Édition du 19 novembre 2024

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Europe

Melenchon versus Macron

Depuis l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est régulièrement par les sondages, qui paraissent dans ce cas très proches de la vérité, comme le principal opposant à la politique d’Emmanuel Macron.

tiré de : Les vœux de la Gauche Cactus dans le numéro 159 (janvier) de Réchauffer la Banquise, la gazette pour tropicaliser

Il devance, dans ce domaine, à gauche Pierre Laurent dont, quels que soient les mérites de l’homme, les discours, comme on dit, n’impriment pas, et quel qu’il soit, le ou la futur.e leader du Parti Socialiste, tant la ligne de celui-ci est indéchiffrable. Et à droite, tant Marine Le Pen, démonétisée, que Laurent Wauquiez, de plus en plus clone de la précédente, n’enthousiasment vraiment pas les foules.

Il faudrait d’ailleurs une bonne dose de mauvaise foi pour contester à JLM ce rôle, tant la cohérence de ses propositions, même si on peut être en désaccord ici ou là, ou même opposé, n’est guère discutable. Ceci est renforcé par le fait qu’avec des moyens financiers et une présence parlementaire limités, la France insoumise parvient à se faire entendre, sachant aussi imaginer des coups médiatiques inventifs.

Sur le fond, pas d’inquiétudes : les différences dans les projets politiques sont claires, et l’alternative qu’ils définissent pour le pays tout autant.

Il demeure toutefois des similitudes entre le projet d’En Marche et celui de la France insoumise, qui sont dans la forme organisationnelle qui a été mise en place. Les deux se définissent comme « mouvements », par opposition aux « partis ». Mais ça, c’est une coquetterie sémantique. Des partis qui se nommaient mouvements, on en a connus (le MRP ; le MPF etc, on en connait encore, le MRC). Ce qui caractérise tant LRM que FI par rapport aux modes traditionnels de fonctionnement des partis politiques, c’est en premier lieu la dilution de la notion d’adhérent. Pour l’un et l’autre, il suffit d’un clic sur internet. FI a mis au point un processus de certification de ses groupes d’appui, mais qui est collectif. D’ailleurs, beaucoup des groupes d’appui existants n’ont à ce jour pas (encore ?) adopté ce processus.

Autre point commun des deux organisations, une forte opacité pour ce qui concerne leurs directions. LRM a désigné un secrétaire général (Christophe Castaner), élu pour la forme, mais le reste de sa direction demeure opaque. FI l’est encore plus. Pour l’un et l’autre, il est prévu une composition des instances nationales composées de personnalités désignées par on ne sait et de militants tirés au sort (par qui ?).

On note aussi le refus de mettre en place des instances correspondant aux territoires administratifs. FI demande d’ailleurs que ses groupes d’appui se limitent à 15 membres maximum, devant se diviser si cette limite est franchie. Une limite qui risque fort d’altérer la capacité de mobilisation locale : sur 15 membres, combien de militants capables d’assurer une présence régulière sur le terrain ? Pour FI comme pour LRM, il s’agit, est-il proclamé, d’éviter la création de ces baronnies qui ont, il est vrai causé bien des problèmes aux partis traditionnels. Mais aussi quelques succès. Résultat de tout cela : tant LRM que FI sont totalement dépendants de leur leader national. Qu’ils passent sous l’autobus demain, et on donne peu de chances à ces mouvements de se pérenniser, même s’il est de toutes façons nécessaire de donner du temps au temps pour qu’une organisation, qu’elle soit politique, syndicale ou associative, s’institutionnalise.

Dernier point (presque) commun entre LRM et FI : les relations avec les autres formations. La tendance des deux est de les penser en termes de vassalisation, voire d’intégration. Macron n’a passé qu’un deal avec un autre parti politique : le Modem. Il s’agissait concrètement d’intérêt bien compris ; le Modem n’avait comme seul capital que la notoriété de François Bayrou et le socle électoral, insuffisant pour gagner une élection présidentielle, mais peut-être suffisant pour barrer à Emmanuel Macron l’accès au deuxième tour. Un deal gagnant-gagnant, assurant la survie du Modem au moins pour la législature avec quelques dizaines de députés et des maroquins (éphémères pour les plus en vue).

Pour FI, Mélenchon a dit à plusieurs reprises refuser ce qu’il nomme « la tambouille » des accords électoraux, voire des accords politiques en général. Son principal partenaire à la fois ex et potentiel, l’a exaspéré par ses tergiversations et notamment pour ses arrangements avec le Parti socialiste. Une exaspération et des tergiversations qui ont probablement coûté dix à vingt sièges de députés à la gauche, ce qui est dommage. Un peu plus de modestie et de considération côté FI vis-à-vis du PCF mais aussi du mouvement de Benoît Hamon et d’autres organisations moins connues, un peu plus de clarté côté PCF : est-ce donc impossible ? Ce n’est pas notre avis.

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