Si le simple fait de se présenter aux élections c’est d’être électoraliste... y’a un manque de connaissance de ce qu’on entend par le parti des « urnes et de la rue » ... Si nous avons développé -depuis l’UFP- cette conception, c’est justement pour l’opposer à une perspective électoraliste avancée par la sociale-démocratie classique. Être électoraliste c’est croire pouvoir changer la société, la transformer et renverser les rapports de force entre classe uniquement par les voies parlementaires. Notre conception -qui est largement partagé dans Qs- s’oppose à cela et démontre le réel moteur et déterminant des mouvements de masse pour imposer leur agenda. Qs est un parti de la rue en ce qu’il souhaite sincèrement le succès des mobilisations sociales et voit les mouvements comme des alliés objectifs. Nous pensons cependant qu’un parti -comme d’autre forme d’organisation politique- est un lieu privilégié pour développer une stratégie globale de transformation. Comme disait l’autre, une forme de penseur et d’acteur collectif.
Malheureusement, ce texte démontre une incapacité à caractériser correctement Qs et au lieu de nous mettre en débat avec vous, nous donne plutôt envie de nous éloigner de son caractère sectaire.
Il met en lumière qu’en trame de fond l’UCL (comme auteur collectif de ce texte) -tout comme l’ensemble de la gauche toute tendance confondue (nous incluant)- est orpheline d’une stratégie de transformation sociale...
De notre côté, le chemin que nous avons choisi c’est d’hypothétiser sur la construction d’une force politique qui intervient sur tous les champs y compris le champs politique et le champs électoral où -selon nous- se joue encore pour une large partie de la population la confrontation gauche-droite et ultimement les rapports de force entre classes, donc qui doit diriger la société (ceux et celles d’en bas ou ceux d’en haut ?). Quand nous parlons du parti des « urnes et de la rue » c’est que nous savons que les élections ne résolvent pas les contradictions entre les classes, mais qu’elles les posent.
Pour ce qui est de son caractère social-démocrate, l’accusation a de quoi étonner ! Comment à la lecture de son programme peut-on arriver à cette conclusion.
Plusieurs des mesures avancées confrontent directement le capital, et nécessiteraient à l’heure actuelle des mobilisations d’envergures nous faisant passer d’un mode défensif à un mode offensif afin d’arracher des gains que les dominants ne concéderont pas sans réagir... En regard de la situation politique réelle, Qs propose une politique de réformes en rupture avec le capitalisme, très loin d’une politique purement réformiste. Il est simpliste d’assimiler Qs à la sociale-démocratie traditionnelle, ça donne raison à un discours...
Un discours -malheureusement- mécaniquement anti-électoraliste et hors sol, comme si c’était ce qui fait obstacle aux prochaines victoires étudiantes. Bien caractériser Qs c’est être capable de saisir que la conjoncture actuelle s’inscrit dans un changement de période, pire d’époque... en sachant bien que rien n’est joué pour lui, que le projet Qs ne s’est pas encore cristallisé et qu’il peut évoluer dans tous les sens... et aussi vers l’électoralisme social-démocrate. Mais soyons clair, aujourd’hui l’évolution de Qs se profile clairement à contre-courant du projet des dominants.
Par ailleurs, la critique sur la tentative de manipulation des mouvements sociaux par Qs s’applique également à l’UCL, comme à toutes les formations politiques. Après ça, faut s’entendre sur ce qu’est l’indépendance des mouvements.
Pour nous, c’est de respecter les instances démocratiques des organisations sociales de façon radicale et sans concession aucune. Mais dire cela, ne veut pas dire que les anars, les socialistes, les solidaires ou même les péquistes et les libéraux ne doivent pas défendre leurs orientations... au contraire si une organisation est démocratique elle tranchera... il n’en tient qu’à la gauche de réussir à convaincre.
En définitive, l’indépendance des mouvements sociaux c’est surtout l’élaboration d’une perspective d’indépendance de classe, même si nous avons des désaccords politiques importants (QS et l’UCL), notre ennemi est commun. Les luttes sociales devraient nous souder -et comme le rend bien la formule- nous permettre de frapper ensemble même si nous marchons séparément. Ce texte insiste sur le contraire...
En notre propre nom, en solidarité.
Xavier Lafrance et Jean Pierre Roy