Les chiffres de l’enquête réalisée sur 281 Roms entre juillet 2010 et juin font froid dans le dos. Seulement 38% des personnes rencontrées possèdent un carnet de santé et 8% ont leurs vaccins à jour. Selon l’organisation non gouvernementale (ONG), cela tient à un manque d’informations mais aussi à des déménagements forcés et répétés. Selon le rapport de MDM, les indicateurs de santé sont tout aussi « alarmants » : seulement une femme sur dix suivie pendant sa grossesse, une mortalité néonatale (0 à 1 mois) neuf fois supérieure à la moyenne française et des cas de tuberculose extrêmement nombreux. En 2010, sur 240 Roms vivant en Seine-Saint-Denis, six étaient tuberculeux (2,5%). Pour l’ensemble du département, le taux est de 0,03%.
Pour MDM, qui intervient auprès des populations roms depuis une quinzaine d’années dans toute la France, c’est la politique migratoire qui a des effets désastreux. Outre l’absence de propositions de relogement, les expulsions systématiques maintiennent les Roms à l’écart du système de santé et nuisent à une continuité des soins. Cette situation vient s’ajouter à des conditions de vie pathogènes, souvent sans eau potable ni toilettes, ce qui accroît le risque épidémique.
L’organisation dénonce par ailleurs « une politique affichée de restriction des droits » en référence au fait que l’aide médicale d’Etat (AME), dont relèvent les Roms, est devenue payante depuis le 1er mars. 77% des Roms rencontrés par MDM n’ont pas ouvert de droit à l’AME. Conclusion du rapport : cette politique migratoire qui ne prend en compte ni les enjeux de santé publique ni les droits humains fondamentaux participe d’une « intention délibérée de nuire ».
Article tiré de Libération du 26 juillet 2011