Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Langue française

Un Québec fort dans une francophonie unie ?

Avec la visite d’Emmanuel Macron aux États-Unis, la tenue du 18e sommet de la Francophonie et le discours de François Legault pour l’ouverture de la première session de la 43e législature de l’Assemblée nationale du Québec, les pays de la francophonie semblent actuellement prêts à se donner des bases solides pour que les 321 millions de parlant français dans le monde, possiblement 750 millions en 2050, puissent affronter leurs défis communs.

La langue française est définitivement à l’avant-scène au niveau mondial depuis quelques semaines. Non seulement le 18e sommet de la Francophonie a été une réussite, malgré les doutes que plusieurs entretenaient dans les médias, mais au terme de trois jours de visite aux États-Unis en début décembre, Emmanuel Macron a réussi à s’imposer comme l’interlocuteur privilégié de l’Union européenne face à Washington, couronnant cette visite par une tournée triomphale en Louisiane, baptisée en l’honneur de Louis XIV, ou il a revigoré les espoirs des adeptes de la langue de Molière en Amérique. La France qui a régné sur une grande partie de l’Amérique du Nord de 1534 à 1763 y compte encore quatorze millions de personnes parlant sa langue, dont près de la moitié vivent au Québec.

Cet exploit, qui passera à l’Histoire, est possiblement dû à l’expérience que Macron a accumulée pendant son premier mandat et à des atomes crochus qu’il a développés avec Joe Biden. Les deux chefs d’État veulent une alliance entre leurs pays pour défendre les libertés et la démocratie face à la Russie et la Chine qui attaquent ouvertement ces valeurs considérées comme des progrès sociaux acquis péniblement au fil des siècles. Biden a intentionnellement renforcé l’autorité européenne du dirigeant français, espérant une Europe forte à ses côtés. Il y avait longtemps que le président de la France n’avait pas occupé une place aussi importante dans la diplomatie internationale. Les yeux de la planète sont donc actuellement rivés sur un membre important de la francophonie, un avantage indéniable pour la visibilité mondiale du français.
18e sommet francophone à Djerba
Le deuxième événement important pour la francophonie est son 18e sommet mondial qui s’est déroulé à Djerba en Tunisie à partir du 20 novembre. Ces sommets définissent les orientations de la Francophonie pour assurer son rayonnement dans le monde. D’une durée de deux jours, il a mis l’accent sur le « numérique comme vecteur de développement ». Environ 90 délégations, plus d’une demi-douzaine d’organisations internationales et une trentaine de dirigeants s’y sont présentés. Ceux-ci y ont affirmé vouloir jouer un rôle accru à l’international dans la résolution des crises en cours.

La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mishikiwabo a déclaré pendant le sommet vouloir une Francophonie décomplexée et plus soudée dans l’élaboration de positions communes pour aller vers un multilatéralisme repensé. « La Francophonie doit rester un trait d’union pour éviter que les tensions ne dégénèrent en conflits », a-t-elle souligné lors de cette rencontre dans laquelle elle a obtenu un deuxième mandat de quatre ans. L’OIF, qui regroupe 88 pays, cherche actuellement à faire de la francophonie un pouvoir économique. Elle se préoccupe particulièrement de l’emploi des jeunes.
Une synergie avec le Québec ?

La prise de position du premier ministre du Québec, François Legault, pendant son discours d’ouverture de la première session de la 43e législature à l’Assemblée nationale en début décembre, est le troisième élément qui pourrait marquer la francophonie. Le gouvernement du Québec à décider de sélectionner à l’avenir une immigration 100 % francophone. C’est que la nation québécoise, une société distincte qui se gouverne en français dans une mer anglophone nord-américaine, perd lentement sa langue. Est donc visé de stopper le déclin du français dans cette région du monde. « On va orienter nos mesures de recrutement en fonction de la connaissance du fait français, en fonction du fait que les pays seront francotropes », a déclaré la ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette qui semblait convaincue de pouvoir réaliser cet objectif. « J’aimerais ajouter qu’il y a plus de 320 millions de locuteurs francophones de par le monde. Je ne peux pas croire que parmi ces 320 millions qu’il n’y en a pas suffisamment qui correspondent aux besoins, aux profils. »

La délégation québécoise a d’ailleurs profité du sommet de la francophonie pour accroître sa présence en Afrique francophone où elle considère que les occasions d’affaires se multiplient. François Legault a affirmé à Djerba miser sur l’importance du français, troisième langue d’affaires dans le monde, pour tisser des liens commerciaux plus forts et accroître ses échanges économiques avec les autres pays francophones. Le Québec a un avantage qui n’est pas à dédaigner. Il est une nation développée qui n’a colonisé aucun pays, ce qui lui évite des conflits avec certains États qui ont acquis le butin de guerre qu’est le français au prix de souffrances pouvant être encore ressenties de nos jours. Le Québec semble donc enligner sa vision du futur avec celle de l’OIF, ce qui pourrait amener plus de symbioses prometteuses pour toute la francophonie.

Michel Gourd

Michel Gourd

Résident de L’Ascension de Matapédia.

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