« L’objectif est de faire cesser la répression policière pour la remplacer par des services adaptés à la réalité des personnes marginalisées », explique Sébastien Harvey de la Ligue des droits et libertés, section Québec.
Des amendes répressives aux personnes marginalisées
Des personnes itinérantes reçoivent des milliers de dollars d’amendes pour flânage. « Une personne itinérante, n’est-ce pas normal qu’elle soit assise sur un banc de parc ? », demande M. Harvey de la Ligue. En plus des personnes itinérantes, ce sont diverses personnes marginalisées qui reçoivent des amendes. Le fait que ces amendes ne sont presque jamais émises contre les personnes n’ayant pas l’air marginal, amène de nombreux mouvements sociaux à dénoncer ce qu’ils qualifient de profilage social. Cet état de fait a été confirmé par des recherches de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse et il a été dénoncé par le Barreau du Québec.
Plusieurs règlements municipaux fournissent à la police un large éventail d’amendes. Les plus utilisées sont celles pour flânage et contre le fait de dormir sur un banc de parc. De nouveaux articles ont été adoptés en 2012 par le conseil municipal du maire Labeaume. Les personnes itinérantes peuvent facilement recevoir des amendes en vertu de ces nouveaux articles « sur la paix et le bon ordre » qui interdisent de se créer un abri de fortune, d’être dans un parc après 23 h et même « d’être présent à un attroupement sur le domaine public entre 23 heures et 5 heures ». Le nouveau règlement interdit aussi toute manifestation spontanée sur un trottoir ou dans un parc sans d’abord aviser le SPVQ du rassemblement. De nombreux organismes à Québec ont dénoncé ce règlement et jugent qu’il sera appliqué exclusivement contre des personnes marginalisées, mais aussi qu’il va à l’encontre des manifestations moins appréciées par la Ville.
Remplacer la répression par des services adaptés
Les services demandés sont un « drop in » (espace d’accueil libre), une clinique de santé, un site d’injection supervisé (SIS) et une clinique juridique, tous adaptés aux personnes marginalisées, surtout au centre-ville.
Le nouveau projet Drop-In fut annoncé au micro, soit un centre avec un haut taux d’acceptabilité, c’est-à-dire que les personnes rejetées ou bloquées par d’autres refuges pourraient espérer trouver un endroit chaud et accueillant malgré tout. Ce dernier inclut désormais le Projet Lune (elles étaient présentes à la marche) qui vise à donner un lieu d’accueil par et pour les femmes prostituées.
« La Cour suprême du Canada a considéré les SIS comme des services essentiels et on s’entend que cette cour surpasse ce qu’en pense la cour municipale ou la mairie de Québec » a déclaré au micro le porte-parole de l’ADDICQ (L’Association pour la défense des droits et l’inclusion des personnes qui consomment des drogues de Québec). Il ajoute que « le service, pour fonctionner, doit être situé près des endroits où sont les gens concernés. Il sera dans le quartier Saint-Roch et non pas ailleurs ».
Nico est venu au micro pour témoigner qu’il est consterné par le grand nombre de décès chez des jeunes qu’il a côtoyés à Montréal qui consommaient des drogues dures. Il plaide donc pour un SIS à Québec, car « c’est prouvé qu’un tel service sauve vraiment des vies ».
Théâtre de rue pour la solidarité
À la Place d’Youville, quatre personnes ont joué une petite pièce de théâtre silencieuse. Un citoyen marche, mais il ne voit pas un homme itinérant au sol. Il ne voit pas non plus la personne assise au sol qui s’injecte une drogue intraveineuse, ni la femme prostituée sur la rue. Soudain, quand les trois semblent faibles ou mourants, le citoyen se rend compte de leur présence, les aide à se relever et à s’unir en solidarité. C’était le fruit du Théâtre les Merveilleuses têtes heureuses, une troupe-école de théâtre d’intervention et de sensibilisation en santé mentale.
Étaient présents aussi des membres de Point de repères, du Projet intervention prostitution Québec (PIPQ) et du Relais la Chaumine.