructures, qui est chargé d’amener le projet de loi à la Chambre pour le faire adopter. Mais il est en même temps membre du Caucus progressiste et il a dénigré le projet plus d’une fois devant les journalistes. À la question de savoir comment il voterait, son porte-parole a répondu : « Je pense que les termes qu’il a employé parlent d’eux-mêmes. En fait, il porte le projet à la Chambre en ce moment même ». Pourtant, à la Chambre, il a qualifié d’historique le projet, laissant planer le doute sur sa position.
Note de la traductrice : Au moment de soumettre cet article pour publication, vendredi 8 octobre, ni l’un ni l’autre de ces projets n’a été adopté et les discussions continuent sur l’ampleur du projet sur les infrastructures sociales.
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