Tiré de Tlaxcala.org
Au cours des 100 premiers jours de son gouvernement imaginaire, la gauche mènerait une révolution. Principalement, mais pas entièrement, dans sa relation avec l’occupation, le sujet qui définit l’identité d’Israël plus que tout autre. La première résolution adoptée par le gouvernement de gauche mettrait fin au siège de la bande de Gaza. En un jour, comme lors de la chute du mur de Berlin, la bande serait libérée, ses 2 millions d’habitants seraient des gens libres. La mer serait ouverte, et la frontière avec Israël serait ouverte et contrôlée. En même temps, un appel serait lancé d’Israël, invitant les dirigeants du Hamas à une réunion. Ils pourraient très bien nous surprendre. Nous avons beaucoup de choses à discuter avec eux.
La prochaine étape, également immédiate, serait une libération massive des Palestiniens incarcérés en Israël. Tous les milliers de prisonniers politiques et les centaines de personnes qui sont détenues sans procès, dans ce qu’on appelle la détention administrative, tous les enfants palestiniens et les malades dans les prisons israéliennes seraient libérés d’un seul coup. A leur tête se trouverait Marwan Barghouti, la seule personne capable de réunir les Palestiniens.
Barghouti doit être libéré immédiatement, tout comme F.W. de Klerk a libéré Nelson Mandela peu de temps après être devenu président. Le reste doit également se faire à la vitesse stupéfiante à laquelle les choses se sont passées en Afrique du Sud. Un Barghouti libéré serait élu président palestinien, et Israël trouverait en lui un partenaire extraordinaire. La levée du siège de Gaza et la libération des prisonniers inspireront l’espoir. Les Israéliens seront surpris de voir à quel point c’est facile, sans coût précis.
Dans ses 100 premiers jours, un gouvernement de gauche annoncerait un gel de toutes les constructions dans les colonies - même pas un seul balcon dans un appartement à Ma’aleh Adumim - jusqu’à ce qu’un accord soit conclu avec les Palestiniens. En attendant, Kiryat Arba recevra les mêmes allocations budgétaires que Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, et toutes deux recevront ensemble le même montant que la ville arabe de Taibeh. Les colonies qui n’ont pas été approuvées par les gouvernements précédents seront évacuées du jour au lendemain.
Ensuite, passons au budget de la défense. Il sera réduit comme jamais auparavant. Il est impossible d’établir un État-providence sans réduire considérablement le budget de la défense, qui est plein de rembourrage superflu. Certaines des menaces qui pèsent sur Israël ont disparu, certaines des campagnes de peur sont injustifiées. Le budget de la défense devra être réduit en conséquence. Les forces de défense israéliennes, dont la plupart des adversaires sont sans le sou, n’ont pas besoin de disposer de tous les systèmes d’armes développés aux quatre coins du monde.
La pandémie de coronavirus nous a appris qu’un budget de santé généreux est important pour notre sécurité, autant que les sous-marins. L’éducation, les infrastructures et le welfare réclament à grands cris des budgets, qui vont plutôt à des projets de défense inutiles. Un pays dans lequel les personnes handicapées sont censées subvenir à leurs besoins avec une allocation mensuelle de 3 200 shekels (965 dollars) est un pays sans pitié. Les bombardiers et les sous-marins seront progressivement remplacés par des accords, qui se sont déjà avérés être la meilleure garantie pour la sécurité de cet État. Ces accords sont plus réalisables que ce que l’on nous a fait croire.
Après cela, les 31 000 demandeurs d’asile restants dans le pays se verront accorder la citoyenneté, et l’État et la religion seront séparés : les transports publics le jour du Shabbat et le mariage civil d’un seul coup, et voilà, un Israël différent : un pays plus ouvert et libéral, moins violent et cruel, beaucoup plus moral et réceptif à la communauté internationale. La compensation du monde, y compris du monde arabe, sera généreuse. Il suffit de se rappeler ce qui s’est passé après la signature des accords d’Oslo. Maintenant, Israël sera libre de considérer son avenir. Il constatera que la solution à deux États, qu’il clame depuis 30 ans, n’est plus viable, et il réalisera qu’il doit proposer une solution différente.
Pour la première fois de son histoire, Israël va commencer à parler d’égalité. Ce sera un long processus, douloureux pour certains Juifs et quelques Palestiniens, mais il est inévitable. Dans cette nouvelle atmosphère, nous devrons discuter de l’abolition de la loi sur l’État-nation et de la loi du retour et de l’adoption d’une nouvelle législation égalitaire, ce qui conduira à la première élection démocratique organisée entre le Jourdain et la mer Méditerranée.
Tout cela peut sembler utopique ou dystopique, mais il est probable que ce soit plus réalisable qu’il n’y paraît. Pour que cela se réalise, nous avons besoin d’une gauche courageuse qui engagera la conversation.
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