L’empathie aura duré une journée pour un GND, « ébranlé ». Bientôt flanqué de sa future co-porte-parole féminine pragmatique par intérim, il s’est et a assumé : QS doit changer de fond en comble. D’une pierre deux coups : on tente de reprendre le contrôle du narratif et on joue à quitte ou double (moi ou le déluge). Coky.
Ça ne vous étonnera pas, j’avais compris le stratagème entriste après la fusion avec Option nationale1. Mais avant ça, je n’ai pas cru les personnes qui prévenaient. Je tiens à m’excuser auprès d’elles. Parce que j’ai lutté contre elles avec les mêmes armes qu’eux.
Après mon départ de QS2, on ne m’a pas cru non plus.
Heureusement que je suis privilégié : je n’ai eu le droit qu’aux procès d’intentions complotistes et au tone policing. Mes ami·e·s ex-solidaires – dont certain·e·s ont fait élire une partie de la députation grâce à leur travail gratuit – ont souffert tellement ! Et leur souffrance se réveille encore à chaque épisode, car le déni continue. Ça les a même dégoûtés de la politique.
Moi je le croyais aussi, être dégoûté de la politique. Mais fuir l’aliénation des réseaux sociaux, mettre en pause mon travail syndical non local, se repassionner pour la politique française et étasunienne… tout ça m’a fait un bien fou. Moins de colère. Et l’envie de participer à nouveau aux débats de la gauche québécoise, toujours avec irrévérence.
Des souffrances non reconnues
Depuis 2017, nombreux·ses sont les militant·e·s qui ont alerté sur la manière d’être traité. Les personnes qui osaient parler ou dévier d’un pouce, étaient ramenées à leur place par un système de gaslighting interne et externe, y compris publiquement quelques fois. Souvenons-nous du Collectif antiraciste décolonial, ce ramassis de « wokes victimaires importé·e·s » expliquant qu’à QS, les militant·e·s racisé·e·s n’ont que la place qu’on leur donne.
Malgré ces alertes, l’aveuglement volontaire l’a emporté sur ce que des militant·e·s sans pouvoir questionnaient : le harcèlement et les discriminations systémiques découlant de la gestion des ressources humaines3 et militantes du parti. Pas capable de simple humanisme. Pourquoi ?
Car leur projet pour sauver le Québec est plus important que les sorties médiatiques contre les camarades (sic.), même si cela vaut à ces derniers des tombereaux d’insultes4 et de menaces de mort. Sur ça aussi, les personnes dirigeantes ont été alertées. Ignorance intentionnelle.
La fin justifie les moyens
Ainsi, la purge des « problématiques » s’est déroulée trop d’accros, aidée de l’alliance objective avec la classe médiatique, y compris la plus nauséabonde : journaux poubelles, twitto(facho)sphère et autres trolls. Le moulinet de la déradicalisation5 et de la respectabilité s’est porté comme un charme : décoloniaux, autochtones6, anglos, travailleuses du sexe7, fédéralistes (ou non-alignés, mais c’est pareil, puisqu’anyway « y’en a pas de fédéralistes à QS »). Récemment, c’était le tour des personnes trans et/ou migrantes8, puis des féministes (puisque leur co-porte-parolat est un boulet).
Au nom du Pays et donc on l’aura compris du « pragmatisme », c’était éthique d’engager juste les potes, de prendre et d’accaparer le pouvoir au sein d’un parti « irréaliste » qu’on n’a pas fondé. Notamment à l’aide de toutes les techniques de disqualification et de domination des classes dominantes : projection, dénigrement, rumeur, convocation, censure, favoritisme, cooptation, népotisme, diffamation, intimidation, mensonge, cyber raid, procès à charge, menace verbale et judiciaire, conciliation de grief.
Tout ça, la conscience tranquille, boss !
J’espère sincèrement que d’autres victimes oseront témoigner.
Pragmatisme néo-solidaire : les jeux sont-ils faits ?
Il y a deux étapes à passer pour rendre QS « gouvernemental » et sous la coupe définitive du clan des spin doctors9.
La première : la réforme de ses statuts et de son programme. Il parait que les régions québécoises sont pas assez vites pour les comprendre. Il faut donc simplifier pour accélérer 10. On verra aux prochaines instances nationales de QS si les délégué·e·s accepteront ce hold-up patiemment travaillé en coulisse.
À la seconde étape – les élections provinciales de 2026 – la question nationale11 va probablement être à nouveau au centre du jeu politique (si la tendance se maintient). PSPP ne pourra pas prendre le risque d’une victoire plus courte que prévue.
Si GND gagne son pari, l’accord électoral avec les péquistes, qu’il désire depuis si longtemps, semble inexorable12. Les signes religieux risquent d’en prendre un nouveau coup13, mais des ministères seront négociés. C’est mieux que des amendements, pensent-on…
Si GND ne réussit pas son pari, la question nationale divisera quand même la gauche, et QS devra se régénérer.
Dans les 2 cas, quelles options pour les personnes non nationalistes de la gauche québécoise ? L’abstention ou la résignation comme en 2022 ? Comment convaincre la moitié des personnes qui votent ou votaient pour QS de recommencer après la brutalisation vécue, aperçue et maintenant sue ? Comme Jean-François Lisée le souligne avec une délectation légitime : quel espace politique pour ce « 2ème PQ » ?
J’y reviendrai bientôt.
En attendant, un examen de consciences s’impose. Ils doivent bien ça à toutes les personnes rabaissées par l’autoritarisme et calomniées par la meute.
Notes
1.Clin d’œil à JP… La flottille : la classe. Et merci sincèrement d’avoir essayé !
3. Je ne vous parle même pas des négociations syndicales internes, on pourrait en faire cas d’école de duplicité.
4.En même temps, pour les québécoises qui portent un signe religieux, c’est random.
5.https://www.pressegauche.org/Quebec-solidaire-de-radicalisation
8.https://onjase.org/post/2019/03/15/408-L%E2%80%99insoutenable-legerete-des-droits-fondamentaux
9.https://pivot.quebec/2024/05/02/le-menage-du-printemps/
10.https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2024-05-04/caq-qs-et-le-syndrome-de-la-locomotive.php
12. https://www.pressegauche.org/LES-SOLIDAIRES-A-LA-CROISEE-DES-CHEMINS
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