Les travailleurs voués à l’entretien de nos établissements devaient déjà faire de petits miracles avec les moyens mis à leur disposition. Les orthophonistes ne suffisent tout simplement pas à la tâche depuis des années. Venez passer une journée dans le bureau d’une secrétaire d’école ou pour suivre une technicienne en éducation spécialisée. Vous verrez que ce n’est pas de tout repos.
Les personnes du réseau étaient convaincues que ça ne pouvait plus continuer comme ça et étaient prêtes à tenir leur bout pour que le gouvernement réalise que ça ne peut plus durer.
C’était avant la COVID.
Le 13 mars dernier, la donne a changé considérablement. Et ce n’est pas pour le mieux. Les services de garde ont été mobilisés pendant la crise, les professionnels ont poursuivi leurs tâches en télétravail, les services de conciergerie et d’entretien doivent ajouter la désinfection à une tâche déjà impossible.
Depuis la rentrée scolaire, nous sommes au poste, conscient de l’importance pour la société de maintenir nos écoles ouvertes. Mais on travaille dans un contexte difficile et mettant notre santé en jeu quotidiennement. Les irritants sont tels que ça a de moins en moins de sens de travailler en éducation.
Les travailleurs s’accrochent à leur mission sociale. Ils comprennent qu’il faut mettre l’épaule à la roue pour le bien commun. Mais, quand on brûle la chandelle par les deux bouts, on doit prendre des moyens pour ne pas se brûler. Et de moins en moins de gens croient que le gouvernement veut nous aider dans le contexte actuel.
Les gens quittent pour sauver leur peau et ce phénomène risque de s’accentuer au fil des semaines et des mois à venir, comme dans le secteur de la santé.
Aujourd’hui, je sonne l’alarme. Les parents nous confient leurs enfants sans avoir conscience de la fragilité du système. Les travailleurs sont à bout, en détresse. Ils ont besoin d’aide, de reconnaissance et de bras supplémentaires.
J’espère que cette fois, on n’attendra pas que le système lâche pour réagir. Il faut prendre soin de nos travailleurs autrement, afin qu’ils puissent, à leur tour, prendre soin de nos enfants. Les conséquences ne se calculeront pas en morts à court terme. Mais nous abandonnons nos jeunes à un moment où ils ont extrêmement besoin du soutien que les gens en éducation peuvent leur apporter.
Le temps presse. MM Legault et Roberge doivent trouver le moyen de redonner du sens à notre travail afin que nous puissions recommencer à aider nos jeunes à donner du sens à leur vie. Leur avenir et notre avenir collectif en dépend !
Guillaume Bégin, Vice-président, secteur Éducation du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Comptant près de 122 000 membres au Québec, le SCFP représente quelque 11 715 membres dans le secteur de l’éducation au Québec.
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