En plus des propos du premier ministre, l’APNQL condamne fermement les commentaires d’Éric Bédard, l’historien en charge du projet, qui a affirmé lors d’entrevues que « l’histoire commence avec l’écriture, et avant l’histoire, il y a la préhistoire. Peut-être que les autochtones représentent un peu la préhistoire du Québec ».
Pour l’APNQL, il est crucial de reconnaître que le territoire du Québec, tout comme l’ensemble du continent américain était et est toujours habité par une multitude de peuples, chacun avec sa langue, sa culture, sa tradition orale et des structures sociales, politiques et économiques complexes. En excluant les premiers peuples de l’histoire du Québec dans la conception du futur Musée national, le premier ministre et l’historien contribuent implicitement à l’effacement systématique de notre passé commun.
Pour Ghislain Picard, Chef de l’APNQL, « Les propos tenus sont inacceptables. Nous sommes indissociables de l’histoire de cette terre, et l’arrivée de Champlain ne définit pas le Québec. Les Premières Nations sont présentes ici depuis des millénaires et sont profondément attachées à ce territoire qu’ils occupent. Suggérer que nous sommes la préhistoire revient à nous reléguer à un rôle secondaire, alors que notre contribution à la formation du Québec moderne est fondamentale. Ce nationalisme étroit ne représente pas l’histoire du Québec ; il omet des pans entiers pour des raisons politiques ».
La création du Musée national de l’histoire du Québec est une opportunité parfaite pour mettre en valeur le passé que partagent les Premiers Peuples et la nation québécoise et de consolider les liens qui nous unissent dans un esprit de réconciliation. Les Premiers Peuples font partie du passé, du présent et du futur au Québec.
Terra Nullius
Les déclarations faites lors de l’annonce du Musée national de l’histoire du Québec ravivent douloureusement les souvenirs de Terra nullius, la doctrine de la découverte. Cette doctrine, utilisée au XVe siècle pour justifier la dépossession, la colonisation, l’assimilation, la discrimination et la violence envers les Premières Nations par les Européens, a laissé des cicatrices intergénérationnelles profondes.
Bien que le Pape François ait rejeté la doctrine de la découverte et a présenté des excuses aux Premiers peuples du territoire pour le rôle de l’Église Catholique lors de sa visite au Canada en 2022, elle a causé des dommages intergénérationnels qui demeurent.
« Afin d’éviter de commettre de nouveaux impers envers les Premiers Peuples et d’assurer qu’ils occupent la place qui leur revient dans l’histoire du Québec, il est impératif pour les responsables du projet de musée d’impliquer activement des historiens autochtones reconnus. C’est seulement ainsi que nous pourrons garantir aux générations futures l’accès à toutes les facettes qui composent notre histoire commune sur le territoire que nous partageons, » a conclu Ghislain Picard.
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