Du 25 novembre...
Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes …
Le 17 décembre 1999, l’ONU proclamait le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes rappelant que cette violence est un obstacle sur la voie de l’égalité, du développement et de la paix. Cette date commémore l’assassinat des soeurs Mirabal, trois militantes politiques dominicaines qui furent brutalement exécutées en 1960 sous les ordres du chef d’État Rafael Trujillo. Depuis, l’ONU invite les gouvernements, les institutions, les organisations internationales et non gouvernementales à organiser des activités afin de sensibiliser l’opinion au problème de la violence envers les femmes.
Le 25 novembre marque aussi le début des 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes, campagne reconnue internationalement, dans laquelle s’inscrit la campagne québécoise, qui se termine le 10 décembre, Journée internationale des droits de la personne.
… au 6 décembre
Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes
La Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes a lieu chaque 6 décembre au Canada. Le Parlement institua cette journée afin de souligner l’anniversaire du meurtre de 14 jeunes femmes en 1989 à l’École Polytechnique de Montréal (1). Ce geste de violence sexiste bouleversa la population. Cette journée permet donc aux Canadiennes et Canadiens de réfléchir au phénomène de la violence faite aux femmes et de penser à des actions concrètes pour éliminer ce fléau.
Tous les 6 décembre, les drapeaux canadiens sont mis en berne sur les bâtiments fédéraux. La population est invitée à porter le ruban blanc et à observer une minute de silence afin de commémorer le souvenir des 14 victimes de Polytechnique. Les autorités politiques sont ainsi incitées à prendre des engagements pour enrayer la violence faite aux femmes.
Pourquoi le thème de cette année ?
Depuis plusieurs années, des discours remettent en cause la spécificité de la violence envers les femmes : elles seraient aussi violentes que les hommes, qu’il s’agisse de violence physique, psychologique, verbale, économique et, même, sexuelle.
Rappelons que la violence envers les femmes désigne l’ensemble des comportements violents, individuels ou collectifs, se fondant sur le genre. D’ailleurs, les instances internationales reconnaissent l’existence de discriminations systémiques envers les femmes. La Déclaration de l’Organisation des Nations unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes affirme que : « la violence à l’égard des femmes traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes, et qu’elle compte parmi les principaux mécanismes sociaux auxquels est due la subordination des femmes aux hommes. » (2)
Mariages, grossesses ou avortement forcés ; mutilations génitales, crimes d’honneur, violence conjugale, traite, prostitution, exploitation, discrimination, commentaires sexistes, harcèlement, sexisme quotidien, privations politiquement tolérées de libertés et droits humains fondamentaux : tous ces traitements dégradants sont, partout, surtout imposés aux femmes.
Au Québec, en 2012 (3) les données policières montrent que les femmes forment 80% des victimes d’infractions commises dans un contexte conjugal. Outre ce constat, on remarque qu’elles composent la grande majorité des victimes d’agression sexuelle (96%), de séquestration (97%), d’enlèvement (95%) et d’homicide conjugal (93%). Parmi les femmes victimes, 25% ont été battues, 20% d’entre elles ont failli être étranglées, 13% ont été menacées d’une arme et 20% victimes d’agression sexuelle. Chez les hommes, les pourcentages respectifs sont de 10, 4, 8 et 3%. Les chiffres montrent aussi que trois fois plus d’hommes que de femmes posent des gestes constituant un danger pour leur partenaire. Le constat est vite fait ! 3, les données policières montrent que les femmes forment 80% des victimes d’infractions commises dans un contexte conjugal.
Au-delà des inégalités entre les hommes et les femmes quant à la fréquence de la victimisation et à la dangerosité des actes subis, il faut également souligner que la position sociale des femmes, ainsi que leurs expériences d’inégalités et de violence, sont structurées par de multiples systèmes d’oppression, susceptibles de les rendre davantage vulnérables aux différentes formes de victimisation.
L’enquête sociale générale (Statistique Canada, ESG, 2009) indique que les femmes limitées dans leurs activités, à cause d’une condition ou d’un problème de santé, sont quasiment deux fois plus sujettes à la violence conjugale que les autres femmes. Les femmes en situation de handicap et les femmes sourdes subissent beaucoup plus d’abus. (4) Elles sont victimes des formes les plus sévères de violences, dont l’agression avec une arme et l’agression sexuelle, et ce, sur de très longues périodes.
Au Canada (5), les femmes autochtones affichent un taux de victimisation plus élevé que leurs concitoyennes non autochtones, tant au chapitre de la violence conjugale que des autres formes de violence. Les statistiques indiquent que les femmes autochtones subissent des formes plus graves de violence conjugale et de violence aux mains de partenaires intimes ; elles sont aussi plus souvent victimes de tels actes de violence. Un nombre disproportionné d’entre elles sont assassinées, sans mentionner les disparitions jamais résolues. Les femmes autochtones victimes de violence conjugale étaient plus nombreuses à craindre pour leur vie que les non autochtones (52% par rapport à 31% des femmes victimes non autochtones). Mentionnons également que les femmes autochtones de 25 à 44 ans sont cinq fois plus susceptibles que les autres femmes du même âge de mourir par suite d’actes de violence (6).
Finalement, soulignons que plus de 95% des personnes exploitées sexuellement dans l’industrie du sexe sont des femmes. La traite à des fins d’exploitation sexuelle est la forme de violence envers les femmes la plus en expansion, et souvent oubliée (7).
On occulte donc la spécificité de la violence envers les femmes : cela se traduit par la propagation du concept de « symétrie ». On véhicule simultanément l’idée que l’égalité entre les femmes et les hommes est atteinte.
La violence envers les femmes est une violation de droits humains. Conséquemment, les autorités n’ont d’autre choix que d’intervenir en tenant compte de la spécificité de cette problématique et des différentes formes de victimisations vécues par les femmes. Notre but collectif est de pouvoir garantir, à toute femme, l’exercice effectif de son droit à la sécurité et à vivre dans une société sans violence.
Les femmes sont toujours victimes de violence parce qu’elles sont des femmes.
Nier les inégalités met les femmes en danger !
Le vendredi 6 décembre à 12h30
Rassemblement commémoratif au Palais de Justice, Rue Notre-Dame/coin St-Laurent, Montréal
• Allocutions de représentantes d’organisations féministes membres du Comité organisateur. o France Bourgault, L’R des centres de femmes du Québec
– Yasmina Chouakri, Table de concertation pour les femmes immigrées et racisées du Québec
– Alexa Conradi, Fédération des femmes du Québec
– Diane Matte, Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle
– Manon Monastesse, Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec
– Geneviève Morin-Dupont, Réseau d’action pour les femmes handicapées Canada
Sont membres du Comité des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes
la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)
la Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec (FRHFVDQ)
la Fédération des femmes du Québec (FFQ)
Femmes Autochtones du Québec (FAQ)
L’R des centres de femmes du Québec
le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC)
le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)
le Réseau d’action des femmes handicapées du Canada (RAFH)
SOS Violence conjugale
la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
Notes
1 Condition féminine Canada : http://www.cfc-swc.gc.ca/dates/vaw-vff/index-fra.html
2 ONU. 1994. Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, A/RES/48/104.
3 Toutes les données de 2012 sont tirées du ministère de la Sécurité publique du Québec (2013). http://www.securitepublique.
4 http://www.dawncanada.net/?enjeux=violence
5 Les données suivantes sur les femmes autochtones sont tirées de : http://www.cfc-swc.gc.ca/rc-cr/pub/violence-aboriginal-autocthone-fra.pdf
6 http://www.nwac.ca/sites/default/files/imce/NWAC_3E_Toolkit_f.pdf