Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Europe

Belgique - 21 février : un succès et puis après ?

Nous étions 40 000, de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles. Cette fois, on ne peut pas parler d’une mobilisation à plusieurs vitesses : la FGTB et la CSC avaient bien mobilisé et les trains de Bruges et de Hasselt étaient aussi pleins que ceux de Charleroi ou de Liège. Tôt dans la matinée, différentes centrales syndicales avaient fait le tour des fédérations patronales de leur secteur, mené des actions à la Bourse, etc. Ce fut ensuite la manifestation, massive, avec tout de même un petit détour par rapport au parcours habituel. Dans beaucoup de villes, les transports en commun ont en outre fait grève. A Gand, plusieurs crèches de la ville étaient fermées également. Les ouvriers et les employés de Ford étaient massivement présents, de même que ceux d’Arcelor-Mittal et les sous-traitants. Ensemble, ils ont pris la tête de la manifestation, et à juste titre.

La question clé est évidemment : que faire maintenant ? Quelques heures à peine après la manifestation, le kerncabinet annonçait qu’il n’était en tout cas pas question d’assouplir si peu que ce soit la norme salariale, alors qu’une sérieuse adaptation de celle-ci, voire une suppression était une des revendications principales de la plupart des manifestants. I lest permi de douter que le gouvernement ait l’intention de faire la moindre concession aux autres revendications du front commun syndical.

Non, c’est clair : si nous voulons imposer nos revendications, mettre le cap sur une autre politique, une politique sociale, nous ne poiuvons compter que sur notre propre action, massive et persévérante.

Renforcer la résistance sociale

Nous avons besoin d’un plan d’action clair, autour de revendications qui ne se limitent pas à arrondir les angles les plus teranchants de la régression sociale. Nous avons besoin de grèves régionales tournantes par province, avec manifestations régionales, en préparation d’une grève nationale si nécessaire. Osons lutter, osons lutter pour gagner !

Construire la résistance politique

A l’heure qu’il est, le mouvement syndical n’a tout simplement plus aucun ami dans le gouvernement. Qui fera croire que Johan Vande Lanotte va protéger l’index ? Que Monica De Coninck va défendre les intérêts des chômeuses et des chômeurs ? Que Bogaert va se ranger soudainement aux côtés des fonctionnaires fédéraux ? Qui croit encore que Di Rupo et Onkelinkx représentent un “moindre mal” ? N’est-il pas évident qu’ils préparent un mal plus grande encore ? La FGTB et la CSC doivent rapidement et clairement rompre avec ces faus “amis” qui les bombardent et les agressent sans répit.

Le mouvement ouvrier, dans toutes ses composantes, doit oser poser lui-même ses propres revendications et les défendre. Les syndicalistes doivent même aller plus loin : favoriser la formation d’une alternative politique radicale, démocratique, sociale et pluraliste, comme la FGTB de Charleroi et la CNE l’ont proposé. Et toutes les organisations anticapitalistes devraient prendre leurs responsabilités pour que cette alternative se concrétise, dans l’intérêt de tous les travailleurs, avec ou sans emploi, hommes ou femmes, Belges ou d’origine étrangère. En tant que plus grand parti de la gauche radicale, le PTB pourrait jouer ici un rôle positif, s’il le voulait. Un an après l’appel du Premier Mai de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut, il est temps de se mettre au travail, tous ensemble.

Mener le débat stratégique

Il n’est malheureusement que trop évident que cette conception reste aujourd’hui très minoritaire dans le mouvement syndical. Une grande partie des directions syndicales reste attachée à la concertation sociale, bien que celle-ci ne signifie plus rien d’autre qu’une succession de concessions faites au patronat et à son gouvernement. Certains dirigeants syndicaux veulent transformer le syndicat en organisation de service et voient l’action de masse solidaire comme une reliquat du passé. Certains autres veulent bien mobiliser, mais avec un pied sur le frein, histoire de ne pas gêner les “amis politiques” au gouvernement. Des divergences qui ne sont pas discutées à fond, des problèmes qui ne sont pas résolus : dans les syndicats comme ailleurs cela débouche sur la frustration et la démoralisation, dans l’appareil mais aussi et surtout à la base, qui subit quotidiennement les conséquences de la crise et des mesures d’austérité. Tout cela risque de diminuer dramatiquement la capacité de résistance. Pour sortir de cette voie sans issue, un vrai débat démocratique est nécessaire au sein du mouvement syndical, dans le but d’élaborer une stratégie adaptée aux énormes défis, d’organiser la résistance et de remporter des victoires.

C’est pourquoi nous plaidons pour que les prochains congrès de la FGTB et de la CSC soient transformés en congrès stratégiques, avec une large participation de la base. Cette perspective devrait être défendue par la gauche dans les syndicats, par tous les syndicalistes conscients qu’il est moins cinq si nous ne voulons pas évoluer vers des situations à la portugaise ou à l’espagnole.

Ensemble dans la résistance sociale, ensemble pour une alternative politique !

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