Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Charte des valeurs québécoises

10 mythes courants à propos des musulmans en Occident

Dans mon nouveau livre "The Myth of the Muslim Tide" (Le Mythe de la marée musulmane), j’analyse l’incompréhension généralisée sur l’immigration musulmane en Occident. En faisant le parallèle avec le cas des juifs et des catholiques auparavant, je montre comment les musulmans sont perçus faussement comme une communauté impossible à intégrer et qu’on assistera à la reproduction rapide d’une force envahissante adepte d’une religion qui est plus une idéologie de conquête qu’une foi.
En utilisant les derniers faits et chiffres, je vais illustrer une vérité beaucoup moins alarmante au sujet de ces nouveaux arrivants. Voici 10 mythes courants à propos des musulmans en Occident.

1. Les musulmans ont un taux de natalité plus élevé que les autres religions et vont conquérir le monde par le nombre

Il y a deux générations de cela, il semblait que les pays musulmans étaient destinés à subir une croissance démographique hors contrôle. Certaines personnes ont parlé d’un « taux de fécondité musulman » - plus de 5 enfants par famille en moyenne - et ont prédit des minarets qui pousseraient partout sur terre.

Aujourd’hui, il est évident que Islam n’est pas forcement synonyme de croissance démographique. Il suffit de regarder l’Iran, le seul pays au monde avec une théocratie islamique, où la famille moyenne était d’environ 7 enfants dans les années 1980 - et en compte seulement 1,7 aujourd’hui, un taux inférieur à ce lui de la France ou de la Grande-Bretagne. Ou les Emirats Arabes Unis, avec 1,9 enfant par famille. Ou la Turquie, un pays gouverné par un parti élu et à référence islamique, qui a un nombre moyen de 2,15 enfants par famille. Ou encore au Liban où, malgré la montée en puissance du Hezbollah, n’a que de 1,86 enfant par famille (de sorte que sa population risque de décroitre).

Partout dans le monde, la taille moyenne de la famille musulman a chuté, passant de 4,3 enfants par famille en 1995 à 2,9 en 2010, et devrait décroitre en deçà du taux de croissance de la population en général, pour s’aligner à la taille moyenne d’une famille occidentale vers le milieu du siècle. C’est un signe important que les sociétés musulmanes surfent sur une importante vague de modernisation et de sécularisation - même si elles choisissent les partis islamistes pour les gouverner.

2. Les immigrants venant de pays musulmans vont inonder nos sociétés

Les gens ici regardent les familles de grande taille de nombreux nouveaux immigrants musulmans et imaginent qu’ils vont se multiplier à un rythme exponentiel. Mais c’est en quelque sorte une illusion - comme la plupart des données qui avancent que les immigrés musulmans ont des taux de fécondité plus élevés que dans leur pays d’origine. Ceci est dû tout simplement au fait que la plupart des nouveaux immigrants ont la plupart de leurs enfants durant les premières années de leur arrivée. La manière dont nous calculons l’Indice synthétique de fécondité - la taille moyenne de la famille - est en prenant le nombre total d’enfants qu’une femme a eu, puis on l’extrapole sur son cycle de fécondité. En conséquence, les immigrants semblent avoir plus d’enfants qu’ils en ont vraiment.

En réalité, la taille des familles d’immigrants musulmans converge rapidement vers celui d’une famille moyenne en Occident - cela semble même plus rapide que ce qu’était le cas pour les immigrants juifs ou catholiques en leur temps. Les musulmans en France et en Allemagne ont seulement 2,2 enfants par famille, à peine au-dessus de la moyenne nationale. Et tandis que les immigrants pakistanais en Grande-Bretagne ont 3,5 enfants par famille, leurs enfants nés sur le sol britannique en ont seulement 2,5. Partout en Europe, la différence entre le taux de fécondité des musulmans et des non-musulmans est tombé de 0,7 à 0,4, et tende vers une convergence à l’échelle continentale.

3. Les musulmans constitueront la majorité dans les pays européens

En fait, plusieurs grandes projections basées sur le taux de croissance de population et le taux d’immigration montrent que les populations musulmanes d’Europe croissent de plus en plus lentement et que d’ici le milieu de ce siècle - même si les taux d’immigration ne sont pas réduits - la proportion de musulmans en Europe atteindra probablement un petit pic de 10% (il est actuellement de l’ordre de 7%). En ce moment, les musulmans auront la taille des familles et les profils d’âge qui ne seront pas différents des moyennes européennes.

4. Les musulmans constitueront le principal groupe dominant parmi les communautés culturelles aux États-Unis

En dépit de la rhétorique hystérique émanant de Newt Gingrich, de Michelle Bachmann et de leurs semblables, non seulement les musulmans constituent un très petit groupe, mais aussi l’un parmi les groupes les mieux intégrés dans le pays - en particulier si l’on considère que 69% des musulmans américains sont des immigrants de première génération et 71% de ces immigrants sont arrivés après 1990. Il y a seulement 2,6 millions de musulmans aux États-Unis aujourd’hui. En 2030, ce nombre pourrait atteindre 6,2 millions (parce que les musulmans sont jeunes et fertiles) - et ne constitueront que 1,7% de la population, autant que les juifs et les épiscopaliens.

Même s’il s’agit d’une immigration récente, les musulmans américains ont tendance à être prospères économiquement et très instruits. Avec 40% d’entre eux qui détiennent un diplôme collégial, ils constituent le deuxième groupe le mieux instruit après les juifs - et beaucoup plus instruits que les Américains en général, dont seulement 29% d’entre eux ont le même diplôme.

5. Les immigrés musulmans en Occident portent les mêmes opinions rétrogrades que les musulmans du Moyen-Orient et du Pakistan

En fait, les musulmans changent leurs opinions et points de vue culturels de façon spectaculaire quand ils émigrent ailleurs. Par exemple, 62% d’américains musulmans disent que « il existerait une manière pour assurer l’existence de l’Etat d’Israël en respectant les droits des Palestiniens » - un taux à peine inférieur à celui des Américains en général (67%), et largement en avance sur les 20% à 40% des musulmans du Moyen-Orient qui seraient d’accord avec cette affirmation. De même, 39% des Américains musulmans et 47% des Allemands musulmans déclarent qu’ils tolèrent l’homosexualité, loin des nombres à un seul chiffre pour les réponses dans la plupart des pays musulmans - et ces taux augmentent à chaque génération d’immigrants. Sur ces questions importantes, les immigrants musulmans convergent rapidement vers les valeurs occidentales.

6. Les musulmans en Amérique sont plus fidèles à leur foi qu’à leur pays

Vrai. 49% d’Américains issus de milieux musulmans disent qu’ils se considèrent « musulman d’abord et américain ensuite » et 47% assistent à une prière de vendredi à la mosquée. Mais si l’on compare avec les Américains chrétiens, 46% de ces derniers disent qu’ils s’identifient « chrétien d’abord et américain ensuite » (ce nombre s’élève à 70% parmi les évangéliques). Et 45% des Américains chrétiens assistent à un événement dans une église tous les dimanches. En d’autres termes, les musulmans adoptent la même rigueur religieuse que les autres personnes qui les entourent dans le pays d’accueil. Nous voyons cette tendance d’une manière très claire en France, où un cinquième des musulmans sont athées et seulement 5% fréquentent une mosquée d’une manière régulière - presque au même niveau que les français chrétiens.

7. Les musulmans pauvres affluent de leurs pays surpeuplés vers l’Occident

En fait, les pays musulmans les plus pauvres et les plus peuplés sont ceux qui produisent le moins d’émigration - et très peu de celle-ci va vers l’Occident. L’immigration tend à provenir des pays ayant les taux de croissance de la population les plus faibles et elle est rarement effectué vers les pays les plus proches. Les musulmans sont loin de constituer le groupe le plus important parmi les immigrants - même dans les pays qui jouxtent immédiatement le monde musulman. En Espagne, pays très proche de plusieurs pays arabes pauvres, seulement 13% d’immigrants sont des musulmans : La plupart viennent de pays hispanophones à travers l’Atlantique. En Grande-Bretagne, seulement 28% des immigrants sont des musulmans. Et ces chiffres ne semblent pas prêts à augmenter.

8. Les immigrants musulmans sont en colère contre la société qui les entoure

En fait, les immigrants musulmans semblent être plus satisfaits que le monde qui les entoure et de ses institutions laïques que la population en général. Les immigrants musulmans aux États-Unis sont plus susceptibles de déclarer qu’ils sont « satisfaits de leur vie » (84%) que les Américains en général (75%) - et ce nombre s’élève à 90% pour les musulmans nés sur le sol américain. Même chez les musulmans qui habitent aux alentours d’une moquée qui a déjà été vandalisée - un événement de plus en plus fréquent - 76% disent que leur communauté est un « excellent » ou un « bon » endroit à y vivre. Cela s’étend souvent à une fierté des institutions nationales. Par exemple, 83% des Britanniques musulmans se disent "fiers d’être citoyens britanniques », contre seulement 79% des Britanniques en général - et seulement 31% des musulmans croient que « les meilleurs jours de la Grande-Bretagne font partie du passé » contre 45% des Britanniques en général.

9. Les musulmans en Occident approuvent la violence terroriste

Bien que ça puisse donner froid d’apprendre que 8% des Américains musulmans estiment que la violence contre des cibles civiles est « souvent ou parfois justifiée » si la cause est juste, il faut comparer cela à la réponse donnée par les Américains non-musulmans : 24% parmi ces derniers ont déclaré que ces attaques sont « souvent ou parfois justifiée ». Cela se reflète dans la majorité des grandes enquêtes. Quand un sondage de grande envergure a demandé si « les attaques contre les civils sont moralement justifiées », 1% de la population française, 1% de la population allemande et 3% de la population britannique ont répondu OUI ; parmi les musulmans vivant dans ces pays, les proportions étaient de 2%, 0,5 %, et 2% respectivement.

Interrogés s’il est « justifié de recourir à la violence pour une cause noble », 7% de la population française est D’ACCORD (8% chez les Français musulmans), même niveau d’accord chez 10% de la population allemande (moins de 2% des musulmans vivant en Allemagne) et 10% de la population britannique (8% des britanniques de confession musulmane). La raison peut-être est que 85% des victimes du terrorisme islamiste sont des musulmans.

10. Les musulmans sont devenus tellement nombreux que le nom le plus courant chez les nouveaux nés actuellement en Grande-Bretagne est Mohammed

C’est vrai - mais cela signifie autre chose que ce dont vous pensez. En 2010, si on combinait les 12 variantes orthographiques du nom du prophète des musulmans, « Mohammed » était plus populaire que n’importe quel autre prénom donné aux nouveau-nés. Mais ceci est plus une conséquence de tendances connues qu’autre chose. Dans un grand nombre de cultures à référence musulmane, TOUS les bébés de sexe masculin portent d’abord « Mohammed » comme premier prénom officiel. Mais, parmi beaucoup d’Occidentaux - surtout les blancs Anglo-Saxons et les Noirs chrétiens - il y a eu une grande croissance des noms de bébé peu orthodoxes - en 2011, ces groupes sont à 50% plus susceptibles que ce qu’ils étaient il y a une génération à donner à leurs enfants des prénoms rares . En conséquence, Mohammed parvient à occuper la première place, sans être perçu comme une chose commune - Toutes formes combinées, les bébés qui portent le nom du prophète des musulmans ne représentaient que 1% des Britanniques nés en 2010.

Ce billet a été traduit de l’anglais par Bouazza Mache.

Doug Saunders

Auteur et Chef de nouvelles du bureau européen, The Globe and Mail. Auteur du livre "The Myth of the Muslim Tide" (Le Mythe de la marée musulmane).

Sur le même thème : Charte des valeurs québécoises

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...