L’entrée en vigueur en avril dernier du programme Objectif emploi, une énième réforme de l’aide sociale québécoise dans le cadre la loi 70, repousse les limites du modèle de la « contrepartie ». Ce programme soumet les nouveaux prestataires à l’obligation de suivre un programme de réinsertion en emploi, sous peine de voir leur prestation diminuer de 224 $ par mois. À la personne qui doit vivre avec 648$ par mois, on promet donc une prime financière si elle collabore, mais si elle se rebiffe, on le menace de pénalités financières.
Pourquoi tolérons-nous la pauvreté malgré la richesse de nos sociétés ? Comment expliquer ce manque de solidarité envers les personnes les plus vulnérables, en particulier celles à l’aide sociale ? Olivier Ducharme s’attaque aux politiques d’assistance sociale fondées sur le modèle de la « contrepartie », adopté par la majorité des pays occidentaux et imposant des conditions à quiconque veut s’en prévaloir. Ainsi, au Québec, l’État verse à la personne demanderesse une prime financière si elle participe à un programme d’insertion à l’emploi ; dans le cas contraire, on va jusqu’à lui imposer des pénalités financières.
Dénonçant cette politique inique de la carotte et du bâton, Ducharme cherche du même souffle à réhabiliter l’image que nous nous faisons du « pauvre ». Remettant en question certains dogmes, comme le travail et l’argent, il plaide pour une aide sociale éthique, centrée sur la solidarité humaine et détachée de l’emprise du marché du travail. Contre les mensonges du néolibéralisme, l’heure est venue de défendre un droit inconditionnel à l’assistance sociale.
À celles et ceux qui, tout au long de l’histoire du Québec, ont connu la pauvreté, mangeant le pain noir de la misère, travaillant de la lune à la lune, dormant trop nombreux dans des pièces trop petites, craignant le lendemain, ignorant le confort ; ce livre vous est dédié. Les heures incalculables passées à travailler, à s’arracher le coeur, pour que les prochaines générations puissent profiter d’une existence plus facile, il faut s’en souvenir et s’en inspirer pour nous donner du coeur au ventre. Nous devons honorer le souvenir de ce passé laborieux et oeuvrer, à notre tour, à l’abolition des inégalités et de la pauvreté.
À propos de l’auteur
Olivier Ducharme est chercheur à l’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec (Collectif pour un Québec sans pauvreté). Docteur en philosophie, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la philosophie et le cinéma, et a notamment publié À bout de patience. Pierre Perrault et la dépossession (Écosociété, 2016).
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