Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Europe

France : contre la réforme du code du travail

Vers les 300.000 signatures pour la pétition « Loi travail : non, merci ! » ? C’est possible !

Une chose est certaine : les meilleures surprises ne viennent plus des « politiques », quels qu’ils soient, même si certain-e-s sont mieux que les pires. Elles ne viennent pas non plus de grandes personnalités médiatiques (même si… idem). Elles viennent d’acteurs et d’organisations ou réseaux de la société civile capables de rencontrer les attentes des millions d’« indigné-e-s » et de révolté-e-s par le cours actuel des politiques qui, en Europe et en France, sont en général menées contre les peuples et dans leur dos.

L’incroyable succès du film « demain » (plus de 600.000 entrées), par le bouche à oreille et les réseaux sociaux, le succès populaire très probable à venir du film « Merci patron ! » de François Ruffin (qui sort dans deux jours), les 3,2 millions de signatures de la pétition européenne « Stop Tafta » pour en finir avec le projet de traité transatlantique, la diffusion un peu partout des « Alternatiba » à partir d’une initiative exemplaire au pays basque, ne sont que quatre exemples de ces mobilisations décisives qui vont encore, je le crois, monter en puissance. Et qui sont en réalité le seul espoir que les choses changent vraiment.

On peut déjà prédire, et surtout souhaiter, un énorme succès à la pétition « Loi travail : non, merci ! », http://loitravail.lol/, elle aussi lancée « à la base » et qui a recueilli en deux jours et demi plus de 150.000 signatures. Et ce n’est pas fini, surtout si tout le monde la relaie par tous les moyens, de la proximité aux réseaux sociaux. Alors 300.000 ? Plus ? Cela dépend désormais de nous, de vous, de tous.

Comme cette pétition n’est pas le seul outil de résistance et qu’elle complète d’autres mobilisations en cours, syndicales entre autres, on peut espérer que le sort de ce projet scélérat ressemblera à celui du CPE en 2006.

Qui a lancé la pétition ?
Quinze personnes (huit hommes, sept femmes), dont leur animatrice Caroline De Haas (voir sa page Wikipédia). En voici la liste, pour information et en guise de remerciement à tous/toutes.

Sophie Binet, conseillère principale d’éducation en lycée professionnel, syndicaliste
Franck Bonot, steward, Unsa transport
Freddy Camus, délégué syndical CGT de Vetrotech Saint-Gobain France, secrétaire du syndicat.
Richard Germain, ouvrier en soudure à l’usine RENAULT LE MANS, syndicaliste CGT
Caroline De Haas, militante féministe, engagée en faveur de l’égalité femmes - hommes et de la lutte contre les discriminations.
Anne De Haro, déléguée syndicale CGT chez Wolters Kluwer FRance, conseillère prud’homale, juriste en droit social
Elliot Lepers, designer de politique, militant écologiste et féministe.
Franck Mikula, steward à Air France, syndicaliste UNAC CFE CGC
Samia Moktar, militante syndicale, présidente de l’UNL. .
Rina Rajaonary, Présidente de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne
Karl Stoeckel, cadre dans une association, délégué du personnel. Président de l’Union Nationale Lycéenne pendant le mouvement contre le CPE en 2006
Gentiane Thomas, technicienne en Recherche et Développement chez Solvay, militante CGT
Marie Hélène Thomet, secrétaire du Comité d’entreprise Fnac de Lyon Part Dieu
David Van der Vlist, avocat militant du Syndicat des Avocats de France
Marc Woto, technicien informatique chez helpline représentant syndical CGT

ANNEXE : les points critiques mentionnés dans le texte accompagnant la pétition.

Parmi les éléments proposés dans le projet actuel :

 En cas de licenciement illégal, l’indemnité prud’homale est plafonnée à 15 mois de salaire.
 Les 11 heures de repos obligatoire par tranche de 24 heures peuvent être fractionnées.
 Une entreprise peut, par accord, baisser les salaires et changer le temps de travail
 Les temps d’astreinte peuvent être décomptés des temps de repos
 Le dispositif « forfaits-jours », qui permet de ne pas décompter les heures de travail, est étendu
 Les apprentis mineurs pourront travailler 10 heures par jour et 40 heures par semaine
 Le plancher de 24 heures hebdomadaires pour un contrat à temps partiel n’est plus la règle dans la loi.
 Il suffit d’un accord d’entreprise pour que les heures supplémentaires soient 5 fois moins rémunérées.
 Une mesure peut être imposée par référendum contre l’avis de 70% des syndicats.
 Une entreprise peut faire un plan social sans avoir de difficultés économiques.
 Après un accord d’entreprise, un-e salarié-e qui refuse un changement dans son contrat de travail peut être licencié.
 Par simple accord on peut passer de 10h à 12h de travail maximum par jour.
 La durée du congé en cas de décès d’un proche (enfant, conjoint-e, …) n’est plus garantie par la loi.

Jean Gadrey

Jean Gadrey, né en 1943, est Professeur honoraire d’économie à l’Université Lille 1.
Il a publié au cours des dernières années : Socio-économie des services et (avec Florence Jany-Catrice) Les nouveaux indicateurs de richesse (La Découverte, coll. Repères).
S’y ajoutent En finir avec les inégalités (Mango, 2006) et, en 2010, Adieu à la croissance (Les petits matins/Alternatives économiques), réédité en 2012 avec une postface originale.
Il collabore régulièrement à Alternatives économiques.

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