Socrate découvre que celui qui est l’amant d’un des interlocuteurs n’a que mépris pour la philosophie (132d) ; il n’y a, à ses yeux, que les exercices physiques qui comptent. Il appert en plus être le rival amoureux d’un autre jeune homme qui porte en haute estime la culture. Dans ce dialogue narré, quatre personnages interviennent directement (Socrate, un étranger, le musicien et le gymnaste) et trois autres restent plutôt muets (Denys, le maître d’école, qui enseigne la lecture et l’écriture à des adolescents et deux autres amoureux). Le dialogue se produit dans la maison de Denys, le maître d’école.
Le texte comporte quatre parties : premièrement, le prologue (132a-133b) ; deuxièmement, l’ensemble des positions exprimées par l’interlocuteur cultivé incluant les objections de Socrate (133b-137a) ; troisièmement, la position soutenue par Socrate lui-même (137a-138d) ; et quatrièmement, la conclusion ou l’aboutissement (138d-139a).
Pour aller à l’essentiel, disons que Socrate interrompt l’échange entre deux adolescents qui débattent fort sérieusement au sujet d’astronomie. Selon l’un des deux, la philosophie ne sert qu’à acquérir de nouveaux savoirs, « beaucoup de connaissances » (133c) précise-t-il. Il oppose même culture à exercice physique (133d-134c). Socrate parvient à démontrer que la nature de la philosophie consiste à se connaître soi-même (138a) et permet, par conséquent, l’acquisition de savoirs nouveaux : « apprendre beaucoup de choses » (139a) ; et « se connaître soi-même, c’est faire preuve de sagesse » (138a). Il faut par conséquent dans sa vie personnelle, dans sa maison (son domaine) et dans sa Cité pratiquer la « modération et la justice » (138a). Ce sont là les deux vertus qui nous permettent de bien gouverner à la fois sa vie personnelle et la vie de sa Cité (138a-e).
Nous y voyons bien sûr un enseignement qui rappelle l’Alcibiade premier, alors que Socrate expose au jeune aspirant à diriger les qualités que doit posséder l’homme politique. Mais plus encore, cette opposition entre la philosophie et les exercices physiques, ou encore entre les soins portés à l’âme versus ceux portés au corps, révèlent à leur tour une association avec les propos tenus notamment dans la République et le Timée, c’est-à-dire dans le « dosage » nécessaire, voire l’équilibre entre l’âme et le corps pour vivre la meilleure des existences terrestres, sans trop de maux.
Mais au final, nous sommes en présence d’un écrit apocryphe qui ne nous apprend rien de véritablement nouveau dans le développement de la riche pensée de Platon. Nous préférons donc arrêter ici notre réflexion-critique sur cet ouvrage.
Yvan Perrier
Guylain Bernier
Références
Dixsaut, Monique. 1998. « Platon ». Dans Dictionnaire des philosophes. Paris : Encyclopaedia Universalis/Albin Michel.
Platon. 2014. « Les rivaux amoureux : ou Sur la philosophie ; genre éthique ». Paris : GF Flammarion, p. 303-320.
Platon. 2020. « Les rivaux amoureux : ou Sur la philosophie ; genre éthique ». Luc Brisson (Dir.), Platon oeuvres complètes. Paris : Flammarion, p. 179-182.
[1] Ce dialogue porte également le titre suivant : Les rivaux amoureux.
[2] Voir également dans le Lachès (188b ; 189a) et la République (VII, 536d).
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