Édition du 17 décembre 2024

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Canada

Plaidoyer pour une meilleure protection des chômeurs et chômeuses

Action Chômage milite encore et toujours pour une réforme de l’assurance-emploi. En collaboration avec notre porte-parole Pierre Céré et surtout avec nos collègues membres du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC), nous sollicitons la députation du parti gouvernemental afin de faire valoir la promesse électorale d’une réforme de l’assurance-emploi. Par exemple, notre camarade du Comité Chômage du Haut-Richelieu et du Suroît a écrit à cinq députés.

À Québec, la conseillère à la défense des droits Selma Lavoie a écrit au député et ministre M. Jean-Yves Duclos. Notons que ces interventions font aussi suite à une campagne de publicité du CNC et à plusieurs interventions de l’opposition et d’acteurs sociaux et syndicaux en faveur d’un meilleur programme de protection sociale. Les conseillers gouvernementaux répondent à nos doléances et plusieurs rencontres sont à l’horaire ; ne restent plus que les actes et l’encre d’une réforme.

Plaidoyer pour une meilleure protection des chômeurs et chômeuses

Bonjour Monsieur le Député,

Nous vous écrivons aujourd’hui afin de vous faire part de notre préoccupation en lien avec la situation des chômeurs et chômeuses avec qui nous travaillons. Nous souhaitons aussi souligner que, même avec un taux de chômage en baisse, les besoins pour une réforme du programme d’assurance-emploi demeurent criants.

Comme vous le savez peut-être, Action chômage de Québec est un organisme de défense des droits des chômeurs et chômeuses qui se situe dans votre circonscription. Toutefois, notre territoire s’étend sur une bonne partie des régions de Québec et Chaudière-Appalaches.

Si nous vous écrivons, aujourd’hui, c’est afin de vous faire part de notre expérience de terrain avec les chômeurs et chômeuses et afin de réitérer le besoin pressant pour une réforme de l’assurance-emploi. En 18 mois, c’est 1775 chômeurs et chômeuses dans le besoin qui ont sollicité nos services.

Évidemment, nous ne pouvons parler de chômage sans parler des délais qui affligent des centaines de personnes. Il est devenu commun de rencontrer des usagers et usagères qui attendent 3 mois, 6 mois, voir parfois 1 an avant de savoir s’ils sont admissibles aux prestations de chômage. Ces délais poussent plusieurs personnes dans la précarité, certaines perdront leur voiture, leur logement et d’autres ne peuvent tout simplement pas se nourrir. Bien que des sommes considérables aient été investies afin de s’attaquer aux délais, les résultats se font attendre. C’est pourquoi nous pressons le gouvernement de réviser le fonctionnement de l’assurance-emploi afin de mettre fin à ces délais insensés.

Par ailleurs, il est important de souligner que les délais sont exacerbés depuis l’abolition des mesures temporaires mises en place afin de pallier les effets de la crise de COVID-19. Le retour à l’ancien programme d’assurance-emploi implique maintenant que tous les départs volontaires d’une personne doivent être évalués. Cette procédure prolonge les délais administratifs et amène le refus de centaines de demandes. De plus, il faut souligner que la plupart des départs volontaires peuvent être justifiés par les prestataires. Toutefois, le fardeau de preuves qu’on leur impose est tellement important qu’il est pratiquement impossible de se qualifier. C’est à se demander si l’assurance-emploi a pour but de prévenir les abus ou plutôt de punir ceux et celles qui souhaitent travailler dans la dignité.

Nous souhaitons attirer votre attention sur les changements qui s’opèrent actuellement dans le monde du travail. Nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui effectuent du travail autonome, du travail à temps partiel ou occupent des emplois de courte durée (agence de placement).

Comme vous le savez, les personnes occupant ces emplois peinent régulièrement à répondre aux critères d’admissibilités prévus par la loi de l’assurance-emploi. Pire encore, ces travailleurs et travailleuses sont souvent issus de catégories de population vulnérabilisées telles les femmes, les personnes immigrantes, âgées, en situation de handicap, etc. Pourtant, ces personnes précarisées sont celles que l’assurance-emploi exclut le plus régulièrement. Il semble illogique pour un programme qui se veut un rempart contre la pauvreté d’exclure les personnes qui en ont le plus besoin.

M. le député, nous vous demandons de porter notre voix auprès de vos collègues. En effet, le mandat de la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’inclusion des personnes en situation de handicap est bien clair : tenir compte des commentaires reçus dans le cadre des consultations sur l’avenir du programme d’assurance-emploi, présenter et commencer à mettre en œuvre d’ici l’été 2022 un plan de modernisation du programme d’assurance-emploi adapté au 21^e siècle. Il s’agit d’établir un système plus robuste et plus inclusif dont tous les travailleurs peuvent bénéficier, y compris les travailleurs saisonniers et les travailleurs à l’emploi des plateformes numériques ; s’assurer que le système soit plus simple et qu’il réponde mieux aux besoins des travailleurs et des employeurs.

Le mandat de la ministre s’arrime d’ailleurs à plusieurs revendications de notre regroupement, le Conseil national des chômeurs et chômeuses. Nous demandons entre autres un élargissement de la couverture qui inclut une couverture des travailleurs à temps partiel, saisonnier et temporaire ; un assouplissement des conséquences pour ceux et celles dont les fins d’emploi ne correspondent pas aux critères de la Commission de l’assurance-emploi et enfin un régime qui couvrira les travailleurs autonomes.

De plus, la ministre a le mandat de simplifier le programme d’assurance-emploi. Nous suggérons ainsi un critère unique d’admissibilité, le 15/15, soit 15 semaines de travail avec au moins 15 h de travail par semaine. Un taux fixe est l’une des meilleures manières d’assurer l’accessibilité au programme par ses contribuables.

Nous concluons cette lettre en vous remerciant de la considération que vous accordez aux préoccupations de notre organisme et des chômeurs et chômeuses des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. Nous espérons avoir exposé l’urgence qui nous pousse à vous écrire aujourd’hui. Bien que le taux de chômage soit bas, les chômeurs et chômeuses subissent encore les violences d’un système désuet. Nous vous demandons donc de vous assurer que votre partie remplisse ses engagements. Il est du devoir de notre gouvernement de renforcer son filet social et de prévenir une prochaine crise.


Selma Lavoie

Conseillère à la défense des droits

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