Pourtant, lorsqu’on relit le communiqué à la lumière des conclusions du dernier rapport du BAPE sur les gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, ce forage n’aurait pas eu la bénédiction des commissaires. En effet, une des conclusions du rapport stipule que la norme de distance de 400 mètres sous l’aquifère pour un forage horizontal en vue de fracturation devrait être revue pour être significativement augmentée.
Mais à Gaspé on ne fera pas de fracturation selon l’entreprise Pétrolia. La raison en est simple, c’est qu’on n’aura pas besoin de le faire, étant donné la présence de nombreuses fissures naturelles déjà présentes sous la terre. Donc pas besoin de fracturer, la nature l’a déjà fait il y a des millions d’années ! C’est là où le danger réside justement. Que des fissures soient créées par la fracturation du fait de l’homme ou par la nature, le résultat est le même : il y a des chemins pour que les hydrocarbures remontent à la surface.
Le gouvernement est déjà au courant que ces « chemins » existent et ont déjà causé la remontée d’hydrocarbures dans les puits d’observations aux alentours des forages déjà complétés d’Haldimand 1 et 2. Une étude indépendante a démontré hors de tout doute que 10 des 11 puits étudiés contenaient du gaz thermogénique issu des profondeurs de la terre. Les permis ont quand même été octroyés à la compagnie. Serait-ce parce que la nouvelle compagnie Québénergie associée à Pétrolia est la propriété du gouvernement via la Caisse de dépôt et placement du Québec ? On ne veut pas nuire à nos investissements ?
Le maire de Gaspé se dit inquiet maintenant que les travaux de forage sont exécutés. Il aurait dû s’inquiéter avant, ne pas retirer l’appel en cours que la Ville intentait afin d’infirmer la première décision légale qui invalidait une partie du règlement de protection de l’eau potable adopté par Gaspé en 2013. Il aurait aussi pu exiger des redevances sur l’eau puisée par la compagnie, il aurait pu exiger de la compagnie et du gouvernement de la transparence tout au long du processus.
Si les conclusions du rapport de la compagnie indépendante Savaria s’avèrent vraies, le gouvernement du Québec vient de mettre à risque l’eau d’une partie de la population de la ville de Gaspé en toute connaissance de cause ! La possibilité de 23 jours d’autonomie en pétrole pour le Québec (si tant est que la ressource est vraiment disponible et exploitable) contre des siècles de pollution de la nappe phréatique, la perte de l’image du secteur récréotouristique et possiblement la perte des capacités de pêche côtière et la mise en péril de rivières à saumon. Quel calcul !
A-t-on tant besoin de ce pétrole et de ces quelques dollars d’éventuelles redevances ?