Selon ce dernier, le chef de la CAQ devrait analyser les résultats québécois de la dernière campagne électorale fédérale, où le Parti conservateur de Stephen Harper a fait piètre figure en préconisant des positions semblables. « On voit que le chef de la CAQ est désespéré en s’attaquant à ce qui fait consensus au Québec et en prenant appui sur la frange la plus conservatrice de l’électorat pour vouloir diminuer le rapport de force des travailleuses et des travailleurs syndiqués face aux patrons qui ne manquent certes pas de moyens ni pour négocier ni pour promouvoir leurs idées », a déclaré Jacques Létourneau.
Le président de la CSN s’en prend particulièrement à la volonté de ce parti d’imposer le vote secret lors du processus d’accréditation syndicale et de son maintien, de restreindre l’utilisation des cotisations syndicales aux relations de travail et que soient rendus publics les états financiers des syndicats. « Nos états financiers sont votés par les délégué-es de la CSN au congrès triennal et ils sont publics. François Legault propose-t-il la même chose pour les associations patronales et aussi les grandes corporations qui disposent de moyens colossaux faire valoir leurs stricts intérêts d’affaires ? » a poursuivi le président de la CSN.
Au Québec, et ailleurs au Canada, le processus de syndicalisation est complexe et il doit se faire dans la clandestinité, en raison des tactiques d’intimidation dont recourent à outrance les patrons. « Les exemples de congédiements pour activités syndicales sont légion. Ne pensons qu’aux tentatives de syndicalisation des Walmart, McDo, Couche-Tard et chez de nombreux employeurs d’ici. Les signatures de cartes d’adhésion, qui requièrent la majorité des travailleurs visés par l’accréditation doivent se faire dans le plus grand secret pour éviter les sanctions. Une période de vote servirait aux patrons à disposer d’un plus grand laps de temps pour exercer des pressions indues, menacer de fermer et empêcher leurs salarié-es de se donner un syndicat dans les règles démocratiques convenues. »
Dans notre système, le processus actuel d’accréditation est la porte d’accès à tous les droits syndicaux de base : l’obligation de négocier de bonne foi avec le syndicat accrédité ; l’imposition d’une première convention collective si les parties n’arrivent pas à s’entendre ; le droit de grève ; la protection contre les congédiements pour activités syndicales ; etc. « Réduire ces droits essentiels, équivaut directement à restreindre la capacité des travailleuses et des travailleurs à améliorer leur sort », a indiqué Jacques Létourneau.
Partout où de telles réformes ont eu lieu, au Canada et aux États-Unis, le taux de syndicalisation a diminué, renforçant d’autant le rapport de force patronal. Les conditions de travail se sont ensuite considérablement dégradées.
Par ailleurs, depuis sa fondation en 1921, la CSN est toujours intervenue hors du champ des négociations collectives pour améliorer les conditions de travail et de vie de ses membres et de la population en général. « Tout ne se négocie pas avec le patron immédiat, et nous avons l’obligation d’être actifs sur un autre front pour faire avancer des causes sociales.
« J’espère que les autres formations politiques se prononceront contre de tels moyens rétrogrades, a indiqué le président de la CSN. Je suis curieux de les entendre à ce sujet. »