Édition du 17 décembre 2024

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Services de garde : la CAQ choisit son « modèle d’affaires » au détriment des enfants

L’élection partielle dans Louis-Hébert aura eu pour effet de pousser la Coalition avenir Québec (CAQ) à accélérer ses annonces d’intention en vue des prochaines élections générales.

À peine élue, Geneviève Guilbault, la nouvelle porte-parole de la CAQ en matière de famille, a déclaré miser sur le « modèle d’affaires » des garderies privées non subventionnées. Ce faisant, elle reprend également la vieille marotte caquiste de subventionner les familles qui décident de garder leurs enfants à la maison.

Choisir le mauvais camp

Ce que nous avons fait au Québec pour nos tout-petits est remarquable . Nous avons fait le choix collectif de soutenir les services éducatifs à la petite enfance afin de faire deux choses : permettre à un maximum de femmes d’intégrer ou de réintégrer le marché du travail et réduire les inégalités en favorisant les meilleures conditions de vie possible pour l’ensemble des enfants du Québec.

Les CPE et les services de garde en milieu familial régis et subventionnés sont des services d’une qualité supérieure aux services privés. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait. C’est l’Institut de la statistique du Québec qui fait ressortir ces différences. Il y a sept fois plus de plaintes en garderie privées non subventionnées que dans les services éducatifs à la petite enfance publics.

Pourquoi ? Parce que le personnel est plus qualifié au public qu’au privé. Parce qu’au public, on ne rogne pas sur la qualité des repas ou sur les collations pour augmenter la rentabilité. Parce que la priorité, c’est un environnement éducatif pour les enfants et non pas le profit.

Économiser sur le dos des enfants

Quand la CAQ nous dit : « On encourage beaucoup le modèle d’affaires que sont les garderies privées non subventionnées. C’est vraiment une forme d’entrepreneuriat que, nous, on souhaite soutenir », ce qu’il faut comprendre c’est que, comme le Parti libéral du Québec (PLQ), ils souhaitent économiser des sous sur le dos des enfants.

Depuis la hausse du crédit d’impôt pour les frais de garde et la modulation pour les tarifs des services de garde subventionnés, le nombre de places en garderies non subventionnées à but lucratif a explosé. Entre 2009 et 2016, elles sont passées de 7000 à plus de 55 000 : une expansion de près de 700 %.

Pourquoi le gouvernement du PLQ a-t-il fait ce choix ? Pour dégager des surplus budgétaires indécents parce que, oui, les services éducatifs à la petite enfance publics coûtent plus cher que de subventionner les parents qui envoient leurs enfants au privé.

Sauf que cette économie à court terme aura des conséquences coûteuses à moyen et long terme. Des conséquences qu’on a amplement les moyens d’éviter.

Un projet de société

Les services éducatifs à la petite enfance du Québec font l’envie de beaucoup de nos voisins au Canada anglais et aux États-Unis. C’est un modèle qui est même préconisé par le Massachusetts Institute of Technology. Les sommes dévouées à l’éducation à la petite enfance ne sont pas une dépense, mais bien un investissement. C’est bien plus que des garderies, c’est un véritable projet de société !

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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