Lettre du 14 avril 2010
Pour ma part, j’ai connu Michel, en 1970, alors que j’étais impliqué au comité d’action politique (CAP) du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec (SFPQ), syndicat fondé grâce au soutien de la CSN et encore affilié à cette centrale à l’époque. Bien sûr, je connaissais Michel de réputation. L’histoire syndicale québécoise avait été marquée par cet homme engagé depuis longtemps lorsque j’ai eu l’honneur et le privilège de le connaître. Je me souviens d’une brève rencontre sur la rue Saint-Denis à Montréal où je lui apprenais mon départ du CAP du SFPQ parce que j’avais refusé de faire des compromis. Il m’avait alors grondé (c’est le moins qu’on puisse dire) parce qu’il estimait qu’il valait la peine de faire des compromis pour faire avancer une cause. Preuve que Michel Chartrand n’était pas un homme aussi « boqué » que certains voulaient le faire croire.
Comme bien d’autres, j’ai été très impressionné et influencé par cet homme de parole et d’action. J’aurais bien aimé avoir quelques-unes de ses forces et de ses qualités pour servir les travailleurs et les travailleuses aussi bien que lui. J’espère avoir été à la hauteur.
À chaque fois que j’ai eu l’occasion de le voir ou de le côtoyer j’ai pu constater la détermination et l’acharnement qu’avait Michel Chartrand dans la défense des droits et de la dignité des travailleuses et des travailleurs et de toutes les personnes laissées pour compte dans la société capitaliste. Cette réalité subsiste toujours. Cela exige des militantes et des militants d’aujourd’hui de s’inspirer du combat de Michel Chartrand pour retrouver sa fougue, son énergie et sa détermination.
Mes derniers contacts directs avec Michel remontent à l’époque où j’étais président national du Syndicat de la fonction publique du Québec (nouvelle appellation du SFPQ). Des jeunes, qui considéraient être mis de côté dans la fonction publique à cause des dispositions des conventions collectives, l’avaient contacté pour obtenir qu’il dénonce les syndicats corporatistes. J’ai pu le rencontrer et discuter un bon moment avec lui pour expliquer que le problème réel vécu par les jeunes dépendaient davantage des politiques gouvernementales de réduction d’effectifs que des conventions collectives. Je garde un souvenir profond de ce moment. J’ai eu, alors, l’occasion de rencontrer un homme retraité, mais toujours engagé et à la recherche des vraies affaires, comme on dit souvent.
Je souhaite donc exprimer à la famille de Michel Chartrand, ainsi qu’aux personnes qui lui étaient restées les plus proches au cours des dernières années, mes plus sincères condoléances. Je regrette profondément de ne pouvoir me joindre à vous toutes et tous pour les obsèques de Michel étant à l’étranger jusqu’à la fin mai. Soyez assurés que mon cœur, mon esprit et mes souvenirs sont totalement avec vous.
En terminant, permettez-moi de saluer Michel Chartrand, l’homme de combat et de justice sociale. J’entends continuer à participer à ce combat jusqu’à la limite de mes capacités parce que c’est ce que Michel m’a enseigné.
Serge Roy
Militant du SFPQ et de la CSN de 1967 à 1972
Militant du SFPQ de 1967 à 2001
Président national du SFPQ de 1996 à 2001
