Les francophones du monde entier pourraient avoir avantage à aider des politiques et spécialistes à promouvoir l’utilisation du français dans l’Union européenne et l’ONU.
Deux Français, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé, entre autres, de la Francophonie et Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des affaires européennes, affirmait, dans un texte publié le 8 avril, que la présidence française du Conseil de l’Union européenne de janvier à juin 2022 était une opportunité historique pour la francophonie. Afin de saisir cette opportunité, ils ont créé un groupe de travail sur la Francophonie et le plurilinguisme au sein des institutions européennes. Cette action répond à une situation très particulière. Bien qu’après le Brexit, l’anglais soit passé de la 3e à la 17e position sur le plan linguistique en Europe, les fonctionnaires européens l’utilisent de plus en plus. Ces deux francophones voient donc dans cette présidence une occasion pour la France de faire valoir les avantages du plurilinguisme sur le vieux continent.
C’est la deuxième fois en moins d’un mois qu’une opportunité de faire prospérer la langue française est identifiée. La représentante permanente adjointe de l’organisation internationale de la Francophonie auprès des Nations Unies, Patricia Herdt, affirmait à la mi-mars que c’était maintenant le moment propice pour remettre sur la table les enjeux de diversité linguistique à ONU. Son analyse s’appuyait sur le fait que le secrétaire général de cet organisme, Antonio Guterres, venait de lancer une réforme institutionnelle. Elle y voit une opportunité d’inverser une tendance. Bien que le français fasse partie des six langues officielles des Nations Unies et soit, une des deux de travail, l’autre, c’est-à-dire l’anglais, est de plus en plus utilisée.
La diminution de l’utilisation du français dans ces organismes est en contradiction complète avec les prévisions de croissance de la population mondiale des francophones. Selon l’organisation internationale de la francophonie (OIF), alors qu’ils sont actuellement environ 300 millions, les francophones pourraient être plus de 700 millions en 2050. La secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, affirmait donc récemment qu’il était maintenant temps de « faire reculer le recul de la langue française » au niveau des institutions internationales.
Une plus grande utilisation du français sur le continent européen et dans les institutions onusiennes pourrait être un atout pour les francophones du monde entier. En ce qui concerne les 33 millions de francophones des Amériques, une plus grande vigueur du français en Europe et à l’ONU pourrait être une motivation supplémentaire pour les gouvernements des nombreux pays où ils se trouvent d’aider leurs minorités de cette langue. Cela pourrait être important, même dans les régions où ils sont actuellement en majorité. Selon une étude récente de l’Office de la langue française du Québec, cette langue pourrait y effectuer un recul spectaculaire d’ici 15 ans. Les francophones du continent africain, pourraient aussi avoir beaucoup à y gagner quel que soit le côté du désert où ils se trouvent. Rappelons que 85 % des francophones devraient être sur ce continent en 2050. Toute augmentation de l’utilisation du français à l’international pourrait aider à avoir des communications privilégiées et à des ententes commerciales basé sur une bonne compréhension de la langue commune.
Les francophones du monde entier pourraient avoir avantages à saisir ces opportunités ayant le potentiel de leur permettre de vivre et travailler encore plus dans leur langue. Il y a actuellement des projets importants qui se font dans la francophonie et qui ne leur seront plus accessibles s’ils la perdent. L’Association des Universités Francophones travaille activement à une plateforme collaborative mondiale de services intégrés destinée à devenir le plus important espace de services universitaires en ligne au monde. Pour sa part, l’Organisation internationale de la Francophonie ne fait pas que la promotion de la langue française. Elle défend aussi la paix, l’éducation et la diversité auprès de l’ONU.
Mais comment aider ces politiques et spécialistes à promouvoir le français ? Une des manières de saisir les opportunités qui viennent d’être identifiées pourrait-elle être de montrer que cette langue est activement utilisée pour communiquer partout dans le monde et plus particulièrement à l’international ? Un effort particulier de tous les francophones pour communiquer le plus possible en français avec l’Union européenne et l’ONU pourrait-il être une occasion de faire comprendre à leurs gestionnaires l’utilité de pouvoir parler et écrire dans cette langue ?
Michel Gourd
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