Édition du 18 juin 2024

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Québec

Salaire des députés : notre devoir d’exemplarité

Nous publions ci-dessous une lettre de Manon Massé et de Gabriel Nadeau-Dubois aux différents chefs des partis politique présents à l’Assemblée nationale sur la proposition d’un comité recommandant d’augmenter la rémunération des élu-e-s de 30 000 $ par année. S’inscrivant dans une logique démocratique et égalitariste, la lettre envoyée par les porte-parole de Québec solidaire souligne que les député-e-s doivent se rappeler qu’une « telle augmentation de salaire enverrait un message de déconnexion envers les gens que nous représentons. » (PTAG)

À :

M. François Legault, premier ministre
M. Marc Tanguay, chef de l’opposition officielle
M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du 3e groupe d’opposition

La semaine dernière, un comité d’ex-parlementaires a recommandé une augmentation de salaire de 30 000$ par année pour les députés de l’Assemblée nationale du Québec. Cette hausse serait immédiate et rétroactive. Nous vous écrivons pour vous demander de ne pas donner suite à cette recommandation.

Actuellement, le salaire le plus bas que reçoit un député de l’Assemblée nationale s’élève à 139 745$ par année, sans compter plusieurs avantages sociaux, dont l’un des régimes de retraite les plus généreux du Québec. Vous savez d’ailleurs comme nous que seulement 10 parlementaires touchent cette indemnité de base : 115 députés sur 125 touchent des allocations supplémentaires, pouvant porter leur rémunération totale à plus de 200 000$.

Dans un tel contexte, l’augmentation proposée d’au moins 30 000$ par année, immédiate et rétroactive, n’est ni justifiée ni justifiable. C’est un montant équivalent à un an de travail au salaire minimum. C’est une augmentation beaucoup plus rapide que l’inflation alors que le gouvernement propose moins de 9% d’augmentation aux infirmières et aux enseignants des services publics. S’attribuer une telle augmentation de salaire enverrait un message de déconnexion envers les gens que nous représentons.

En outre, le processus est vicié : encore une fois, les députés seraient juges et parties, en votant eux-mêmes sur cette augmentation de salaire. C’est un conflit d’intérêts direct. Depuis 2013, le rapport L’Heureux-Dubé recommande de mettre fin à cette pratique dépassée et de mandater un comité indépendant et exécutoire pour revoir les conditions de travail des députés dans leur ensemble. C’est ce que nous vous proposons au nom de Québec solidaire. Mettons sur pied un vrai processus indépendant, qui sortira pour de bon les députés québécois de cette fâcheuse position de devoir statuer sur leur propre rémunération. Il n’est pas trop tard pour bien faire. Il n’y a aucune urgence.
Nous savons que les élus de l’Assemblée nationale, tous partis confondus, sont en politique pour les bonnes raisons et non pour s’octroyer des privilèges. Nous sommes convaincus que votre intention n’est pas de fragiliser le lien de confiance entre les élus et la population québécoise.

Or, il m’apparaît évident que l’adoption par les parlementaires d’un projet de loi bonifiant leur propre salaire alimentera le cynisme envers nos institutions politiques.

Cordialement,
Gabriel Nadeau-Dubois
Porte-parole de Québec solidaire
Député de Gouin

Manon Massé
Porte-parole de Québec solidaire
Députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques

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