Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Histoire

Gaza - un an plus tard !

Bulletin du Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire

Lundi 7 octobre 2024

1— Un peu d’histoire

La création de l’État d’Israël s’est effectuée en 1948 au terme de la Nakba (la « catastrophe » en arabe), c’est-à-dire un épisode de nettoyage ethnique en Palestine en 1948 : 750 000 Palestinien.nes ont été déplacé.es par la force, 532 villages ont été rasés, et 15 000 personnes tuées.

La guerre de six jours en 1967 entre Israël et les pays arabes a mené à une victoire israélienne écrasante. S’en sont suivies une occupation puis une annexion illégale du plateau du Golan. Israël a ensuite débuté l’implantation de colonies en Cisjordanie et à Gaza, considérées illégales au regard du droit international. On retrouve maintenant plus de 750 000 colons israéliens en Cisjordanie, qui s’établissent de sorte à trouer le territoire palestinien et à limiter la liberté de circulation.

Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent aussi un système d’apartheid en Cisjordanie, en vue des inégalités systémiques flagrantes entre les deux populations : interdiction pour la population palestinienne de circuler sur certaines routes, etc. Si un Palestinien et un Israélien commettent le même crime en Cisjordanie, l’un sera jugé dans une cour militaire et l’autre dans une cour civile.

Les territoires restants sont divisés par des murs et des routes sous occupation militaire contrôlées par Israël. Le peuple palestinien est donc sans pays souverain et sous occupation depuis 75 années.

2) Droit international

Les Nations unies ont dénoncé et jugé les actions israéliennes dans des centaines de résolutions, toutes ignorées par Israël.

Israël commet des violations graves des droits humains de manière routinière et systématique, dont des emprisonnements de longues durées sans procès et des tueries arbitraires. Depuis le 7 octobre, les cas de tortures sur de personnes prisonnières palestiniennes dans les prisons israéliennes sont courants.

Depuis 2007, Israël contrôle les frontières terrestres, aériennes et maritimes, ainsi que l’eau et l’électricité de Gaza, en plus d’imposer un blocus. Ce blocus a transformé le territoire en « prison à ciel ouvert », selon la rapporteuse pour les droits humains de l’ONU Francesca Albanese. Cet acte de guerre, selon le droit, limite drastiquement toute importation et exportation civile, soumettant la population à un état de survie.

En février 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a reconnu qu’il y avait un risque plausible de génocide à Gaza. La CIJ a donc exhorté Israël à mettre en œuvre plusieurs mesures visant à réduire l’impact de sa guerre sur les civils palestiniens. De toute évidence, cela n’a pas été fait.

En mai 2024, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la défense Yoav Gallant, ainsi que trois responsables du Hamas, pour crimes de guerre.

En juin 2024, le Conseil de sécurité de l’ONU a ordonné un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Force est
de constater qu’encore une fois, Israël a ignoré cette résolution obligatoire.

En plus d’un soutien militaire d’une valeur de 300 milliards à Israël depuis 1946, les États-Unis ont appliqué leur veto sur 45 résolutions du Conseil de sécurité en faveur d’Israël depuis 1945. Sans le support étatsunien, Israël ne serait pas en mesure de commettre un génocide à Gaza.

3) Conflit depuis un an

Plus de 42 000 personnes ont été assassinées, dont plus de 70 % sont des civils, surtout des femmes et des enfants ;

En comptant les morts indirects tels que par la maladie, la famine ou le poids des décombres, Rasha Khatib et son équipe de recherche estiment dans leur article publié dans The Lancet que le nombre de victimes serait plus près de 186 000 ;

Près de 900 médecins et autres personnels de la santé ont été tués selon l’ONU. Plus de 125 journalistes et plus de 220 salarié.es de l’ONU et d’organismes humanitaires ont aussi été tués. Il s’agit de records parmi tous les conflits du monde des derniers siècles ;

Plus de 85 % des écoles primaires et secondaires et 100 % des universités ont été détruites ou lourdement endommagées ;

31 hôpitaux sur 36 ont été détruits ou fortement endommagés par Israël et 100 % des centres de santé ont été ravagés et remplacés par des petits postes improvisés.

Depuis peu, Israël laisse présager que le conflit pourrait s’étendre jusqu’au Liban et en Iran. Après l’explosion de moyens de communication au Liban, blessant plus de 3 000 personnes les 17 et 18 septembre derniers, Israël a commencé une opération de plus grande envergure au Liban.

Avec l’assassinat de chefs des partis rivaux par Israël, tels que Ismaël Haniyeh du Hamas et Hassan Nasrallah du Hezbollah, il devient difficile de négocier une solution diplomatique. Les récents développements avec l’Iran et le Liban semblent indiquer que sans cessez-le-feu et solution durable, il y aura une intensification régionale.

4) Mythes

Mythe 1 — Être antisioniste, c’est être antisémite

La gauche a le devoir historique de se placer en rempart contre l’antisémitisme, ainsi que toutes les formes de haine. L’antisémitisme est une problématique bien réelle dans nos sociétés. Bien que certaines personnes considèrent toute critique contre l’État d’Israël comme étant par définition « antisémite », il faut comprendre que la majorité n’est pas alimentée par une haine contre le peuple juif, mais par les actions génocidaires d’Israël. Critiquer l’État d’Israël n’est pas plus antisémite que ne serait islamophobe de critiquer l’Arabie Saoudite ou antichrétien de critiquer le Canada.

Accuser systématiquement un.e militant.e critique d’Israël d’antisémitisme bloque la discussion et empêche de réfléchir au conflit dans sa globalité. Mettre sur un pied d’égalité « critique d’Israël » et « antisémitisme » ne vise que la légitimation des crimes israéliens.

Mythe 2 — Israël a « le droit de se défendre » contre les attaques

Israël a le devoir de protéger toute la population civile sur son territoire, incluant les territoires palestiniens qu’il occupe militairement depuis 1967. En effet, selon les conventions internationales, il est du devoir de l’occupant d’assurer la protection des civils qui se trouvent sur le territoire occupé. Présenter le Hamas comme une menace externe à Israël est une contradiction, dans la mesure où le territoire palestinien est sous occupation israélienne. Les civils occupés, eux, ont le droit de se soulever contre leur occupant, tant qu’ils et elles se limitent à des cibles militaires et non civiles.

Mythe 3 — Il est trop tôt pour savoir si les massacres d’Israël à Gaza constituent un génocide.

Il faudra des années pour que les spécialistes tranchent sur la question du génocide. D’ici là, une simple lecture de la définition de génocide permet à toutes et tous de constater qu’Israël en commet un à Gaza. Si tuer près de 10 % d’une population et réduire le reste à boire de l’eau souillée et manger de la nourriture pour chien pour survivre ne constitue pas un génocide, qu’est-ce qui pourrait bien en être un ? En février 2024, la CIJ a convenu qu’il existe bel et bien un doute raisonnable de génocide, et a exhorté Israël à cesser ses actions qui ciblent des civils. De toute évidence, la justice internationale n’a pas les moyens de faire appliquer ses jugements dans ce contexte.

5) Position du Qc/Canada + Appel à la mobilisation

Le soutien politique du Canada envers Israël est indéniable. Sur toutes les tribunes, le gouvernement canadien ne fait que rappeler le « droit d’Israël à se défendre ».

Dans les votes à l’Assemblée générale de l’ONU, le Canada est un grand soutien d’Israël. Le Canada fait constamment partie de la poignée de pays qui vote en faveur d’Israël (ou s’abstient), dans des résolutions qui recueillent 120+ votes favorables.Le Québec n’est pas en reste : en plus d’ouvrir un bureau à Tel-Aviv, on apprenait récemment que des munitions d’une valeur de plus de 60 millions $ fabriquées au Québec pourraient être livrées à Israël sous peu, même si le Canada s’est récemment engagé à cesser l’émission de nouvelles licences d’exportation.Face à la complicité de nos gouvernements dans le génocide israélien à Gaza, il est impératif d’agir 

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