Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

10 raisons d’avoir les boules avec John Bolton

Ne mâchons pas nos mots : John Bolton est un va-t-en-guerre, et sa nomination au poste de conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump est une menace pour la sécurité mondiale. Bolton préconise une politique étrangère qui exagère les menaces, rabaisse la diplomatie, mépriser les institutions internationales et a vite recours à la violence. La nomination au poste de conseiller à la sécurité nationale n’a pas besoin de l’aval du Sénat, et donc, à partir du 9 avril, le faucon de tous les faucons sera perché à la Maison-Blanche.

Tiré de tlaxcala.org

Besoin de précisions sur les raisons pour lesquelles nous devrions nous opposer à Bolton ? En voici quelques-unes. Ajouter les vôtres.

1) Bolton veut détruire l’accord sur le nucléaire iranien ... et bombarder l’Iran. Bolton déteste l’accord nucléaire qui a été signé sous la houlette d’Obama non seulement par les USA et l’Iran, mais aussi par la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Chine, la Russie et l’UE. Bien que l’accord fonctionne et que même le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, ait déclaré qu’il allait dans le sens de notre intérêt national, Bolton qualifie l’accord avec l’Iran d’énorme erreur stratégique. Le 12 mai, alors que Trump est censé certifier à nouveau que l’Iran respecte bien l’accord, la présence de Bolton rend plus probable que les USA vont se retirer de l’accord, déclenchant une crise internationale majeure. Trita Parsi, président du National Iranian American Council, déclare : « Une chose est claire : la nomination de Bolton est essentiellement une déclaration de guerre contre l’Iran.

2) Bolton fraye avec une organisation terroriste iranienne appelée OMPI (Organisation des moudjahiddines du peuple iranien , MEK pour ses initiales en persan), un groupe marginal qui a été placé sur la liste noire des organisations terroristes par les USA jusqu’en 2012, et qui est toujours considéré comme telle en Iran. Bolton rencontre régulièrement et reçoit des paiements de membres de ce groupe, responsable du meurtre de soldats US, de la tentative d’enlèvement d’un ambassadeur des USA et de nombreuses attentats en Iran même. Bolton considère l’OMPI comme une « opposition viable » qu’il veut utiliser pour renverser le gouvernement iranien. Avec Bolton au pouvoir, l’une des sectes iraniennes les plus détestées sera traitée par le gouvernement usaméricain comme représentant légitime du peuple iranien.

3) Bolton va compromettre les négociations avec la Corée du Nord. Le monde a poussé un soupir de soulagement en apprenant que les présidents Trump et Kim Jung-un se rencontreraient en mai. Mais avec Bolton, cette réunion pourrait ne jamais avoir lieu ou pourrait se solder par un désastre. Bolton déclare : « Parler à la Corée du Nord est pire qu’une simple perte de temps. Les négociations ne font que légitimer la dictature en lui donnant plus de temps pour renforcer ses capacités en matière de missiles nucléaires et balistiques. » Au lieu de négociations, Bolton a appelé les USA à lancer une frappe préventive contre la Corée du Nord, une attaque qui pourrait déclencher une guerre nucléaire.

4) Bolton déteste les Nations Unies et le droit international. Quand George Bush a nommé Bolton ambassadeur auprès des Nations Unies en 2005, il était si controversé, y compris au Sénat, pourtant contrôlé par les Républicains, que Bush a dû profiter des vacances parlementaires pour le nommer en douce. C’est une chose de critiquer l’ONU, mais Bolton s’oppose à son existence même. « Il n’existe pas de Nations Unies », a-t-il déclaré un jour, ajoutant : "Si le bâtiment du Secrétariat des Nations Unies à New York perdait 10 étages, cela ne changerait pas grand-chose. » Pire, il est opposé au concept de droit international. Selon lui, « C’est une grave erreur pour nous d’accorder quelque validité au droit international, même s’il peut sembler dans notre intérêt à court terme de le faire - parce que, à long terme, l’objectif de ceux qui pensent que le droit international signifie vraiment quelque chose sont ceux qui veulent entraver l’action des USA. »

5) Bolton était un des principaux instigateurs de la guerre en Irak et n’en a aucun regret. Il fut un acteur déterminant (avec Dick Cheney et Donald Rumsfeld) de l’invasion de l’Irak. Pendant la présidence Bush, alors qu’il était sous-secrétaire d’État pour le contrôle des armements, il a contribué à la fabrication des fausses preuves de l’existence d’armes de destruction massive qui ont mené à l’invasion de mars 2003. Et il reste, depuis l’origine, l’un des rares défenseurs de cette guerre à soutenir encore aujourd’hui que c’était une bonne idée.

6) Bolton a fourni de fausses informations sur Cuba. En tant que sous-secrétaire d’État, Bolton prétendait que La Havane tentait de développer des armes biologiques et de les vendre à des États voyous. Puis il a essayé de congédier deux analystes du renseignement qui ont contesté ses fausses allégations. Bolton a également demandé que des sanctions plus sévères soient imposées à Cuba, et a catalogué ce pays comme faisant partie de « l’axe du mal ».

7) Ce n’est pas un ami des Palestiniens. Quand il était aux Nations Unies, il a constamment défendu Israël en opposant son veto à toutes les résolutions de l’ONU visant Israël. Bolton a loué la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, rompant avec des décennies de consensus international selon lequel le statut de la ville contestée doit être négocié entre les deux parties. Il s’oppose à la création d’un Etat palestinien avec l’argument suivant : « Je ne pense pas qu’il existe des institutions du côté palestinien qui soient en mesure de respecter les engagements d’un traité avec Israël ... ou qui puissent résister à une prise de contrôle par des éléments terroristes. » Sa solution ? Se débarrasser des Palestiniens en fusionnant Gaza avec l’Egypte et la Cisjordanie avec la Jordanie.

8) Bolton va provoquer de nouveaux problèmes avec la Chine. Il a toujours été un ardent défenseur de la reconnaissance diplomatique de Taïwan, et a reçu pour cela une récompense financière de la part du gouvernement de Taïwan. Il a conseillé à l’administration Trump de remettre en question la « Politique d’une seule Chine », un accord conclu en 1972 qui exige que les pays choisissent entre les relations diplomatiques avec la Chine ou les relations diplomatiques avec Taiwan. Son attitude hostile envers la Chine pourrait avoir un impact négatif dans plusieurs domaines, depuis la question de la Corée du Nord et de la mer de Chine méridionale à celles du cyberespace et du commerce.

9) Il fréquente des islamophobes. Depuis une décennie, le nom de Bolton est associé à celui de la militante anti-islamique Pamela Geller, apparaissant fréquemment dans son émission de radio sur Internet "Atlas on the Air" ainsi que sur son blog vidéo. Geller est bien connue pour ses commentaires publics incendiaires sur les musulmans, et pour être persuadée qu’ils essaient d’imposer la charia aux USA. Bolton a écrit la préface du livre qu’elle a coécrit avec son collègue islamophobe Robert Spencer intitulé The Post-American Presidency : The Obama Administration’s War on America [La Présidence Post-Américaine : La Guerre de l’Administration Obama contre L’Amérique].

10) Sa moustache blanche en tablier de sapeur devrait immédiatement le disqualifier. Selon l’ancien stratège en chef de la Maison Blanche, Steve Bannon, au moment de former son premier gouvernement, le président élu Trump n’a pas voulu nommer John Bolton à un poste de haute direction parce qu’il n’aimait pas ses bacchantes caractéristiques. Avec sa moustache broussailleuse, Bolton n’avait simplement pas « la tête de l’emploi ». Nous sommes d’accord sur ce point. Trump devrait immédiatement retirer son offre en faveur de quelqu’un qui aurait moins de poils sur le visage.

Merci à Tlaxcala

Source : https://indypendent.org/2018/03/10-reasons-to-fear-john-bolton/

Date de parution de l’article original : 10/03/2018

Medea Benjamin

Medea Benjamin (née le 10 septembre de 1952) est une militante politique américaine, surtout connue pour avoir co-fondé le mouvement féministe et pacifiste Code Pink et, avec l’activiste et auteur Kevin Danaher, le groupe Global Exchange. Benjamin est également candidate du Parti Vert dans la Californie en 2000 pour le Sénat des États-Unis. Actuellement, elle contribue à OpEdNews1 et Le Huffington Post2.

En 2003, The Los Angeles Times la décrit comme "l’une des dirigeantes de haut-profil" du mouvement pacifiste3.

En 2017, Benjamin est nominée pour le Prix Nobel de la Paix par Mairead Maguire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Medea_Benjamin

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