Le vote de Québec solidaire a connu une progression manifeste : 112 candidatEs ont dépassé la barre des 1 000 votes alors qu’en 2008, ce nombre s’élevait à 33 ; QS a dépassé la barre psychologique des 5% à 43 reprises alors qu’en 2008, il y avait 16 comtés dans cette catégorie ; 12 comtés ont dépassé les 10% alors qu’en 2008, QS avait dépassé ce seuil dans 3 comtés seulement ; seulement 2 comtés (Portneuf et Vimont) ont connu des baisses du nombre total de votes et 5 (Hull, Jonquière, La Peltrie, Portneuf et Vimont) ont connu des baisse des pourcentages récoltés sans nécessairement connaître une baisse des votes exprimés. QS fait élire 2 candidatEs alors que 2 autres atteignaient la 2e position dans leurs comtés (Hochelaga-Maisonneuve, Ste-Marie-St-Jacques) et 4 se hissaient en 3e position (D’Arcy-McGee, Laurier-Dorion, Notre-Dame-de-Grâce, Outremont). Au total, QS récolte 263 233 votes, plus que le double de l’élection de 2008 (123 061). ON n’atteint pas la barre des 2% au niveau national (82 857 votes et 1,9%) alors que le Parti vert sombre dans l’anonymat avec seulement 1% des votes (43 517 votes contre 70 393 et 2,17% en 2008, une perte sèche de 26 876 votes).
QS amené des campagnes dynamiques dans plusieurs circonscriptions : en plus des batailles majeures menées dans Laurier-Dorion et dans Ste-Marie-St-Jacques et des éluEs dans Mercier et Gouin, les circonscritions d’Hochelaga-Maisonneuve (23,6%), Crémazie (11,5%), Tachereau (11,6%), Sherbrooke (7%), Bourassa-Sauvé (10,2%), Hull (8%), Outremont (18%), Rosemont(14,5%), Rouyn-Norada-Témiscamingue (9,7%), St-Henri-Ste-Anne (11,3%) et Viau (11,5%) ont été le théâtre d’importantes mobilisations du parti de gauche et des militantEs des mouvements sociaux qui s’y sont associés. Amir Khadir a conforté sa majorité qui passe de 810 votes à plus de 7 000. Françoise David a comblé l’écart que la séparait du candidat péquiste et récolte une majorité de plus de 4 500 votes. QS pourra compter sur une deuxième représentante à l’Assemblée nationale.
ON a perdu son seul représentant à l’Assmblée nationale et sa campagne n’a pas réussi à sortir de la marginalité sauf dans Nicolet-Bécancour (25,8%) où Jean-Martin Aussant cherchait à se faire réélire et dans Tachereau (7,3%) où la candidate locale a su attirer l’attention de la population et faire une campagne modeste mais réelle. Outre ces deux candidatEs, seul le candidat d’ON dans Abitibi-Ouest a réussit à franchir la barre des 4% de votes. Une telle dispersion des votes ainsi que la défaite de son seul élu n’est pas de bonne augure pour la jeune formation indépendantiste qui aura à recentrer son plan de développement. Malgré les déclarations contraires de Jean-Martin Aussant, ON devra envisager un rapprochement avec QS, au moins sur le terrain des axes programmatiques convergents.
Quant au Parti vert, une crise interne latente et son absence des mobilisation citoyennes contre le gaz de schiste et l’exploration pétrolière a fait en sorte que la formation est presque balayée de la scène politique, terminant avec un pâle 1%.. Les seules performances notable sont survenue dans Notre-Dame-de-Grâce où le PVQ obtient 5,7% et dans Westmount-St-Louis avec 4,1%. Or, le PVQ avait obtenu 13,6% dans NDG et 7,4% dans Westmount-St-Louis. Les résultats de 2012 représentent donc des reculs importants, reculs qui condamnent cette formation politique à la marginalité. D’autant plus que la crise interne du PVQ risque d’éclater au grand jour alors que le candidat dans Vanier-Les-Rivières a ouvertement blâmé son chef Claude Sabourin pour toutes une séries de revers et de décisions contreversées. De plus, une coalition de groupes écologistes ont décerné une faible note aux réponses offertes par le PVQ lors d’une enquête sur les programmes des partis concernant l’environnement durant la campagne électorale. Lors de la conférence dévoilant les résultats de cette enquête, Québec solidaire s’était vu accordé la meilleure note alors que le PVQ échouait dans les bas fonds.
D’autres mouvements sociaux ont accordé un appui à QS. Certains syndicats locaux et régionaux ont appuyé les candidatEs de QS issus de leurs rangs ou qui représentent des intérêts ouvriers. Des secteurs des mouvements féministes, écologistes et étudiants ont affirmé publiquement leurs appuis à QS. Toutefois, il s’agit là de secteurs minoritaires des mouvements sociaux. Les directions des grandes centrales syndicales ont refusé de se prononcer. Certains groupes écologistes ont joué au chat et à la souris refusant de dévoiler des informations que pourraient déplaire au futur gouvernement. Plus globalement, les débats publics sur les enjeux et luttes (tarification et privatisation des services publics, frais de scolarité universitaires, fermetures d’entreprises, gaz de schiste et pétrole, caisses de retraites des employéEs,etc.) face au prochain gouvernement ont été plutôt rares. Les quelques efforts comme celui de la Fédération des femmes du Québec (débat télévisé à CUTV) ont été trop rares pour qu’un débat de fonds puisse se concrétiser. Les grands partis ont tenu l’agenda des sujets à débattre jusqu’à la fin.
Les distorsions du système électoral québécois étant ce qu’elles sont, plusieurs candidatures de QS ont subi les contrecoups des pressions au vote stratégique visant à défaire Jean Charest. et son parti. Répondant à l’appel des sirènes du PQ, plusieurs se sont avoués sympathique à QS mais se refusaient à lui accorder son vote pour plutôt voter pour le/la candidatE le plus en mesure de battre les libéraux. Il est difficile d’évaluer l’impact exact de cette stratégie sur QS mais il est vident que la formation de gauche a perdu plusieurs milliers de votes dans l’exercice. On rétorquera que le PQ a aussi souffert de la présence de QS dans la campagne alors que les votes accordés aux candidatEs de QS font pratiquement la différence entre une victoire et une défaite du PQ dans plusieurs comtés. CertainEs blâmeront QS pour la situation de gouvernement minoritaire actuelle du PQ. À ces gens, nous rétorquerons que QS a gagné sa place légitime dans le paysage politique, qu’il est le seul outil politique efficace dans la résistance aux politiques néolibérales que les autres partis mettront en place et que le PQ est victime de sa propre turpitude alors que ses politiques au pouvoir ont rarement été fondamentalement différentes de celles des autres partis de droite, sauf en ce qui concerne la question nationale qui est devenu davantage un ciment visant à conserver la base électorale du PQ et le distinguer des autres partis de droite qu’une réelle volonté de mobiliser la population québécoise pour sa libération.
QS a franchit une nouvelle étape dans sa construction. Lors de la soirée électorale, ses porte-paroles ont tendu la main à la cheffe du PQ dans une tentative de sauver son gouvernement de sa position minoritaire. Or, avec ses deux éluEs, QS ne peut éviter la chute éventuelle du gouvernement péquiste à qui il manque 9 éluEs pour former un gouvernement majoritaire. Il serait plutôt judicieux de se distinguer du PQ et des autres partis de droite, de conserver son entière autonomie vis-à-vis ce parti qui fera vraisemblablement appel à la CAQ (droite) pour gouverner. Or, la CAQ n’a pas caché son appui à la loi 12 (78) et à la hausse des frais de scolarité, deux enjeux centraux de cette élection.
Un gouvernement péquiste incapable d’abroger la loi répressive votée par les libéraux appuyés par la CAQ et d’annuler la hausse des frais de scolarité verra le mouvement étudiant se remobiliser et les casseroles retentir de nouveau. QS doit être le véhicule politique de ce mouvement et se donner la base sociale militante nécessaire à un saut qualificatif dans son développement et ainsi se donner les moyens de former davantage qu’un duo de députéEs mais une équipe en mesure de défier les formations politiques de droite sur le terrain électoral et dans la rue.