Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

Conférence de Catherine Dorion au Grand rassemblement (extraits)

À propos de l’identité québécoise

Presse-toi à gauche a retranscrit les passages de la conférence de Catherine Dorion où elle nous parle de l’identité québécoise.

J’ai décidé de vous parler ce soir d’un sujet explosif : l’identité québécoise. Notre époque est celle de la déconstruction de toutes les formes d’appartenance qui ne soient pas basées sur l’argent, sur le travail et sur la consommation. Moi, je me demande dans ce contexte comment on va faire pour rassembler le monde dans un mouvement qui soit fort et indivisible, qui soit capable de renverser la dictature du 1% parce qu’il faut être ensemble quand même. Je pense qu’on n’aura pas le choix. Je pense qu’il va falloir travailler à faire réapparaître un « nous » qui soit tangible dans les consciences. Mais on en est où au Québec avec le « nous » ?

Moi, c’est temps-ci, j’ai beaucoup de discussions avec des Jacques, des Yolande, des Henri qui me disent : « Catherine, je t’aime bien, mais je suis un peu déçu. Je n’aurais jamais pensé que tu irais avec Québec solidaire. Là, ils me parlent du multiculturalisme, de la sauvegarde de la culture. Premièrement, on va quand même remettre les choses au clair, QS c’est par Trudeau, c’est pas le multiculturalisme, ça rien à voir avec lui. QS, c’est l’interculturalisme, c’est l’intégration des immigrants. Qu’est-ce que ça veut dire ça. Ça veut dire qu’au lieu de voir les différentes cultures comme des poches bien séparées, à QS on les voit comme un espèce de grand « jam » collectif. Je parle de « jam » car le meilleur exemple d’intégration culturelle réussie c’est la musique. Prenez n’importe quel type de musique, je ne sais pas, la musique Country, c’est quoi ça ? C’est un mélange de musique anglo-celtique qui est arrivée aux États-Unis qui a été fertilisée par toutes les espèces de courants qui se sont retrouvés dans ce pays-là, qui sont remontés vers le Nord en français, puis plus loin jusqu’en Acadie où le cheval est disparu des « tounes » pour être remplacé par le bateau. La musique va chercher les influences non selon qui étaient là en premier sinon on n’en finirait plus de s’astiner sur la question au lieu de jouer mais selon ce qui est le plus significatif pour les humains qui la font au moment où il la font. C’est extrêmement démocratique. Et c’est la même chose pour toute la culture.

La force d’une culture, ce n’est pas sa capacité de se garder des influences à travers l’histoire, c’est sa capacité à choisir ses influences et à les intégrer dans un tout grâce à une espèce de force centripète, un tout dans lequel tout le monde peut se reconnaître, se lier, s’aimer, lutter ensemble même si on est toute différent. Que le Québec ait réussi à faire ça jusqu’à aujourd’hui, c’est une démonstration de la force de notre culture. Que les Québécois aient été capables aussi de rejeter des influences imposées d’en haut comme, ils l’ont fait avec l’Église catholique quand même, c’est une autre démonstration impressionnante de la force de notre culture. Et l’histoire de ces choix culturels-là comme de nos choix politiques, c’est notre histoire à « nous » comme « nous ».

(…) Et si vos aïeux immédiats ont vécu ailleurs dans le monde, comme près d’une personne sur dix qui vit au centre-ville de Québec, si vos grands-parents vivaient en Haïti ou en Amérique latine, au Magreb ou en France, vous intégrez votre héritage dans le nôtre comme des affluents qui se jettent dans le fleuve et qui ajoutent à sa puissance. C’est pas contradictoire pantoute, c’est de la musique et c’est beau. Le plus beau, c’est même pas ça. Le plus beau, c’est que le Québec a aussi une histoire devant lui. Et ça, c’est notre force à nous à Québec solidaire. On n’est pas là pour essayer de gérer le désordre existant. On est là pour créer une société qui puisse répondre avec intelligence et audace aux vraies exigences de notre époque. On n’est pas là pour taper sur des minorités dans le but de se faire élire comme les politiciens d’Ottawa le font avec le Québec depuis le début. On n’est pas là pour faire de la politique en gros, on est là pour faire l’histoire. Et on ne pourra pas faire l’histoire sans une bonne dose de foi. Et là, je ne parle pas d’une foi déconnectée dans un dogme imposé par les élites autrefois cléricales, aujourd’hui financières. Non, je parle d’une vraie foi qui peut déplacer des montagnes, une foi comme celle qui a enflammé le Québec durant la « Révolution tranquille », une foi en notre avenir, une foi en nous extrêmement fédératrice qui crée un cataclysme positif dans la culture et dans la politique et qui, au passage, envoie promner les vieux partis de l’alternance dans une grande manifestation d’émancipation populaire.

(…) Je veux quand même finir en disant que nous sommes une force. Que nous allons reprendre notre vie collective en main et que nous allons nous battre. Je ne niaise pas quand je dis ça. Je ne sais pas si vous, vous être prêts, mais moi je le suis. J’espère que vous êtes avec moi. Est-ce que vous êtes « game » ?

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