Le Canada a perdu sa tradition d’accueil
Hier, les médias ont révélé que le ministre fédéral de l’Immigration, Chris Alexander, est rentré d’urgence à Ottawa pour s’occuper de cette grave crise humanitaire. Éclaboussé par les révélations selon lesquelles son ministère aurait refusé la demande d’asile de la famille du petit Aylan Kurdi, il défend, sans surprise, le bilan de l’administration Harper en matière d’accueil des personnes réfugiées.
Qu’a donc fait exactement le gouvernement Harper depuis qu’il est au pouvoir ? Il a contrevenu à ses obligations en matière de protection des personnes réfugiées en adoptant des mesures qui ont complexifié encore plus le processus de demande d’asile, sous le couvert de la sécurité nationale. Cela a entraîné du même coup un recul important en matière de respect des droits fondamentaux des personnes réfugiées.
On retrouve notamment parmi ces mesures : les délais qui ont été considérablement raccourcis pour présenter une demande, le retrait du droit d’appel pour les personnes issues des pays considérés « sécuritaires », les recours pour contester les refus qui ne sont plus disponibles pour un très grand nombre de demandeurs, dont l’examen des risques avant renvoi et la demande pour motifs humanitaires. Résultats : les demandes d’asile ont baissé en flèche, passant de 35 000, en 2008, à 10 000, en 2013, le chiffre le plus bas depuis 1989.
Rappelons également que cette administration n’a pas non plus hésité à effectuer des compressions importantes dans le Programme fédéral de santé intérimaire qui vise à assurer des soins de santé de base aux personnes réfugiées et aux demandeurs d’asile. Pendant qu’on prenait toutes ces mesures, on augmentait sans vergogne les budgets pour la défense et l’armement.
Quand l’idéologie conduit au drame
À elle seule, la photo de ce petit garçon mort sur une plage montre à quelle situation extrême peut conduire l’idéologie lorsqu’elle sert à écrire les politiques d’un gouvernement qui les applique aveuglément, sans tenir compte des êtres humains qui les subissent.
Le Canada a déjà été une terre d’accueil. Il a le devoir, aujourd’hui, de renouer avec son histoire, d’ouvrir ses frontières et d’accueillir ces personnes qui fuient l’horreur.