Paroxysme du militantisme syndical, discours anticapitalistes, montée du féminisme et des luttes autochtones : en 1972, le Québec vivait une année presque révolutionnaire. 50 ans plus tard, cet essai plonge dans cette année bouillonnante pour mettre en lumière ses élans et les réactions répressives de l’État québécois.
À propos du livre
Mai 68, octobre 70, printemps 2012 ? Non, mai 72 : au Québec, l’année 1972 aurait pu être « révolutionnaire ». Si les idées réactionnaires ont fini par triompher, se replonger dans cette période tumultueuse cinquante ans plus tard permet de renouer avec des mouvements sociaux audacieux et des bouleversements inouïs.
Notre mémoire collective n’a généralement retenu que les épisodes les plus spectaculaires de 1972, comme l’importante grève du Front commun de la fonction publique et l’emprisonnement de ses chefs syndicaux. Mais Olivier Ducharme nous rappelle que la province assiste aussi à la montée des mouvements féministes, autochtones et environnementaux. Plusieurs événements témoignent d’un Québec en pleine ébullition : les femmes bravent l’interdiction d’entrer dans les tavernes, des grèves sauvages éclatent en mai, des villes sont entièrement occupées par les grévistes, les « cégeps parallèles » émergent, la censure s’installe à l’ONF, les Premières Nations se lèvent et résistent… C’est également l’époque des hauts faits d’armes du syndicalisme de combat : en 1972, les trois grandes centrales syndicales (CSN, FTQ et CEQ) ne craignent plus d’afficher leur orientation socialiste et partagent une même posture anticapitaliste. Qui serait en mesure, aujourd’hui, d’imaginer qu’une telle posture puisse avoir une aussi grande audience ?
Malgré ses accents libérateurs, 1972 aura plutôt été frappée du sceau de la répression, si bien que, pour Ducharme, le phénomène de la dépossession politique se trouve au cœur de cette année mouvementée. L’essayiste montre jusqu’où l’État et ses institutions, en imposant des limites à la liberté d’informer, de manifester, de créer et de penser à coups de lois spéciales, de mesures répressives et de censure, sont prêts à aller pour mater toute contestation et décrédibiliser toute pensée critique et dissidente.
Puisant dans les archives de presse et s’appuyant sur une riche iconographie, à l’instar du cinéaste Gilles Groulx sur lequel il prend appui, Ducharme nous plonge dans les événements qui ont marqué 1972 en dressant, de sa plume vivante, un portrait inédit d’une année de colère et de combats. Il nous rappelle également que le projet de faire advenir une société québécoise anticapitaliste demeure d’une criante actualité, alors que la crise climatique menace les conditions mêmes de la vie sur Terre.
À propos de l’auteur
Olivier Ducharme est chercheur au Collectif pour un Québec sans pauvreté. Auteur de nombreux ouvrages sur la philosophie et le cinéma, il a notamment publié, chez Écosociété, "À bout de patience. Pierre Perrault et la
dépossession" (2016), "Travaux forcés. Chemins détournés de l’aide sociale" (2018) et "Villes contre automobiles. Redonner l’espace urbain aux piétons" (2021), en lice pour le Prix des libraires 2022.
Table des matières
Avant-propos
Introduction
partie 1 L’affaire Vallières ou comment la gauche s’entredéchire
chapitre 1 13 décembre 1971
chapitre 2 La gauche et la gauche de la gauche
partie 2 La langue ou comment le pouvoir restreint la liberté linguistique
chapitre 3 8 janvier 1972
fait divers #1 Je vous prie de croire à mon plus profond mépris
chapitre 4 2 février 1972
fait divers #2 Une parole éteinte
partie 3 Les femmes ou comment le pouvoir est sexiste
fait divers #3 La fin de l’austérité sexuelle des tavernes
chapitre 5 Du sexisme plus qu’ordinaire
chapitre 6 La majorité silencieuse vs les fascistes, les communistes et les extrémistes
chapitre 7 Le socialisme sera féministe ou ne sera pas
partie 4 Les Premières Nations ou comment le pouvoir restreint l’autodétermination des peuples autochtones
fait divers #4 La feuille d’érable
chapitre 8 15 mars 1972
chapitre 9 Seuls les castors construiront des barrages
chapitre 10 21 mars 1972
partie 5 Syndicalisme et socialisme ou comment les syndicats virent à gauche
chapitre 11 Syndicalisme de contestation
chapitre 12 Le bon et le mauvais socialisme
partie 6 La grève ou comment le pouvoir restreint la liberté de manifester
fait divers #5 Fourchettes et pics à glace
chapitre 13 Un fusil dans le dos
chapitre 14 21 avril 1972
chapitre 15 La Croix du Sacrifice
chapitre 16 Feux de forêt
chapitre 17 Ville occupée
chapitre 18 30 novembre 1972
partie 7 Éducation ou comment l’école doit se défaire du pouvoir
chapitre 19 À bas l’école capitaliste
chapitre 20 Le département parallèle
chapitre 21 Cégeps parallèles
partie 8 Police ou comment le pouvoir restreint la liberté d’informer
fait divers #6 Une belle télévision couleur
chapitre 22 7 octobre 1972
fait divers #7 De la cave au grenier
chapitre 23 Le mépris le plus profond pour la vie
chapitre 24 Sur les traces de Chartrand en Palestine
partie 9 L’affaire Groulx ou comment le pouvoir restreint la liberté de créer et de contester
chapitre 25 8 décembre 1972
fait divers #8 Un film dangereux
fait divers #9 Le Don Quichotte d’égout
Chapitre 26 Détournement de fonds
Fait divers #10 Professionnellement subversif
Conclusion Une lutte à finir
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