Édition du 12 novembre 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet du 4 décembre

Notre ami Mulcair

Je l’ai déjà écrit, je n’ai jamais été un grand fan du NPD. Oui c’est vrai, il y a mes préjugés de marxiste non-repenti. Même quand le NPD était réellement social-démocrate, il n’était pas assez à gauche pour moi. Peut-être que j’ai eu tort à quelques moments. Peut-être que j’exagérais. Peut-être que peut-être.

Après l’élection de mai 2011, plusieurs personnes m’ont dit que je devais me calmer le ponpon et être plus modéré dans ma critique. On a souligné que le NPD évoluait (y compris sur la question québécoise). Et en fin de compte que de toutes façons, c’était Harper ou c’était Mulcair. Argument massue, il va s’en dire. J’ai donc arrêté de bitcher pour un temps.

Mais aujourd’hui je suis perplexe.

La semaine passée, la pitoyable performance du gouvernement Harper sur la question de la Palestine à l’ONU et préalablement sur le dernier massacre à Gaza aurait pu être une occasion pour Mulcair de se démarquer. Après tout, il n’avait qu’à faire comme les partis social-démocrates européens, en critiquant les positions ultra de l’État israélien et de ses copains états-uniens et canadiens. D’autant plus que tout le monde à part les fauteurs de guerre réclament la mise en place d’un État pour les Palestiniens sur les 22 % de territoires qui leur restent. Tout le monde, sauf 5 % de la planète dont le gouvernement Harper.

Cette obstination est dans une large mesure pathétique. C’est archi connu, le leadership palestinien est tout sauf extrémiste. Il faut être vraiment taré pour penser que les Palestiniens, même Hamas, représentent un danger. Le danger, on le sait, il vient des fanatiques à la tête de l’État israélien, dénoncé par un bon nombre d’Israéliens par ailleurs. Face à cela, l’aveuglement d’Harper est compréhensible. Mais de la part d’un parti qui se prétend (encore et un peu) de gauche ? Je pourrais penser que Mulcair est sensible à une partie de son électorat (dans Outremont), mais néanmoins, je ne trouve pas cela acceptable et si j’étais partisan du NDP, je penserais que cela va nuire au parti.

Mais l’ambigüité ne s’arrête pas. Mulcair à l’époque où il était ministre de Jean Charest était un des champions des traités de libre-échange, à commencer par celui qui nous a lié corps et âme aux États-Unis, l’ALÉNA. Le NPD comme les syndicats et les mouvements sociaux, au Québec et au Canada, étaient dans cette bataille d’abord contre les Conservateurs de Brian Mulroney, ensuite contre les gouvernements libéraux qui avaient honteusement changé de position après leur élection en 1993. Mais le cher Thomas a décidé que c’était fini et aujourd’hui, le NPD qui n’a pas de position affirmée et explicite a une position connue, qui est en faveur des traités de libre-échange.

Cet autre recul est basé, j’imagine, sur le rêve de Mulcair de transformer le NPD en un grand parti du centre, en absorbant le PLC. Encore là si j’étais au NPD, je me méfierais. Cette glissade ne sent pas bon. D’abord ce n’est pas très honnête. Ensuite ça sert à quoi de vouloir s’opposer à Harper si on ne combat pas ses politiques ?

Je termine en lançant un « au secours » à nos amis du NPD comme le syndicaliste Alexandre Boulerice. SVP faites quelque chose avant qu’il ne soit trop tard ! D’une part pour empêcher le NPD de s’engluer et de contribuer à la stratégie machiavélique d’Harper (comme cela a été le cas la semaine passée lors des élections partielles). D’autre part pour maintenir l’honneur de la social-démocratie et pour tenir tête au projet néoconservateur sur une base de principes.

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