Au printemps 2022, une actualité qui dure depuis plus de 40 ans est remise à l’avant-plan à la suite de nouvelles données sur les impacts du taux d’émission d’arsenic libéré dans l’air de RouynNoranda. S’en suit une correspondance entre Jean-Lou David et Gabrielle Izaguirré-Falardeau, deux jeunes citoyen.n.es qui décident de ne pas se fermer la gueule, malgré la loi du silence et de la company qui pèse sur la ville. Au fil de leurs échanges, ils nuancent avec humanité et rigueur le rapport trouble qu’ils entretiennent avec la Fonderie Horne, ce monstre de ferraille et d’argent qui trône chez eux en roi et maître.
« C’est d’ici qu’on voit le mieux la mine. C’est d’ici seulement qu’on peut enfin l’envisager en entier d’un regard, d’un seul mouvement. Elle ressemble à une tumeur qui aurait poussé là, coincée entre la forêt et la ville. Un mammifère malpropre, une bête ramassée qui souffre et gémit, couchée sur sa litière grise et crasseuse, toute pleine de rejets, de scories noircies que l’on dirait exsudés d’elle. Ses points-bas sont des plaies qui suintent une eau malsaine, épaisse comme un sirop. Mais lorsqu’on l’aperçoit, vue d’en haut, la fonderie est soudainement belle et presque vulnérable.
Son scintillement, la nuit, est vraiment maléfique. »
Les auteurs.rices
Jean-Lou David est né en 1993. Depuis 2020, il signe des textes dans différents médias et revues littéraires, travaille comme chercheur en histoire et est rédacteur pour plusieurs organismes culturels. En 2021, il remporte le Prix littéraire de l’Abitibi-Témiscamingue.
Gabrielle Izaguirré-Falardeau est étudiante en psychologie et travail social. Elle nourrit son art d’un intérêt marqué envers les enjeux politiques et sociaux actuels. On a pu la lire déjà dans les collectifs Abitibi/Montréal et Prendre pays, publiés aux Éditions du Quartz, et dans la revue Zinc.
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