En fait, ces organismes mènent avec brio une véritable lutte à l’austérité en travaillant à la fois pour leurs travailleurs et travailleuses et pour la population en conservant la qualité des services rendus. C’est vraiment regrettable que le mouvement communautaire ne reçoive d’appui concret que d’une partie du mouvement étudiant et de presque rien du mouvement syndical.
À Québec, ce sont plus d’une centaine de groupes qui se sont mobilisés . Le travail en commun de trois regroupements soit le REPAQ (Regroupement d’éducation populaire en action) le ROC 03 (Regroupement des organismes communautaires de la région 03) et le RGF (Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale) a créé une vraie dynamique de mobilisation. Déjà l’an dernier, cette coalition avait mené avec succès occupation et manifestation pour souligner les journées d’actions. Fort de cette expérience, les militants et militantes, ont récidivé cette année mais avec encore plus d’organisation.
Le 7 novembre, les groupes ont visité les députés de la région pour les sensibiliser à leurs revendications. Le tout fut suivi, le soir, par un conférence de Roméo Bouchard sur la situation sociale actuelle.
Le 8, première journée de grève, a été marquée par des occupations de ministères. Non pas une comme l’an dernier mais trois. Les militants et militantes ont réussi à entrer au Ministère de la santé et au 425 Jacques Parizeau mais les portes du Conseil du trésor sont restées verrouillées pour les grévistes. La police s’est montrée très active, très harcelante, suivant même les personnes manifestantes pas à pas dans la rue. La journée s’est poursuivie par une zone de grève en face du Centre Lucien Borne et par une action de visibilité : des piquets de grève aux intersections de rue. C’est cinq quartiers de la ville de Québec qui ont permis aux automobilistes de voir pancartes et bannières expliquant les revendications. D’autres actions se sont aussi organisées par quartier comme un rallye dans St-Sauveur.
Le 9, était une journée de sensibilisation féministe. Elle a débuté par un rassemblement devant l’édifice de la protectrice du citoyen qui avait rendu public l’impact dévastateur des coupures pour les personnes démunies. Monsieur Couillard lui avait répondu que c’était du vent tout cela. Les féministes ont donc repris cette réponse en disant : Non ce n’est pas du vent l’appauvrissement des gens et en particulier des femmes. Ce sont slogans, musique et 3 témoignages de femmes qui ont ponctué cette action. Comme la police était absente, les féministes ont décidé de marquer davantage leur mobilisation en barrant la rue René Lévesque environ 10 minutes. Le barrage s’est levé juste avant l’arrivé de 7 auto-patrouilles de police. Un beau pied de nez. Ensuite, c’est l’aspect des femmes locataires victimes de violence qui a été mis de l’avant dans une tentative d’occupation. Cette aspect peu connu de la lutte pour le droit au logement sortait des portes closes des immeubles pour devenir affaire publique. Malheureusement les gardes de sécurité n’ont pas permis l’action et une militante a été arrêtée.
Ces journée de sensibilisation et d’actions se sont terminées avec brio. Si, à Montréal c’est plus de 3000 personnes qui ont défilé dans les rues. À Québec c’est près de mille personnes qui se sont rassemblées devant le parvis de l’Église St-Roch et qui ont marché dans le quartier. La manifestation était ponctuée d’arrêts théâtraux démontrant les impacts des coupures : un à l’Enap, un autre devant le Tam Tam café, un à l’église Jacques-Cartier et un dernièr à côté de la Bibliothèque Gabrielle Roy où une pignata aux couleurs du sigle du Parti Libéral a été crevée au plaisir des participants et participantes.
Ces journées ont montré la détermination des militantes et militants à lutter contre l’austérité qu’elles et qu’ils vivent chaque jour dans leur travail. Mais aussi, cela a démontré la force, l’expérience et la compétence des personnes organisatrices de ces mouvements. Beaucoup de travail, d’imagination et de nouveautés. Faut dire qu’une nouvelle couche de militantes et militants, mais surtout de militantes jeunes, instruites et politisées est en train de naître à travers ces actions. Merci pour tout le travail d’organisation.
Trois belles journées à inscrire à nos mémoires et à l’histoire de l’action militante à Québec.
ginette lewis