À l’occasion de son cinquantième anniversaire, le Mouvement Action-Chômage (MAC) de Montréal nous replonge dans l’histoire des politiques sociales du Canada et des luttes ouvrières pour défendre l’assurance-emploi. Après une pandémie marquée par le non-emploi, le temps est venu de célébrer les vertus de l’assurance-emploi et d’en finir avec le dogme du « mauvais pauvre » ou du « paresseux de la PCU ». Pour qu’on ne réponde plus bêtement à un sans-emploi : « Trouve-toi une job ! ».
À propos du livre
« Ce mépris institué, cette méfiance permanente à l’égard de toute aide consentie aux travailleur·ses constitue précisément le fil d’Ariane de l’histoire racontée dans ce livre. Cette petite histoire des luttes des sans-emploi pour l’assurance-chômage retrace au fond l’histoire d’un droit à la dignité sans cesse à (re)conquérir ; un droit qui ne peut être acquis que par la lutte. » – Extrait de la préface d’Aurélie Lanctôt
Depuis 2020, la pénurie de main-d’œuvre qui sévit sur le marché de l’emploi canadien opère un renversement du rapport de forces entre employeurs et travailleur·ses. Au même moment, la pandémie de COVID-19 devenait un laboratoire pour l’octroi d’allocations universelles et généreuses, dont les mesures temporaires du régime d’assurance-emploi, qui prendront fin le 25 septembre 2022. Si le monde du travail se voit bousculé, la personne chômeuse continue cependant d’avoir bien mauvaise presse dans une société où la voix des patrons d’entreprises semble toujours primer. À tel point que le mythe du « mauvais pauvre » persiste.
À l’occasion de son cinquantième anniversaire, le Mouvement Action Chômage (MAC) de Montréal a exhumé des milliers de documents de ses archives, témoins des luttes ouvrières et populaires contre la pauvreté des travailleur·ses. Sous la plume de Jérémie Dhavernas, le portrait qui en ressort conjugue habilement l’histoire peu connue de la vie démocratique qui a animé ce groupe communautaire à celle, plus large, des politiques sociales au Canada. De l’escouade anti-chômeurs (1971) au saccage du régime par le gouvernement Harper (2012), en passant par le vol de la Caisse d’assurance-emploi à partir de 1996, les chômeur·ses ont non seulement été les premières cibles d’un capitalisme d’État décomplexé cherchant à tout prix à dompter la main-d’oeuvre, mais aussi les boucs émissaires de préjugés tenaces.
Une histoire du chômage et des luttes ouvrières contre la pauvreté.
Qui ose, au Québec, parler avec estime des chômeur·ses ? En sous-texte des questions de travail et de chômage se trouvent la pauvreté et les préjugés qu’elle attire malgré elle. Si l’objet des luttes a fondamentalement évolué au fil des ans, le cœur des enjeux demeure le même. Mais pourquoi faudrait-il couper dans le « gras » de l’assurance-chômage alors qu’une poignée d’individus et d’entreprises accumulent des richesses illégalement par le biais des paradis fiscaux ? Après une pandémie marquée par le non-emploi, le temps est venu de célébrer les vertus de l’assurance-emploi et d’en finir avec le dogme du « mauvais pauvre » ou du « paresseux de la
PCU ». Pour qu’on ne réponde plus bêtement à un sans-emploi : « Trouve-toi une job ! ».
À propos de l’auteur
Jérémie Dhavernas travaille au MAC de Montréal. Il a cosigné, avec Anaïs Dupin, la présentation du livre de Jean-Charles Pagé, Les fous crient au secours !, réédité chez Écosociété en novembre 2018.
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