17 mars de 2025 | tiré du site Arguements pour la lutte sociale
https://aplutsoc.org/2025/03/17/pour-une-politique-militaire-europeenne-proletarienne-et-democratique/
Texte
La situation militaire et diplomatique du continent européen, entre Trump et Poutine qui appuient l’extrême-droite, plonge les gouvernements capitalistes en place dans une crise profonde, laquelle se combine au mécontentement social montant. Dans la gauche et le mouvement ouvrier, prédominent bien sûr deux types de réactions : les uns s’alignent plus ou moins sur les discours et promesses des gouvernements et de la Commission européenne, les autres prétendent ne pas vouloir « faire la guerre pour l’Ukraine ». La répétition des recettes soi-disant traditionnelles ne conduit qu’à l’alignement sur l’ordre existant, c’est-à-dire sur le désordre de la multipolarité impérialiste, porteuse de guerre et d’oppression. Une politique révolutionnaire et démocratique doit, au contraire, prendre en main les questions militaires. Tel est le sens des points qui suivent.
Dans ce texte, le terme « nous » désigne non seulement Aplutsoc, mais toutes celles et ceux qui entendent affirmer une politique militaire prolétarienne et démocratique indépendante aujourd’hui, condition de toute politique révolutionnaire.
1°) Les États-Unis, qui l’ont toujours soutenue à minima, lâchent à présent l’Ukraine et se sont entendus avec Poutine pour l’aider, de fait, à dégager le petit secteur russe occupé au Sud de Koursk, pris d’assaut par d’énormes effectifs russes et nordcoréens au moment précis de la suspension du renseignement et des dernières livraisons d’obus. Incapables de continuer leur très lente progression dans le Donbass, les troupes russes menacent la région de Soumy d’une offensive.
L’Ukraine a besoin d’une aide militaire matérielle urgente, en matière de renseignement, question qui coïncide avec la nécessité pour les pays européens de se dégager des agences et trusts nord-américains (dont Starlink de Musk), de drones, d’avions et d’artillerie défensive anti-aérienne. Nous devons exiger ces livraisons immédiates et inconditionnelles des gouvernements européens.
2°) Lors d’un sommet en visio tenu le 14 mars, 5 États - Royaume-Uni, France, Turquie, Canada, Australie- se sont déclarés disposés à envoyer en tout 40.000 hommes en Ukraine en cas de cessez-le-feu. Cette prise de position est, sans le dire, un défi à Trump et donc à Poutine, tout en se situant dans le cadre d’un cessezle-feu entérinant l’occupation du Donbass, d’une partie du Sud de l’Ukraine, et de la Crimée, sans la reconnaître dans le principe. Le sens de ce projet est, tout en entérinant l’occupation d’une partie de l’Ukraine, de tenter de rendre impossible de nouvelles offensives russes vers l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie. Il signifie au moins le refus d’accepter l’occupation et le démantèlement de la totalité de l’Ukraine, qui reste l’objectif réaffirmé de Poutine. Mais le cadre dans lequel il se situe, ainsi que le fait qu’il ne verrouille pas le front baltique, justifie que nous ne soutenions pas en l’état actuel de tels discours – car il s’agit surtout de discours, surtout de la part de Macron.
Cependant, ils soulignent en creux la nécessité de troupes bloquant la menace de l’État russo-poutinien, qui demande d’autres moyens militaires et, surtout, politiques.
3°) La meilleure défense n’est pas celle qui coûte le plus cher, en transférant le produit des impôts aux trusts militaro-industriels, ni celle qui a les plus gros chars, c’est celle dont les moyens sont pensés par rapport aux objectifs : sauver l’Ukraine, défaire l’internationale néofasciste de Trump/Musk/Poutine, lutter contre tous les « libéraux » autoritaires.
Le plan ReArm Europe mis en avant par Ursula von der Leyen et la Commission européenne depuis le 5 mars dernier a pour caractéristique première de remettre les clefs à l’industrie militaire. Son souci véritable est lié au taux général de profit, qui stagne ou baisse, pas à la défense de l’Ukraine, du continent et des droits démocratiques et sociaux – plus exactement, il est lié à la défense de l’Ukraine dans la mesure, et seulement dans la mesure, où les impérialismes européens se trouvent dans l’obligation d’affirmer leur existence entre les impérialismes nord-américain, russe et chinois.
Le plan de la Commission – 650 milliards d’euros sur 4 ans dérogeant au Pacte de stabilité et de croissance (traité de Maastricht), facilité de prêts jusqu’à 150 milliards d’euros, possibilités d’investissements militaires pris sur le budget européen ou sur la Banque européenne d’investissements – n’est pas un plan rapide d’aide urgente à l’Ukraine, mais un plan de moyenne et longue durée de renflouement du secteur militaro-industriel européen : ce n’est pas la même chose !
4°) La première mesure de défense est donc bien la nationalisation des industries productrices d’armes, sans indemnités ni rachat. Il faut ici renouer avec une tradition vivante : celle qui avait imposé la nationalisation « punitive » du fabricant d’armes pour le compte du III° Reich, Renault en 1944 !
Nous pouvons sur ce point rejoindre le passage de la déclaration de la CGT française du 11 mars 2025 qui déclare :
« La CGT porte l’exigence d’un pôle public de défense et la nationalisation des industries stratégiques.
Cela commence par Atos, entreprise stratégique en cours de dépeçage, et par Vencorex, dont la fermeture menacerait 5000 emplois et notre approvisionnement stratégique pour la filière nucléaire civile et militaire. »
La CGT ajoute : « Le danger historique que fait peser sur nos sociétés l’internationale d’extrême droite en cours de constitution est d’abord démocratique, pas militaire. »
Le point essentiel est ici que la CGT appelle à la mobilisation, dans l’unité, contre l’Axe Trump/Musk/Poutine/Netanyahou. Contrairement à ce que dit la dernière phrase citée, le danger démocratique est bien, également, un danger militaire, sans quoi la question de la nationalisation des industries « stratégiques » ne pourrait être posée avec le caractère impératif que lui donne, à juste titre, cette déclaration de la CGT. Précisons que nous ne la revendiquons pas en raison de son caractère « stratégique », terme équivoque, surtout en France où il correspond à la notion gaullo-mitterrandienne de « l’État stratège », celui-là même qui a besoin d’une filière nucléaire tant civile que militaire – les deux sont en vérité indissociables.
Nous lui préférons donc la notion, qui vient de Jean Jaurès (l’Armée nouvelle, 1910), d’industries militaires à caractère défensif. La nationalisation s’impose pour fournir immédiatement les drones, les véhicules légers, les armes légères individuelles du type fusils d’assaut, le matériel de défense anti-aérienne, les avions et pour pourvoir aux besoins urgents, ukrainiens et européens, du renseignement et de la cybersécurité.
Une industrie militaire de nature défensive, non orientée vers l’accumulation des profits, n’aurait pas la contrainte à exporter auprès de dictatures ses produits, ni du point de vue financier, ni du point de vue technologique. Aujourd’hui, la France, 2° exportateur mondial, arme les Émirats Arabes Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Inde et Israël.
Bien entendu, si le but n’est ni le profit direct des marchands d’armes, ni le maintien du taux général de profit du capital, il n’y a aucune raison de rendre au capital industrialo-financier de ce secteur l’équivalent de son capital en puisant pour cela dans les fonds publics alimentés par les impôts : Airbus, Thalès, Safran, MBDA, Naval Group, Dassault Aviation … et en Allemagne Heckler et Koch (armes à feu portatives) doivent donc être expropriés, et la production de leurs usines et unités de production réorientée vers les seules armes socialement utiles pour la protection et la victoire des peuples contre les impérialismes. Un contrôle politique, à la fois national et syndical, doit donc s’exercer sur cette production.
Il ne s’agit pas de doper la production militaire pour les profits et la destruction, mais de la cantonner au rôle, hélas socialement utile, de la défense et de l’aide aux peuples insurgés.
L’armement massif et urgent de l’Ukraine, et même la réorientation de l’industrie française vers la protection européenne et son émancipation du commerce militaire américain, peuvent donc rationnellement se combiner à une réduction de la production effective de moyens de destruction : pas de missiles nucléaires, mais des drones en quantité illimitée !
5°) Le débat est rouvert dans toute l’Europe sur la question de quel type d’armée, quel type de mobilisation, quel type de relation entre armée et population. Nous devons intervenir dans ce débat, directement.
Le faux choix est celui qui oppose une armée de conscription à l’ancienne, qui renvoie à ce crime collectif et cette défaite du socialisme et de la démocratie que fut la mobilisation générale de plusieurs pays européens les uns contre les autres en 1914, et une armée professionnelle profilée pour des missions aéroportées ou navales de projection néocoloniale lointaine (« paras »), à la façon de guerres de projection en Irak et en Afghanistan. Nous ne voulons ni l’une ni l’autre.
Ce type de missions – les « OPEX » africaines de la France – n’est absolument pas ce dont une défense nationale, internationaliste et démocratique, a besoin, et relève des restes du colonialisme. Pas question de payer et de cautionner les derniers soubresauts de la France pour son dernier carré d’empire, celui formé par ses ZEE (Zones Économiques Exclusives) dans les océans Pacifique, Indien et
Atlantique.
La professionnalisation de type mercenaire ou policière est à bannir, au profit d’une conception nouvelle, démocratique, de l’armée professionnelle en interaction permanente avec le corps social.
Pour cela, la plus riche expérience récente est celle de l’Ukraine, depuis 2014 et plus encore depuis 2022 : auto-organisation sociale soutenant les soldats, expression directe de facto de ceux-ci dans les unités combattantes, maintien du lien syndical, organisation autonome des femmes soldates et des LGBT combattants avec leurs revendications.
Il convient aussi de se nourrir des autres expériences insurrectionnelles, ou de guerres de libération prolongées, du moment présent : le contre-exemple palestinien où le peuple est exproprié de ses moyens de combattre par le Hamas, et résiste avec ses pieds en revenant dans son habitat détruit ; l’exemple syrien où c’est le rationnement des armes qui a empêché l’insurrection de triompher dès 2011, mais où le HTC fin 2024 n’aurait jamais gagné sans la pression populaire, armée et non armée, tout autour de lui ; et le Myanmar où les groupes de combats de jeunes et des syndicats, fuyant les villes, se sont combinés aux guérillas nationales.
La conscription généralisée est contre-productive et oppressive, et contredit la mobilisation générale défensive, qui inclut la résistance populaire non armée et largement auto-organisée aux côtés et comme arrière-plan entourant de toutes parts la résistance armée. Nous ne voulons ni des mercenaires se prenant pour une aristocratie, ni des fantassins non qualifiés utilisés comme chair à canon dans des « usines à viande » selon l’horrible expression qui nous vient des pratiques russes et nord-coréennes actuelles. Chaque soldat individuel doit avoir eu une formation, laquelle se prépare dans le cadre de l’instruction publique égale pour toutes et tous, et leur encadrement doit être éduqué dans le principe du respect des personnes et contrôlé en ce sens. A contrario, une partie de la pratique ukrainienne développée sous la pression de la population et de la jeunesse, montre ce que peut être une première ligne compétente, qualifiée, équipée de drones, ne fonctionnant pas en vagues d’assaut suicidaires, et renouvelée dans la mesure du possible. Ni la « boucherie », ni les armes de destruction massive (nucléaires, chimiques, bactériologiques) n’appartiennent aux méthodes et à l’arsenal des combattantes et des combattants de l’émancipation humaine.
Celle-ci doit donc être le fait de corps de professionnels qualifiés et renouvelés, renforcés d’effectifs mobilisés, si possible dans des tranches d’âges épargnant la jeunesse à l’exemple de l’Ukraine (mais l’accueillant dans le cadre du volontariat et de la préparation), préparés par une défense territoriale correspondant à ce que Jaurès et Trotsky entendaient par le terme de « milice ».
Une armée combattante comporte donc des professionnels, des mobilisés et un arrière proche mobilisé avec elle dans la résistance non armée. Elle est mixte au plan du genre, ménage systématiquement des moments de discussion et de liberté de parole, la pleine reconnaissance de la liberté d’expression, d’organisation et de la liberté politique des soldats, et ses membres sont organisés en syndicats et en assemblées périodiques, qu’on les appelle conseils, comités de soldats, sitch ou tout autre nom, mais naturellement pas en phase de combats ou d’opérations, où la discipline rigoureuse est justement confortée par la démocratie lors des autres moments.
Mesurons l’écart abyssal entre cette perspective et les discussions récemment ouvertes par le gouvernement Macron/Bayrou/Lecornu sur une éventuelle militarisation du SNU !
Le SNU n’a jamais eu de vocation réellement militaire, et n’a été conçu que comme un moyen d’embrigadement et de pression sur la jeunesse, contre la jeunesse. La perspective d’une armée nouvelle, démocratique, et le combat contre le SNU, vont ensemble.
La jeunesse ne peut que repousser ces procédures visant à l’encadrer en la méprisant et en se méfiant d’elle, puis en la brimant et en la réprimant. Par contre, si elle ressent le désir de se battre pour un avenir humain vivable, elle sera la première force à porter, avec les femmes du prolétariat, un éventuel élan militaire défensif, comme cela s’est produit en Ukraine en février-mars-avril 2022. De même que la transition vers l’union des peuples européens contre les oligarques et les tyrans ne sera pas le fait des Macron, la transition vers l’armée démocratique nouvelle ne se fera pas à partir du SNU, mais en le brisant.
6°) Presse et hommes politiques parlent et bavardent sur la « défense européenne ». Oui, il faut une défense européenne. Mais qu’est-ce qu’une défense européenne ?
C’est une défense démocratique, populaire, armée et non armée. Ce n’est pas ce qui a avorté avec le projet de Communauté Européenne de Défense en 1954, ni ce que prévoit le traité de Maastricht de 1992, ni le type de défense dont l’OTAN a amorcé l’encadrement. Une défense européenne authentique se définira seulement par ses buts défensifs :
• Défense de l’Ukraine et de tous les peuples d’Europe centrale et orientale, ainsi que les peuples de la Russie, contre l’anéantissement ou l’oppression russo-poutinienne.
• Défense des Palestiniens contre les projets de déportation de masse et d’anéantissement de Trump et de Netanyahou, ce vieux pote de Poutine.
• Défense des migrants dans toute l’Europe et en Méditerranée comme en Amérique du Nord.
De même que les États capitalistes existants n’ont jamais été capables de s’unifier réellement en Europe, de même les impérialismes européens ne sont pas porteurs d’une véritable défense européenne. Le fait qu’ils se trouvent tous dans l’obligation d’en parler, d’en parler, d’en parler encore, traduit à cet égard leur caducité historique. Cette défense s’impose : l’assumer, la préconiser, la vouloir, ce n’est pas s’aligner sur les impérialismes européens et sur l’Union Européenne telle qu’elle existe, c’est au contraire comme cela qu’on les combat efficacement.
7°) L’OTAN, en crise depuis des années, entre donc à présent en crise peut-être bien terminale. En même temps, le mot d’ordre « sortie de l’OTAN » ou « rupture avec l’atlantisme » n’est que l’écho radotant de phrases récitées par cœur depuis des années par une partie de la gauche, stalinisante, souverainiste ou « radicale » : la mise en avant de ce mot d’ordre, combinée à celui d’une soi-disant « paix », n’a strictement pas d’autre conséquence pratique qu’au mieux capituler, au pire participer, à l’offensive de l’Axe Trump/Musk/Poutine, de cette internationale fasciste que dénonce aujourd’hui la CGT.
Ni « sortie », ni « maintien » : prise en main, sans et contre Trump, sans et contre les États-Unis, pour aller vers une défense européenne réelle, qui ne sera donc pas l’OTAN, mais qui devra sans doute avoir une forte dimension « atlantique » et également arctique, avec le Canada et le Groenland affirmant leur indépendance contre la menace trumpiste.
D’ores et déjà, les pays baltiques et scandinaves (dont les deux derniers adhérents de l’OTAN, la Suède et la Finlande) sont confrontés à la nécessité d’associer plus étroitement leurs militarisations respectives, et ce besoin s’étend maintenant au Canada et au Groenland, tendant à court-circuiter l’OTAN dont ces États étaient, avant Trump, les premiers partisans !
Et le premier maillon de cette défense commune sera donc l’armée ukrainienne, présentement la plus aguerrie, et incontestablement la plus efficace et la plus expérimentée, du continent, voire du monde.
8°) L’ensemble des mesures militaires et militaro-diplomatiques exposées dans les points précédents doivent aller de pair avec des mesures anticapitalistes qu’impose également la défensive contre l’Axe Trump/Musk/Poutine :
• Confiscation des avoirs russes gelés et des biens de ces messieurs les oligarques, quoi qu’en disent les défenseurs de la propriété privée inviolable et sacrée de la France « insoumise » et du PCF, d’accord en cela avec Macron !
• Abrogation de la dette extérieure ukrainienne.
• Confiscation, et nationalisation sous contrôle démocratique international, des trusts des géants des « GAFAM » appartenant aux escrocs-prophètes incendiaires, les Musk, Zuckerberg, Altman et autres … Bien entendu, les moyens politiques internationaux de cette socialisation n’existent pas aujourd’hui, mais il faut bien poser la question et commencer par un bout.
Une orientation militaire non pas militariste, mais tournée vers les vrais besoins défensifs et d’abord ceux de l’Ukraine ; et des mesures anticapitalistes correspondantes : tout cela est parfaitement compatible, en faisant payer les riches, avec la hausse des salaires, la défense des retraites et des services publics, la satisfaction des besoins sociaux fondamentaux. C’est non seulement compatible mais c’est en réalité moins dispendieux que la « politique de l’offre » et des cadeaux aux patrons, et que la politique industrielle au service des marchands d’armes et de la production d’armes de destruction massive plutôt que d’armes pour les peuples.
Les libéraux, les patrons et autres macroniens qui nous disent qu’il faudra partir en retraite à 67 ans « pour payer l’effort de guerre » sont les véritables saboteurs de l’effort de défense. Non à l’union sacrée avec eux, pour la défense véritable !
Au contraire, la défense et l’extension des conquêtes sociales et les mesures d’urgence écologique ne se feront qu’en même temps que l’effort anticapitaliste de défense, par la prise en main démocratique et sociale des moyens de répondre aux besoins communs.
9°) Tout le programme exposé ici appelle des gouvernements démocratiques représentant les besoins sociaux majoritaires, en lieu et place des gouvernements actuels.
Le combat pour imposer de tels gouvernements et le combat contre l’extrême droite que l’Axe Trump/Musk/Poutine veut installer au pouvoir en Europe, sont un seul et même combat. Ainsi, en France, nous combattons Macron non parce qu’il serait identique à Le Pen, mais parce qu’il a tout fait, sur sa propre orientation de plus en plus illibérale, pour lui paver la voie.
Un point absolument essentiel à comprendre est que ce programme ne conduit pas à la guerre, mais à la paix. Ce sont les « pacifistes » qui nous mènent à la guerre.
En effet, si les États européens apportaient l’aide d’urgence nécessaire à l’Ukraine, coupaient les vivres à Netanyahou, affrontaient ouvertement Trump et Poutine, ils créeraient une dynamique victorieuse, celle du mouvement des peuples, conduisant à la chute de Poutine et à l’arrêt du coup d’État trumpiste en marche aux États-Unis. C’est cette voie-là, la voie de la révolution, qui peut seule éviter la guerre, tout en la préparant si elle devait finir par arriver.
Aller à la paix par la révolution en chassant Poutine et Trump ou bien aller à la guerre par la paix avec eux, voilà l’alternative dans le monde réel !
10°) La réalisation de ce programme de combat ouvrirait une phase nouvelle, permettant enfin de s’occuper pleinement de l’urgence écologique, de discuter dans chaque pays et collectivement des formes de l’union politique libre des peuples d’Europe, et de leurs liens avec les peuples du « Sud » et d’ailleurs, et aussi d’entamer la liquidation des stocks d’armes de destruction massive, notamment nucléaires, une nécessité liée à celle de se débarrasser de Poutine et Trump.
Au moment présent, le facteur nucléaire n’intervient en réalité pas dans la définition des besoins réalistes de la défense européenne. Les missiles atomiques n’auraient aucune utilité en cas d’attaque « hybride » sur les pays baltes ou la Moldavie, par exemple, sauf à croire que tuer tout le monde à Moscou (mais Poutine n’y sera pas !) servirait à épargner les Lettons ou les Moldaves, ce qui est cruellement illusoire. La dissuasion française face à la Russie n’a de sens que dans une logique interimpérialiste, mais si l’on envisage la guerre pour la libération des peuples, elle n’en a plus. En fait, la principale question « nucléaire » posée à ce stade, relativement pressante mais dont nos chefs d’État se gardent bien de parler ouvertement, est celle du débranchement du nucléaire britannique par rapport à son grand frère américain.
11°) En dehors du cadre du présent texte, la discussion est nécessaire, en France, sur où en est l’exigence d’un gouvernement démocratique légitime, qui, après les législatives de juillet 2024, s’exprimait dans celle d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire (Lucie Castet) qui hausse les salaires, abroge la réforme des retraites et sauve les services publics, trois points auxquels il convient d’ajouter l’urgence écologique et l’aide militaire immédiate à l’Ukraine comme amorce du programme présenté ici.
Le 16/03/2025.
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