Il n’en fallait pas plus pour que le premier ministre Legault monte aux barricades et lance une campagne contre les « taxes orange » de Québec solidaire. Les « taxes orange » viseraient, selon François Legault les travailleurs et les travailleuses, les retraité-e-s et les personnes décédées.« Le plan solidaire, est-il écrit dans un tract de la CAQ, vise à prendre toujours plus d’argent dans le portefeuille de la classe moyenne. [1] Voilà un bel exemple où la CAQ réussit à intégrer les super-riches dans cette classe fourre-tout. [2]
Le Parti Libéral du Québec, le Parti Québécois et le Parti Conservateur du Québec ont tour à tour dénoncé la promesse de QS d’imposer les actifs et les successions. Ils se sont constitués comme un véritable front en faveur des millionnaires. L’ensemble des chroniqueur-e-s de la droite se sont empressées de reprendre cette campagne dans les différents médias.
La redistribution des richesses porterait en elle les pires calamités
C’est à une véritable campagne de peur à laquelle on a eu droit. Benoit Charette, ministre de l’Environnement, a affirmé que la surtaxe sur les VUS pourrait entraîner une crise sociale à l’image de celle des Gilets jaunes en France. La campagne de peur a brandi divers épouvantails : exode des capitaux, déménagements des plus riches, pertes des sièges sociaux, délocalisations d’entreprises, pertes d’emplois… On s’est même permis de s’apitoyer sur le sort des plus riches dont les richesses seraient le seul produit de leur labeur, de leur sérieux et de leur sens de l’économie. On nous a resservi encore une fois le plat faisandé de la méritocratie.
Le refus de reconnaître la réalité de la concentration de la richesse et du développement des inégalités
Sur le creusement des inégalités, les partis politiques du Québec, hormis Québec solidaire, s’en tiennent à un silence assourdissant. Ils refusent de dénoncer le creusement des inégalités dans le cadre de la mondialisation néolibérale contemporaine. Ils rejettent les propositions de Québec solidaire du revers de la main alors que ces propositions ne visent qu’à mieux répartir les richesses et à en finir avec le creusement des inégalités. [3]
La concentration des richesses dans les mains de la minorité possédante s’est renforcée depuis quelques décennies. Cela est vrai au niveau mondial, cela est également vrai au Québec. Comme l’écrit l’IRIS : « Pendant qu’une majorité de Québécois-es voyaient leur situation stagner malgré une croissance à long terme du PIB, le contexte économique et politique des trois dernières décennies n’a été favorable qu’à l’enrichissement des plus fortunés. » [4]
Le refus de se donner les moyens d’un véritable réinvestissement dans le secteur public et pour la lutte aux changements climatiques
Non seulement, la CAQ, le PLQ et le PCQ refusent de taxer les riches, mais ils proposent de diminuer les impôts alors que nous sommes dans une situation de sous-financement chronique de nos services publics et de nos programmes sociaux et que la fiscalité au Québec permet l’évitement fiscal et ferme les yeux sur l’évasion fiscale [5]
Ce sont ces partis qui sont irresponsables devant les défis auxquels fait face la majorité de la population du Québec. Ce sont ces partis qui préfèrent envisager la privatisation de santé que ce secteur devient une occasion de faire des profits et d’accumuler encore plus de richesses.
Ce sont ces partis qui refusent de se donner les moyens de faire face à la crise climatique et voient dans la « croissance verte » des occasions d’affaires juteuses et de nouvelles possibilités d’exportation. Ils s’indignent devant les propositions de Québec solidaire de rendre la fiscalité plus progressive. Ils s’interdisent de démanteler les mécanismes d’optimisation et de fraude fiscale. Il s’indigne que les patrimoines accumulés soient taxés afin de bloquer une dynamique d’accumulation qui ne peut que renforcer les inégalités économiques et sociales.
Québec solidaire confronte la résistance de la classe dominante
Québec solidaire affronte une politique de classe : celle de la défense de l’approfondissement des inégalités. Par ces propositions sur la fiscalité, Québec solidaire veut s’attaquer aux inégalités et à la crise climatique. Les plus riches sont ceux qui profitent, dans le cadre de leurs affaires des infrastructures, de la main-d’œuvre qualifiée par nos écoles publiques, d’un système de santé qui veille à garder cette main-d’œuvre disponible pour les entreprises. C’est pourquoi Québec solidaire veut renforcer une imposition de l’ensemble des gains de capital, de la richesse et de l’héritage des personnes à hauts revenus.
Malgré le caractère très modéré des mesures proposées, ces dernières se sont heurtées à l’acharnement des partis politiques au service de la classe dominante à défendre leurs privilèges et à refuser toutes les mesures qui remettent en question l’actuelle distribution des richesses. C’est la même logique, qui amène la CAQ à refuser une hausse du salaire minimum à 18$ de l’heure, à refuser d’accorder une hausse salariale significative aux travailleuses et travailleurs du secteur public et à réinvestir massivement en santé et en éducation.
Pas ses propositions lever un impôt sur les grandes fortunes et les successions, en proposant des mesures concrètes de gratuité pour les transports, l’éducation, les médicaments, les soins dentaires, Québec solidaire amorce un combat essentiel pour un nouveau partage des richesses et pour la lutte contre les inégalités. Mais, il faut comprendre la hauteur de la résistance qu’opposent et opposeront à ces objectifs les super-riches de notre société. La campagne de la CAQ contre les « taxes orange » n’en est qu’un pâle reflet. On ne pourra vaincre la résistance de la classe dominante en ne comptant que sur la seule alternance gouvernementale. Casser la politique d’accaparement de la bourgeoisie nécessitera de larges mobilisations populaires, combinées à des grèves de masse avec des occupations des lieux de travail et la réappropriation des moyens sociaux de production et de consommation pour la contraindre à accepter des réformes de structure. Faire partager l’objectif d’une meilleure répartition des richesses est déjà un travail essentiel que mène Québec solidaire. Mais définir les conditions politiques et stratégiques permettant sa réalisation est un défi qui reste à relever. [6]
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