Comme conséquence directe de l’ALÉNA, il y a aujourd’hui moins d’emplois de qualité, et plus de fermes agricoles familiales sont en situation de faillite. Les systèmes d’alimentation sont moins stables, les mesures de protection des consommateurs sont affaiblies, et les inégalités sociales sont croissantes. Les règles de propriété intellectuelle de l’accord continuent de restreindre l’accès aux médicaments à bon prix, tandis que les dispositions en matière de services financiers ont miné la réglementation du secteur bancaire. L’ALÉNA a exacerbé les conditions économiques qui forcent les populations à migrer, et a engendré une guerre fictive contre le narco-trafic, qui s’appuie sur une violation à grande échelle des droits humains et fait des dizaines de milliers de victimes. Le modèle libre-échangiste a conduit de maintes façons à une plus grand détérioration de la terre et de ses écosystèmes, entre autres par des méga-projets miniers et d’extraction des ressources, avec des impacts majeurs sur la souveraineté des peuples autochtones. De façon similaire, les accords commerciaux signés par la suite ont favorisé un nivellement par le bas des salaires, des droits du travail et de la protection de l’environnement et, combinés aux politiques de déréglementation et de privatisation, ont contribué aux crises financière et climatique au niveau mondial.
Arrêter le ravage devrait être une priorité partagée de nos peuples. Pourtant, parce que l’ALÉNA a simultanément concentré la richesse et transféré plus de pouvoir aux élites dans chacun des pays impliqués, les gouvernements du Canada, du Mexique et des États-Unis, parmi d’autres, cherchent aujourd’hui à élargir les règles du commerce et des investissements de l’ALÉNA à la région du Pacifique par l’entremise du Partenariat trans-pacifique (PTP). De fait, plusieurs documents rendus publics grâce à des fuites suggèrent que le PTP pourrait aller bien au-delà de l’ALÉNA en donnant toujours plus de pouvoirs et de droits aux corporations transnationales, entre autres par l’approfondissement du mal-famé processus investisseur-État de résolution des différends, par lequel les investisseurs étrangers peuvent renverser des lois d’intérêt publics, des règlementations et même des décisions juridiques lorsque celles-ci sont susceptibles de menacer les profits escomptés, en recourant à des tribunaux non imputables qui contournent et violent les systèmes légaux en place au sein de chaque pays.
Le monde ne peut se permettre l’implantation d’un nouvel ensemble de mesures de type ALÉNA plus. Au contraire, nous avons besoin de politiques qui puissent bâtir une économie mondiale durable et plus juste, un cadre qui favorise le respect et la promotion des droits fondamentaux du travail, la reconnaissance égale de droits pour les travailleurs et travailleuses migrants, la création d’emplois bien rémunérés et de qualité, la protection de l’environnement, la souveraineté alimentaire, la stabilité financière des marchés, la sécurité des aliments et des produits, l’accès universel à des services de santé de qualité, et la démocratie locale
Ensemble, nous lançons un appel à tous les citoyens et citoyennes d’Amérique du Nord et au-delà, à mettre sur pied une campagne de sensibilisation de nos communautés aux dangers du PTP, et à faire front commun pour contrer l’accord et empêcher qu’on nous impose à nouveau des politiques aux effets néfastes pour les peuples de nos trois pays et de ceux des autres pays impliqués.
* Le Partenariat trans-pacifique est actuellement en cours de négociations et cherche à lier l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, les États-Unis, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam. Il s’agit d’une “entente souple et rigide” élaborée de façon à permettre à d’autres pays de s’y joindre sans que toutefois ceux-ci ne puissent apporter des modifications au texte existant (une pré-condition qu’ont dû accepter le Canada et le Mexique).
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