Madame Lanctôt avait très judicieusement fait valoir que les grandes fondations orientaient des fonds vers des causes particulières au détriment du fisc dont le rôle normal serait d’orienter ces mêmes fonds vers des causes collectives. Elle rappelait aussi que les gens très très riches devraient avoir l’obligation de donner une bonne part de leurs revenus à l’État pour qu’il en fasse usage selon des priorités sociales et collectives.
La réponse individualiste, narcissique et infantile de monsieur Matte a été de déclarer : « Moi, j’en ai une fondation, et ça me touche ça. Les gens qui ont des fondations ne sont pas obligés de donner cet argent-là. » Il a prouvé qu’il n’avait rien compris.
Le problème, il est justement là, dans le fait que les gens très riches ne sont pas obligés de donner des sommes importantes au fisc. Le problème, il est justement là, dans le fait que laisser le choix des priorités aux intérêts particuliers ne sert pas la cause de la société. Le problème, il est justement là, dans le fait que l’excroissance de l’individu se fait au détriment de la collectivité. Le problème, il est justement là, dans le fait que ce n’est pas aux ploutocrates à décider de ce qui doit être priorisé, mais bien à la société, dont la volonté générale doit s’exprimer par les institutions démocratiques. C’est à ça que ça doit servir, la démocratie.
L’attitude des deux protagonistes reflète bien leur idéologie. Micheline Lanctôt : parcours atypique, travail patient et préoccupations liées au métier et à la société dans laquelle il s’insère. Martin Matte : vedettariat effréné, narcissisme gonflé, travail lié aux préoccupations individuelles. Toute la différence du monde est là.