Le discours du trône est une tradition sans portée légale ou politique. Néanmoins, ce énième discours de François Legault depuis son arrivée au pouvoir confirme l’absence des enjeux de pauvreté dans sa vision politique. Des enjeux qui brillaient aussi par leur absence, le 3 décembre, lors de la mise à jour économique.
La mise à jour économique est d’ailleurs un beau rendez-vous manqué pour le nouveau gouvernement qui n’a pas profité de cette occasion pour mettre fin au détournement des pensions alimentaires pour enfants, et ce, malgré son engagement électoral et l’appui qu’il a accordé, pas plus tard que le 30 novembre dernier, à une motion souhaitant la fin de cette injustice.
Pour les personnes qui vivent dans la pauvreté, tout montant supplémentaire peut faire une différence. C’est donc un pas dans la bonne direction que des familles puissent toucher 500 $ de plus pour leurs deuxième et troisième enfants ou que des aînéEs puissent disposer de 55 cents de plus par jour – ou 200 $ par année.
Il faut toutefois déplorer que le gouvernement continue d’ignorer des dossiers qui auraient un impact significatif sur le sort des personnes en situation de pauvreté. Surtout que plusieurs de ces dossiers (le salaire minimum, le financement des organismes communautaires, les logements sociaux et plusieurs autres) méritent une attention urgente.
Que ce soit en parlant d’éducation, des CPE ou de la maternelle 4 ans, François Legault, dans son discours du trône, a défendu l’idée que l’on doit « offrir à chaque enfant la possibilité d’aller au bout de [son] potentiel ». A-t-on réellement besoin de rappeler que lutter contre la pauvreté est aussi une façon de retirer des obstacles sur le chemin de plusieurs enfants ?
Le nouveau premier ministre a réitéré son refus d’être le « gouvernement d’un groupe ou d’une idéologie », c’est-à-dire, a-t-il précisé cette fois-ci, des groupes de pression, des syndicats et du patronat.
Dans le même souffle, le premier ministre a vanté son gouvernement « composé d’un nombre sans précédent d’entrepreneurs, de gestionnaires et d’anciens dirigeants de grandes entreprises », des gens près du patronat. Le doute est légitime : le patronat aura-t-il vraiment la même non-influence que les groupes citoyens ?
À plusieurs reprises, le premier ministre a parlé de l’importance pour le Québec d’être audacieux et fier. Il n’y a pourtant ni audace ni fierté à laisser une personne sur dix en situation de pauvreté.
Pour en savoir plus sur la réaction du Collectif à la mise à jour économique du 3 décembre dernier : https://goo.gl/CikwGH.
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