Pour le 17 octobre à Trois-Rivières, la Marche mondiale des femmes avait fait un appel à la mobilisation pour recueillir 1186 femmes afin de participer à un die-in. Des femmes autochtones ont pris la parole et à un moment, l’animation cesse et des coups de tambours se font entendre. C’était notre signal : s’étendre à terre.
Le symbole devait être efficace, voir un aussi grand nombre de femmes au sol. C’est un visuel marquant quand on sait ce qu’il représente. Comme la souligné Viviane Michel, le nombre de femmes disparues ou assassinées représenterait 8 0000 femmes québécoises ! C’est énorme. C’est en geste de solidarité, comme femme allochtone, que je me suis aussi allongée. J’ai fermé les yeux et j’ai écouté, j’étais déjà émotive.
Viviane Michel aussi, ça s’entendait dans sa voix. Dans ma tête : je ne sais pas de quoi on a l’air couché à terre, quel visuel ça donne…je regarderai les photos plus tard, je sais qu’il va en avoir, le silence est tellement grand que j’entends les petits clics d’appareils photo. Je ne vois pas, mais je ressens une lourdeur.
Puis on s’est relevé, une personne m’a tendu la main. Ça l’air un peu naïf, mais je sais que ce n’est pas à moi qu’elle voulait tendre la main et je sais que ce n’est pas moi qui en avait besoin. C’était davantage le geste de solidarité que nous avons envie qui se concrétiser entre les peuples autochtones et allochtones.
Ce geste de solidarité commence par la reconnaissance de la revendication d’obtenir une enquête publique indépendante pour les femmes autochtones disparues ou assassinées. Ce geste est d’autant plus important dans le contexte actuel où de plus en plus de femmes dénoncent d’autres formes de colonialisme, on pense ici à celles de qui ont pris tout leur courage pour dénoncer le viol des policiers sur elles.