Parlez-en aux exploitants de clubs de chasse et pêche, aux restaurateurs situés près des bases de plein air, aux fournisseurs d’équipement de plein air, aux fabricants de boissons gazeuses et aux brasseurs, aux embouteilleurs d’eau, aux agriculteurs consciencieux, aux entrepreneurs en construction, aux entrepreneurs en électricité, et j’en passe. À entendre Mme Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, il n’y aurait au Québec que des exploitants de pépines et des fabricants de tuyaux ! Au nom de quels industriels parle-t-elle ? Il serait intéressant de faire un sondage auprès des 236 688 [1] entreprises du Québec pour savoir si ce discours reflète vraiment l’esprit de nos gens d’affaires et non les opinions personnelles d’une poignée de personnes proches des lobbyistes des pétrolières.
Et certains politiciens qui vivent sur une autre planète et qui voient des jobs dans leur soupe sont là pour les soutenir ! Sous prétexte de créer une trentaine d’emplois à Bécancour, ils sont même prêts à puiser des millions dans le prétendu Fonds vert pour sauver une industrie qui peine à trouver des partenaires tellement la filière du gaz naturel liquéfié est sans issue. Sans l’appui des gouvernements, jamais ces projets ne verraient le jour. Pensez à Pétrolia qui survit grâce à nos taxes et à nos impôts car aucune compagnie majeure ne veut investir dans ses projets sans avenir.
Il a pourtant déjà été démontré sans équivoque qu’en investissant un million de dollars dans les économies d’énergie et dans la recherche et développement d’énergies nouvelles et renouvelables, on crée sept fois plus d’emplois qu’en investissant la même somme dans l’industrie pétrolière, et cela de façon uniforme sur tout le territoire du Québec [2]. Alors, chers politiciens, si vous voulez vraiment créer des emplois pérennes de qualité, qu’attendez-vous pour élargir vos horizons et sortir des sentiers battus, et pour vous tourner résolument vers les énergies de l’avenir. Cessez de faire des courbettes pour attirer les mégaprojets de multinationales qui nous plantent là à la première occasion en nous laissant leurs dégâts à payer. Jouez franc jeu avec vos concitoyens et cessez de croire tout ce que vous disent les défenseurs d’une industrie moribonde qui pensent sauver leur peau en nous prenant pour des Néandertaliens.
Surtout, ayez une vision à plus long terme et pensez aux générations futures, qui n’ont que faire d’une poignée d’emplois qui auront disparu dans quelques années. Ces générations qui seront aux prises avec des variations climatiques qui menaceront leur survie même sur cette planète [3]. Et ne criez pas à la démagogie : ce sont des milliers de scientifiques qui le disent. Sur quelles données scientifiques les chambres de commerce et les politiciens s’appuient-ils donc pour prôner cette façon rétrograde de faire des affaires, les fameuses « vraies affaires » ! Donnez donc à la population une information juste et équilibrée, et écoutez ce qu’elle essaie depuis des années de vous faire comprendre !
Ras le bol !
Jacques Tétreault
Coordonnateur général adjoint
Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec